Test réalisé sur une version presse fournie par l’éditeur
Après avoir entrepris de tester récemment Persona 4 Golden (je vous invite d’ailleurs fortement à consulter le test étant donné les fortes ressemblances de gameplay entre ces deux titres) sur Nintendo Switch, l’opportunité de tester un autre monument du JRPG made in Atlus était forcément une chose que je ne pouvais pas laisser passer.
L’ayant déjà commencé sur PSP, il y a assez longtemps, je l’ai donc repris à zéro pour me remettre dans le bain et entreprendre l’ascension du Tartare une fois encore.
Un portage mi-figue mi-raisin
N’ayant pas connu les titres sur leurs supports originaux, j’ai pris quelques renseignements pour savoir ce qu’apporte la version Persona 3 Portable, hérité de la version PSP. Permettant de choisir entre un protagoniste masculin ou féminin, ayant bien sur un (faible) impact sur la narration, et sur la bande son qui accompagne notre héroïne ou héroïne, P3P a connu pas mal d’autres changements parfois pas forcément positif, comme par exemple la disparition des scènes animées comme dans les titres Persona suivants ou la version d’origine P3:FES, ou les déplacements de la ville qui se limite maintenant à un curseur sur la carte. Il est important de connaitre ces éléments car autant il était compréhensible de les retirer sur PSP du fait de sa capacité limitée, il est dommageable que la version Switch n’ait pas eu finalement une adaptation hybride entre la version PS2 et PSP. Deux ajouts positifs sont cependant présent ; les anglophobes pourront se rassurer d’avoir enfin le jeu en version française, et que l’on peut contrôler chacun des protagonistes pendant les combats, comme quoi tout n’est pas négatif pour le portage vers la Switch.
Une technique qui accuse son age
En prenant en compte ces différences, et comparativement aux titres sortis quelques années plus tard, il est clair qu’il est assez difficile de s’émouvoir devant l’austérité de ce Persona, ayant moins bien vieilli que Persona 4. J’ai eu beaucoup plus de mal à rentrer dans l’histoire, je me souviens d’ailleurs avoir eu ce même sentiment sur Psp, ayant peur de ne pas retrouver un peu de 3D dans ce monde de pixels. Même l’exploration des !!250!! étages du donjon principal, le Tartare, n’est pas forcément encourageante, pas de thématique ni de découpage en plusieurs donjons ayant chacun leur particularité. On gravit les étapes avec une certaine monotonie jusqu’à arriver à un étage bloqué pivot qui restera bloquant en attendant la prochaine pleine lune. Seuls les niveaux des boss apporte un peu de diversité dans l’exploration, mais seulement pour quelques minutes car ces niveaux sont très courts et finalement anecdotique, hormis le boss à vaincre à la fin de chacun.
Le casting est aussi moins attirant que ce qu’on a pu connaitre depuis, et on se demande si notre héros va finalement arriver à s’intégrer et devenir un leader né de son équipe et maitre des Personaes. Même si la touche Soejima est forcément présente partout, on ne peut qu’être un peu refroidi par les allers retours froids et sans vie entre l’école, la ville et le dortoir sur lesquels nous devrons circuler la plupart du temps sous la forme d’un simple point & clic. Pas non plus de Morgana ou Teddie pour apporter un petit côté kawaï supplémentaire à l’histoire.
Un gameplay toujours aussi ravageur
Toujours basé sur une année scolaire, le gameplay se distingue toujours en deux phases distinctes, la partie vie sociale de votre héros, où vous devrez renforcez le lien avec les personnages que vous rencontrez tout au long du jeu, ce qui aura un impact sur les personae que vous pourrez ensuite créer et faire évoluer grâce aux fusions de la Velvet room. Vous aurez aussi bien entendu toujours cette partie dating-sim, qui vous permettra de créer une relation amoureuse avec un (ou des personnages) du jeu. Chaque jour vous devrez faire des choix, entre réviser à la bibliothèque ou à l’internat, travailler dans un café, trainer avec vos potes, ou faire avancer votre relation amoureuse. Cette forme de progression existe depuis les 3 derniers Persona, et il faudra bien sur adhérer à ce fonctionnement qui permet de booster en parallèle vos compétences pendant la partie dungeon-rpg.
En face de cette partie du jeu, les combats au tour par tour sont toujours la et restent la force d’un Persona. On retrouve tout ce que l’on aime dans cette partie, avec une gestion intelligente des capacités de nos Persona, et des affinités et faiblesses des personnages amis ou ennemis envers les éléments utilisés en combat. Les habitués de la série retrouveront les bons vieux sorts de feu, glace, foudre, vent, d’ombre et lumière avec chaque personnage de l’équipe maitrisant un de ses éléments et sensible à un autre. Une attaque bien placé ciblant la faiblesse d’un ennemi permettra toujours de le mettre K.O. temporairement, et si vous arrivez à rendre l’intégralité des ennemis K.O., vous pourrez toujours effectuer l’attaque All-in avec tout vos personnages, faisant un maximum de dégâts.
Bien sûr, le personnage principal aura le full contrôle et saura maitriser toutes les Personaes du jeu qu’il sera possible d’obtenir en fin de combat grâce au tirage de cartes, ou en les fusionnant dans la fameuse Velvet Room. Hormis certains boss, on rencontrera rarement de grandes difficultés pendant les combats contre les ombres de bases, même si on devra pour autant rester prudent en approchant certains ombres apparaissant en rouge, ou lançant le combat avec un avantage si vous ne les frappez en premier.
RPG oblige vous devrez gérer votre équipement, comportant arme, armure et accessoires. Chaque élément pourra être trouvé dans des coffres en explorant les mondes, en récompense à la suite d’un combat en piochant la carte adéquate, ou dans les différentes boutiques, accessibles au fur et à mesure de votre progression dans l’histoire et le calendrier de l’année scolaire. La fusion des personaes est présente, avec la possibilité d’en fusionner un duo ou un trio d’entre elles et de créer des mélanges parfois inattendus. Vous pourrez également les fusionner avec des armes vierges obtenus sur les ennemis dorés pour les transformer en armes surpuissantes. Les possibilités restent toujours aussi énormes, et il sera toujours possible d’enregistrer une de vos persona dans un niveau état précis avant de la fusionner, pour ensuite la faire revenir dans son état d’origine pour tenter une autre expérience pour un coût de crédit dépendant du niveau de celle ci, évidement…
Une sombre histoire qui met du temps à démarrer
Le scénario reste aussi le point fort de ce Persona 3 Portable, avec des révélations au fil de l’histoire et des retournements de situation toujours inattendu, et sans trop spoiler si vous avez déjà apprécié les autres titres de la série, vous ne serez pas déçu. Cependant, le décollage est vraiment très long, et on passe de nombreuses semaines à suivre le calendrier scolaire, correspondant grosso modo au moins au dix premières heures du jeu (voire plus si vous avez farmé longtemps), à enchainer les étages du tartare sans passion, et à attendre que quelque chose se passe pendant les pleines lunes. Les boss n’étant pas aussi « remarquables » que dans les titres suivants, on peut avoir du mal à accrocher sans lâcher le jeu, et il faudra surement un peu plus de tolérance pour plonger véritablement dans l’histoire. Reste aussi un scénario qui reste un peu plus austère et sombre que ce qu’on a pu connaitre par la suite avec une urgence de se prendre aux ombres dès le départ pendant l’heure sombre qui transforme les habitants de la ville en cercueil voire en zombies pendant la journée. Même l’invocation des Personae nécessitant d’utiliser l’Evoker, un pistolet factice que l’on doit placer sur sa tempe, mène à une certaine ambiance oppressante qui était plus subtilement et progressivement dispersé dans P4 et P5.
Doit on porter tous les PERSONA ?
Une certaine habitude s’est installé chez Atlus avec des Persona existant en moults versions, avec des améliorations qui font forcément plaisir, mais nécessite parfois de faire des rachats à foison pour en bénéficier (qui a dit DLC ?). Cependant, surfer sur la vague des portages à tout va peut parfois porter préjudice à une série qui possède extrêmement de qualités, preuve en est ce Persona 3 Portable, sur une console Switch -pas que portable-, qui n’a d’intérêt justement que dans son format portable. Y jouer sur grand écran ne rendra pas hommage au titre, loin de la, sans en plus mentionner le fait qu’il aura peut être fallu faire un effort supplémentaire et prendre le meilleur de toutes les versions de Persona 3 pour en faire un vrai nouveau portage qu’il aurait mérité, et pas se contenter d’un portage qui n’est pourtant pas complétement paresseux. Clairement si vous l’avez déjà fait sur PSP ou PSVita, la version Switch aura assez peu d’intérêt, hormis pour la traduction française. Reste un JRPG qui a de fortes qualités, encore plus si vous êtes fan de la série, mais qui malgré tout reste en deçà de ce que propose sur la même console, le fameux Persona 4 Golden, ou l’excellent Persona 5 Royal.