Test effectué sur une version PS5 après 25 heures de jeu, avec la dernière mise à jour disponible à la sortie de l’article.
Il est toujours compliqué de vouloir tester certains jeux, car les quelques heures de dispo manette en main ne sont pas malléables et on risque parfois de ne pas progresser avec une marge de manœuvre limitée sur ce point. Les souls-like sont clairement de cette catégorie de jeu compliquée à tester sans y passer des heures et des heures. Faute souvent à une difficulté volontairement très élevée, nécessitant un apprentissage par de nombreux échecs, et de longues heures de farming parfois nécessaires pour progresser dans l’histoire.
Cependant, Lords of The Fallen intrigue, allèche même, avec quelques nouveautés et améliorations de gameplay bien venues dans le genre, qui donneront probablement des idées pour les prochains titres, comme quoi rien n’est véritablement fermé.
Une base de souls-like à n’en pas douter
Au premier abord, Lords of The Fallen semble ne rien manquer dans les cases à cocher pour respecter le genre. On débute avec un héros débarquant dans le monde d’Axiom déjà bien en place, et on doit sauver le monde d’une menace lambda. L’apprentissage se fait toujours sur la mort de notre personnage à revenir encore et encore pour maîtriser le pattern des ennemis, la récolte de la Vigueur correspondant à la « monnaie » du jeu qui sera toujours perdue (sauf avec un objet bien précis) à chaque mort finale, et les Vestiges, points de repos/sauvegardes permettant de faire le plein de munitions et de doses de sang pour le Sanguinarix, genre d’injecteur de soin. Bien entendu, vous commencerez aussi au départ du jeu avec la création de votre personnage, choisissant entre plusieurs classes, orientées plus corps à corps, ou distance, voire magie, même si le choix ne détermine pas complètement vos possibilités dans le jeu.
Mais Lords of The Fallen propose bien plus que ça, et même dans les codes du genre cherche toujours à proposer plus, ou tout du moins mieux. Finie la relative rigidité de votre personnage, vous pouvez enfin vous taper des sprints, en plus de proposer une maniabilité aux petits oignons, c’est clairement la meilleure que j’ai pu voir sur un Souls-like, dépassant enfin l’excellent Bloodborne dans ma top liste.
Le jeu se montre aussi plutôt généreux dans le loot, même si on n’est pas dans un Diablo certes, il n’est pas rare d’avoir plusieurs objets à ramasser pendant un run, ce qui rend le farming d’autant plus attrayant. Alors certes, il y a les objets disséminés à des points stratégiques dans les niveaux, qui disparaissent une fois ramassés, mais pour le reste, les ennemis peuvent laisser tomber des poches de munitions, des grappes de manalithes, des objets d’imprégnations d’armes ou de protections élémentaires, voire des pièces d’équipements ou des armes. Il m’est arrivé plusieurs fois d’obtenir des objets en moult exemplaires, ce qui permet bien entendu de les revendre pour obtenir de la Vigueur en échange.
Contrairement à Elden Ring, le dernier hit de From Software, ici point d’open-world, mais un monde très labyrinthique jouant dans certaines zones sur la verticalité d’une manière impressionnante. Il n’est pas rare de se retrouver perdu dans les niveaux, tellement nombre de chemins qui s’offrent parfois à nous. Pour prendre un exemple sur ma propre progression, j’ai effectué une bonne partie de mon test à progresser « tête baissée », passant certains boss et zones dans ma progression, et débloquant des Vestiges plus en avant. Il m’a fallu remettre en question mon avancée, lorsque les ennemis paraissaient extrêmement difficiles à battre, et que mon équipement semblait prêt à être amélioré sans pour autant trouver un pnj en capacité de m’aider à le faire. J’ai dû consulter quelques guides sur la toile, pour me rendre compte du monde finalement assez ouvert proposé par le jeu, étant passé à côté de Gerlinde la forgeronne à délivrer d’une prison assez tôt dans le jeu, changeant complètement la donne une fois vos armes et équipements améliorés. Je vous invite vivement à ne pas hésiter à suivre ce genre de guide car ils vous aideront grandement dans votre progression, tout du moins sur les premières heures de jeux, malgré quelques documents à ramasser tout au long du jeu, vous indiquant par des illustrations de points stratégiques, le chemin à effectuer.
En plus des Vestiges que vous débloquez dans les différentes zones du jeu, souvent après un boss, le jeu innove en vous proposant un item particulier, nommé les germes vestigials. Celles-ci, à collecter dans certains coffres, mais aussi avec la possibilité de les acheter à un pnj particulier, vous permettront d’être utilisées en les plantant dans un parterre de fleurs, présent à de nombreux endroits dans le jeu. Ceci engendra un point de Vestige particulier et temporaire, qui permettra de faire une pause à mi-progression, même si parfois vous vous rendez compte qu’un Vestige statique peut se trouver à quelques pas de votre création. L’utilisation d’un nouveau germe à un autre endroit annulera par contre le précédent, et dépensant bien sûr votre stock de germe. Avec une quantité limitée et un tarif assez élevé lors de l’achat, il faudra donc les utiliser avec stratégie, en risquant parfois d’avancer un peu plus dans le niveau en cours pour être certain de son utilité, au risque de devoir recommencer toute la progression jusqu’alors.
Pour les combats, on reste sur de l’assez classique sur la base, on bénéficie d’attaques rapides ou lourdes, d’armes et pouvoirs magiques pour les attaques à distance, et de l’équipement qui permet de faire des dégâts élémentaires ou vous protéger de ceux-ci. La nouveauté sera à recherche du côté de l’érosion. Celle-ci transformera une partie de votre barre de vie couleur sang (et celle des ennemis le cas échéant), en gris clair la rendant très fébrile et disparaissant à la moindre attaque avec succès de l’adversaire. L’intérêt étant que son côté temporaire peut être rétabli à chaque attaque réussie de votre côté, permettant par exemple de bloquer des coups avec votre arme ou bouclier, sans y perdre la vie et vous incitant parfois à être plus agressif, même en face des boss, sans passer son temps à esquiver ou faire des roulades. L’érosion permet de réduire un peu la difficulté et la frustration habituelle de louper un timing d’attaque dans ce genre de jeu.
Je ne vous ai pas encore parlé de l’Umbral ?
À peu de chose près, on s’attend donc à un souls-like classique si on ne tenait pas compte de l’Umbral. Même si la nouveauté n’est pas complètement exclusive, Dark Souls nous permettait par exemple de passer d’une forme d’esprit à humain, cela n’impactait cependant pas le monde environnant.
Ici l’Umbral vous propose tout autre chose, avec un accès en direct sur un autre monde, une autre dimension cachée derrière vos yeux et visible grâce à la lampe de l’Umbral que vous possédez dans votre inventaire dès le début du jeu. Offrant une vision plus glauque et angoissante du côté de ce monde, avec des ennemis sans visages, et des âmes tourmentées que l’on peut entendre même sur la bande-son changeante pour l’occasion. Pour les connaisseurs, on se rapproche de l’idée proposée dans les fabuleux jeux Soul Reaver sortis il y a plus de 20 ans déjà !
Et cet atout change vraiment tout dans la construction du jeu, rajoutant de nombreuses routes et chemins, débloquant des passages et raccourcis dans le monde d’Axiom. Il n’est pas rare d’avoir envie de sortir sa lampe toutes les 5 secondes au début du jeu, pour se rendre compte du travail effectué par les développeurs. Par exemple, vous pourrez traverser certaines grilles en levant simplement votre lampe, ou marcher sur une plateforme non présente côté Axiom. Attention cependant à ne pas rester trop longtemps les yeux plongés dans ce monde, au risque de vous faire parfois attaquer par les ennemis de l’autre côté et vous faire transporter à l’intérieur de celui-ci.
Car oui, il ne faudra pas vous contenter de jeter un œil, et l’Umbral deviendra régulièrement un passage obligé pour avancer dans le jeu, avec parfois des énigmes nécessitant d’ouvrir une porte bloquée par des ennemis cachés côté Umbral. Vous pouvez d’ailleurs à tout moment utiliser votre lampe pour passer dans l’Umbral. Passage également obligé lors de votre mort dans l’Axiom, ce qui vous octroie en passant une « vie » supplémentaire, certes érodée de moitié, mais souvent salvatrice comme par exemple dans les inévitables chutes dans le vide pour éviter un ennemi (coucou les jeux FromSoftware) qui ne seront plus ici pénalisées par une mort totale.
Pour les combats, la donne changera aussi, car il n’est pas rare de voir des ennemis, boss inclus, invincibles côtés Axiom car protégés par des parasites de l’Umbral, et il faudra bien entendu les détruire en premier avant de pouvoir espérer être victorieux. Il sera aussi possible d’agir côté Umbral sur des pustules explosives permettant d’engendrer des dégâts avant d’entrer dans le monde. La lampe vous permettra aussi d’extirper l’âme de vos ennemis, pour les immobiliser pendant quelques instants voire les balancer dans le vide. L’âme extraite pourra aussi être frappée engendrant des dégâts d’érosion, vous permettant d’effectuer des attaques extrêmement dévastatrices une fois revenues dans le corps de l’ennemi.
Votre présence dans l’Umbral dérangera par contre les ennemis de ce monde, avec de plus en plus d’entre eux arrivant pour vous anéantir. L’avantage étant qu’un multiplicateur de gains de vigueurs augmente au fil du temps que vous restez du côté de ce miroir. Veuillez cependant à garder un œil sur le fameux œil qui vous observe dans le coin de l’écran, car une fois le multiplicateur x3 activé, celui-ci passera au rouge et la faucheuse arrivera pour vous éliminer, verrouillant même votre Sanguinarix. Il sera temps de trouver dans les environs une effigie d’émergence vous permettant de revenir dans l’Axiom de manière instantanée. Ces effigies sont à usage unique, nécessitant un repos aux Vestiges pour être réactivées et absentes des arènes des boss bien entendu.
L’Unreal Engine assure le spectacle
Les développeurs se sont clairement fait plaisir en jouant avec les deux mondes du jeu, avec des décors très détaillés et le moteur qui fait des merveilles. On a rarement vu plus beau jeu en 2023, mais malheureusement cela se fait au détriment des performances avec un taux d’image par seconde pas toujours stable, ce qui engendre des légers ralentissements à l’écran en mode qualité. L’environnement sonore n’est pas oublié non plus, avec la dualité des mondes bien représentée, et un doublage anglais de très bonne facture.
Un peu de multijoueur ?
Assez typique du genre depuis quelques opus également, il vous sera possible depuis un Vestige d’appeler un ami, ou un autre joueur sur le réseau pour vous aider dans votre progression. Sachant qu’il est déjà possible d’invoquer un PNJ avant chaque boss pour vous aider, autant vous dire qu’a 3 contre 1, le jeu commence à devenir un poil plus accessible. Dans l’autre sens, vous pourrez aussi malheureusement vous faire envahir par un joueur malintentionné qui souhaitera votre mort, comme si le jeu n’était pas déjà assez difficile comme ça.
À noter que vous n’avez pas besoin d’avoir activé un Vestige particulier dans votre progression pour pouvoir vous retrouver propulsé plus loin dans le monde lorsqu’un autre joueur vous invoque. Une bonne chose pour trouver facilement des autres joueurs, mais un peu moins pour le scénario qui vous dévoilera des boss ou des autres parties du jeu un peu trop tôt pour vous.
Vous rencontrerez aussi parfois des ennemis avec le nom d’un joueur inscrit au-dessus d’eux, ceux-là seront des ennemis renforcés qui ont précédemment tué un autre joueur, et vous pourrez rendre justice à cette âme perdue en l’éliminant, bénéficiant d’un item particulier qui pourra être utilisé dans le hub du jeu auprès d’un PNJ, vous octroyant des items rares.
La connexion n’est cependant pas obligatoire, et est d’ailleurs désactivée lorsque la console et le jeu sont en veille. Mes quelques essais de ce côté n’ont pas été une franche réussite, avec parfois une connexion très hachée avec des lags et téléportations du joueur, ou une attente interminable que quelqu’un rejoigne ma partie, en vain, étant pourtant sur une connexion wifi très stable et une fibre d’un débit très correct.
Avant de conclure, un petit aperçu du jeu sur sa première heure de jeu :
Conclusion – un challenger pour Elden Ring
Autant dernièrement Lies of P que j’ai tenté d’approcher grâce au gamepass m’a semblé très punitif et plus décourageant, autant Lords of The Fallen, malgré un premier boss majeur arrivant au bout d’1h30 de jeu/tutoriel qui donne déjà du fil à retordre, est plus souple, et propose une exploration importante dans chaque niveau grâce aux idées de gameplay liés à l’Umbral, et un farming moins lourdingue grâce à un loot régulier qui donne envie d’y retourner. Hormis les soucis techniques graphiques et réseaux qui je l’espère seront résolus à coups de patchs, Lords of The Fallen propose suffisamment de nouvelles idées, en conservant les bases inhérentes à son genre, pour en faire un titre vraiment réussi. Je l’élèverais sans aucun doute au niveau d’Elden Ring pour les impressions globales voire un cran au dessus niveau accessibilité. Enfin une vraie alternative aux From Software qui vont probablement puiser quelques bonnes idées dans leur prochain titre.