Honnêtement, Stellar Blade est un titre qui ne me faisait pas rêver. Aperçu en 2019 sous le nom de Projet Eve avec une sortie annoncée sur PS4, il disparait des radars pendant 2 ans, pour refaire son apparition sous son nom final, Stellar Blade. Quelques trailers plus tard dans des ‘State of Play’ made in Sony, le dernier en date en janvier 2024, le voici qui frappe finalement à nos portes quatre mois plus tard, en avril 2024. Les-dit trailers ne me vendaient d’ailleurs pas du rêve, laissant entr’apercevoir un jeu d’action lambda avec une héroïne sexy, voici ce que je m’imaginais. La démo sortie il y a quelques semaines ne m’apportait d’ailleurs pas plus d’infos, et les comparaisons avec divers souls-like pour expliquer le gameplay ne me donnait véritablement pas plus d’envie d’aller plus loin – je n’étais pas venu pour souffrir.
Mais pourquoi diable testerais-je ce jeu ? Pour se rincer l’oeil ? (Je vous invite d’ailleurs à lire l’excellent article de Jarod sur Gamekult à ce sujet) Non ! Pour encore passer des soirées à s’arracher les cheveux sur un boss en mode souls-like sans jamais y arriver ? Non plus ! Pour un simple fait, le retour très positif de mes « confrères journalistes » (si je peux humblement me permettre, le temps d’un article, me mettre à leur niveau) et la curiosité d’apprendre, que oui Stellar Blade a une héroïne sexy, mais que non les développeurs n’ont pas tout misés sur sa plastique dans un jeu insipide, et propose au contraire un vrai bon jeu, et un mode « normal » pour profiter du jeu, sans passer par la case masochiste du souls-like.
Voici comment j’ai voulu dépasser mon apriori et entrepris de tester moi aussi ce surprenant Stellar blade, bien plus complet et complexe que je n’aurais pu le penser de prime abord.
Souls-like ou petit joueur-like
Désolé pour les puristes du genre, mais on commence à en avoir gros de voir du Souls-like débarquer un peu partout dans les jeux d’actions. Fini le jeu d’action qui se finit certes assez vite, mais qui apporte du fun également le temps de quelques soirées. Maintenant, la mode est au Souls-like, genre de niche qui déborde sur la plupart des jeux d’actions récents. Alors certes, certains vont crier au sacrilège, mais à un moment dans notre vie de famille bien chargée, il peut aussi être compliqué de « perdre » du temps sur un jeu vidéo, avec une progression gratifiante à chaque boss tué, à chaque passage réussi sur le fil du rasoir, mais au détriment de dizaines d’heures de jeux passées pour avancer de 2 % sur le jeu. On peut aussi parfois avoir envie de s’éclater sur un jeu, en prendre plein la vue, et lâcher un peu la bride niveau difficulté sans pour autant dénaturer complétement le jeu, nombre de souls-like aurait d’ailleurs un intérêt à proposer quelques niveaux de difficulté supplémentaire, sans pour autant que cela pénalise ceux qui veulent absolument du try-hard.
Et ça les devs de Stellar Blade l’ont bien compris, et nous proposent d’emblée un mode « facile » qui reste loin de l’être. J’ai choisi de réaliser le test dans ce mode nommé histoire, et croyez-moi, on retrouve bien les codes des souls-like avec des combats bien entendu plus simple, mais pas pour autant moins exigeant. Certes, les timings sont plus larges, et des qte apparaissent pour certains mouvements, mais globalement les ennemis et les boss ne sont pas venus pour rigoler malgré tout. Clairement, le petit stock d’injecteur de soin de départ sera vite utilisé et épuisé dès votre première rencontre avec un Naytiba Alpha. Alors oui, vous arriverez probablement à le battre du premier coup (et encore tout dépend de votre expérience avec les jeux d’actions), mais le sentiment d’accomplissement sera toujours présent.
Eve, l’héroïne du jeu, possède une palette de coups de base assez classique, coup de lame léger, coup de lame fort, esquive et contre, qui viendront s’étoffer tout au long du jeu grâce aux points d’expérience gagnés lors des combats, pour vous permettre de faire évoluer plusieurs arbres de compétences. Eve posséde également un bouclier qui atténue les coups des ennemis, et qui pourra évidement se vider et se recharger quand on ne se fait pas toucher pendant quelques secondes. Viendront très vite s’ajouter quelques coups spéciaux qui se rechargeront grâce à l’énergie béta, et qui vous permettront de faire des attaques dévastatrices sur un ou plusieurs ennemis en même temps, voire attaquer spécifiquement leur bouclier. En activant l’option d’aide au combat, un petit QTE fera d’ailleurs son apparition, permet d’anticiper un poil les contres et les esquives en appuyant sur la touche affichée au bon moment. Les combos de plusieurs touches d’affilée seront également disponibles, ainsi que des attaques suites à des contres ou esquives réussies. Un peu plus tard dans le jeu, grace à la rencontre avec Lilly, une ingénieure un peu ‘ado’ sur les bords, Eve pourra utiliser le drone d’Adam comme arme à distance, permettant de faire le ménage à l’aide de différentes munitions, de simples balles classiques, des tirs d’énergie chargées, jusqu’à des missiles stingers à tête chercheuse. Enfin, encore plus loin, dans le jeu, des nouvelles attaques surpuissantes, ainsi qu’un genre de mode berserk avec une Eve transformée sera disponible pour mettre à l’amende la plupart de vos adversaires. L’arme est sympathique à utiliser contre les petits ennemis, mais les boss rendent la tâche beaucoup plus difficile avec leur rapidité et leur capacité à éviter les tirs, même si certains necessiteront obligatoirement d’utiliser votre arme à distance. Un dernier point pour aider dans les combats, Eve peut acheter dans les boutiques des Pompes SB, disponible de manière limitée, mais malgré tout suffisante, pour vous permettre de revivre après une mort, hyper pratique dans les combats de boss, même si bien sur on est limité à un usage unique avant de repasser à une base pour se reposer.
La difficulté du jeu ira crescendo, et même en mode histoire, vous allez grincer des dents sur la fin du jeu, avec sans trop vous spoiler, un enchainement de boss avec des capacités de faire des one shots qui vous donneront envie de balancer la manette à plusieurs reprises, je n’ose même pas imaginer en mode normal, ni en mode hard débloqué une fois le jeu fini une premier fois (mais heureusement y’a le new game+ aussi qui nous permet de reprendre avec toutes nos capacités/armes). Encore une fois, l’équilibre global reste assez correct, et on se rapproche plus d’une difficulté similaire aux derniers jeux star wars (Jedi Fallen Order et Survivor pour ne pas les nommer), toujours basé sur mon expérience du jeu en mode histoire.
On notera aussi la bonne idée, d’ajouter quelques petites énigmes, certes simples, mais qui ajoute un peu de variété entre deux combats ou exploration, ainsi que quelques phases de glissades dans des tunnels bien speed et nerveurx, rappelant d’une certaine manière les niveaux bonus des Sonic (et oui on à des refs de vieux par ici).
Par contre, là où le bât blesse, c’est que notre Eve est une fine combattante, avec une bonne agilité en achevant les ennemis avec des combos et des attaques qui la font virevolter, c’est par contre plus la même dans les passages plus typés plateforme. Le controle de l’héroine dans les déplacements aériens est plus que compliqué, avec des sauts parfois trop courts, trop longs, ou pas forcément dans le sens que l’on veut. Ca n’est pas génant dans la plupart des zones où il faut pas trop de précisions pour s’en sortir, mais dans d’autres, il va falloir bien viser pour attraper une corde, bien anticiper un saut, et parfois même dans certaines énigmes, rager un peu pour arriver à arriver au bout d’un labyrinthe qui demande pas mal de dexterité, faute à ses fameux déplacements que je qualifierais d’imprécis ou d’aléatoire. Rien de rédhibitoire, mais je crois que je suis presque plus souvent mort en tombant dans le vide après avoir loupé un saut, que contre les ennemis (hormis les boss peut être).
Sorti des ruines exiguës de la démo, un monde plus ouvert nous ouvre ses portes
Chose qui m’avait un peu refroidi aussi le début du jeu, qui colle à ce que la démo nous proposait, nous contraignait dans des rues fermées, quasiment à couloirs, avec les sempiternels raccourcis à débloquer et j’avais un peu peur de voir un enchainement constant de niveaux similaires jusqu’à plus soif. Que nenni, et on va s’en rendre compte assez vite, lors de notre arrivée à Xion (non pas Sion, on n’a pas suivi le lapin blanc mais Adam) dernier rempart de l’humanité. Et à partir de là, le jeu va proposer plus de variétés, avec certains niveaux, bien entendu découpés lors de notre progression, mais plus vaste, plus ouvert à l’exploration.
La ville de Xion sert d’ailleurs de base pour nos héros, et on peut visiter la ville tranquillement en discutant avec les PNJ, un peu à l’instar d’un MMO. Ils vont d’ailleurs nous donner directement des quêtes secondaires, et vous pourrez également en trouver sur le panneau des requêtes situé dans un coin de la ville. Ces quêtes pourront être réalisées en allant à des endroits spécifiques de Xion pour discuter avec d’autres personnages, trouver des objets, ou résoudre des petites énigmes simples. Mais elles pourront aussi vous demander d’enquêter en dehors de la ville, dans les niveaux suivants du jeu qui devront être parcourus pour faire avancer le scénario, mais aussi pour ces quêtes secondaires, avec cette fois parfois, des ennemis spécifiques à battre pour terminer une quête secondaire. À vous de voir si vous souhaitez faire un petit détour, et finaliser quelques quêtes, faire un retour en ville (proposé directement lors de l’accomplissement de l’une d’entre elles) pour récupérer votre récompense et reprendre l’histoire du jeu.
Vous aurez accès à une carte de chaque zone que vous visiterez et pourrez utiliser des vieux téléphones publics pour vous téléporter à d’autres emplacements déjà découverts. La carte affichera également vos objectifs principaux, et ceux des quêtes secondaires, ainsi que divers points d’intérêts. Sur les niveaux plus classiques en dehors de Xion, vous retrouverez aussi les classiques « feux de camps » qui seront matérialisés par des points de repos proposant une boutique, une console d’amélioration pour vos arbres de compétences, ainsi que des points plus complets, proposant d’améliorer vos éléments d’armures, de débloquer de nouveaux costumes, d’améliorer votre drone, recharger les munitions de votre arme à distance, ect… Avec une petite chaise qui vous permettra de vous reposer complétement, rechargeant votre stock de soin et d’objets en tout genre, mais souls-like oblige en faisant aussi réapparaitre les ennemis, boss exclus.
D’ailleurs, toutes les petites quêtes auront aussi un intêret pour permettre d’améliorer votre personnage car, une fois de plus tellement c’est devenu à la mode, on aura le droit à un arbre de compétences à améliorer avec des points de compétence, mais aussi les exospines placés dans le dos d’Eve qui nécessiteront eux d’autres ressources comme de la monnaie trébuchante et des Nano-élément de rareté diverse. On pourra améliorer aussi le drone d’Adam, l’arme d’Eve, ou la quantité d’injecteurs de soin à transporter. Le reste sera principalement esthetique avec pléthores de nouvelles tenues plus ou moins sexy pour Eve, voire même de débloquer un salon de coiffure pour changer un peu son look. On trouvera en bonus, des petites canettes métalliques de diverses boissons à ramasser, cachées dans les niveaux, permettant d’augmenter le nombre d’objets transportables, plus une tenue bonus si vous les trouvez toutes.
L’histoire du jeu nous propulse dans un futur apocalyptique suite à la création d’une IA, la Matri-Arche, qui a bien sur choisi de dominer la race humaine, en tentant de l’exterminer, et en créant une nouvelle race les Andro-Eidos pour exterminer les Naytibas, nouvelles races de créatures apparu après la dernière guerre contre les humains. On en apprendra bien plus au fur et à mesure que l’histoire avance, jusqu’aux révelations finales qui ne sont pas totalement surprenantes mais qui nous laisse entrevoir que le jeu bénéficiera probablement d’une suite dans les années à venir, forcément.
L’Unreal Engine assure le spectacle
On le sait, l’Unreal Engine 5 a d’énormes capacités, même certains dévéloppeurs décident de changer leur moteur maison pour passer dessus, c’est pour dire. Pour Stellar Blade, on a enfin un jeu next gen sur PS5 qui n’en compte finalement pas tant que ca. Les niveaux en monde ouvert sont cependant moins propices à bénéficier de cela, mais le reste du jeu assure le grand spectacle jusqu’au final, avec des personnages modélisés de toute beauté (et je ne parle pas d’Eve spécifiquement, même les humains modifiés, ou les naytibas sont horriblement détaillés dans le bon sens du terme). La bande son a une intensité relative à l’environnement dans lequel on se trouve, plus calme et douce pendant l’exploration ou dans les bases pour se recharger, et plus active pendant les combats. On retrouve certaines chansons avec des chants qui rappellent fortement les productions asiatiques comme les séries d’animations, ca tombe bien, ca vient de la ! On retrouve même une petite touche d’ost des Persona sur l’écran des quêtes, vous m’en direz des nouvelles.
Une nouvelle licence qui deviendra grande ?
Pour conclure, Stellar Blade est une bonne surprise, vraiment. Clairement je n’y croyais guère, mais j’ai passé un excellent moment sur le jeu. Bien sur, tout n’est pas parfait dans ce bas monde, et la difficulté est pas trop mal équilibrée jusqu’a arriver à l’enchainement des boss finaux, qui commencent à montrer sérieusement leurs dents, contradictoire pour un mode « histoire » censé priviligié l’histoire aux combats, même si ca m’arrange clairement car j’avais peur que le jeu soit trop simple, et ça n’est pas le cas du tout. On passera vite sur le scandale provoqué par l’héroine, qui est parfois décrié comme une poupée sans ame, ce qui est loin d’être le cas, car on oublie vite ses courbes dès lors qu’on est en plein action, et il y en a pléthore dans le jeu, assurément. De même pour son caractère, qui semble certes « robotique » au départ, mais qui change bien vite au fil des évenements, avec une Eve qui sait ce qu’elle veut et qui le montre. De même, j’ai trouvé – hormis sur certaines tenues – que les dévéloppeurs n’avaient pas forcé la main sur le côté sexy du personnage, finalement très badass en combat, avec beaucoup moins de posing aguicheur que propose la concurrence comme Cereza, la sorciére de Bayonneta par exemple. Stellar blade nous propose au final un jeu d’action très complet, avec beaucoup de contenus, permettant d’y passer de nombreuses heures, en comptant un minimum de 20h en mode histoire en faisant une partie des quêtes facultatives, je le rappelle. Hâte d’avoir entre les mains sa suite à présent !