Avec la fin de Game of Thrones, la série phare d’HBO censée se terminer courant 2018, la chaîne devait trouver une nouvelle série de grande qualité, ambitieuse et grand publique, afin que la case horaire du Trône de Fer ne soit pas laissée vacante. HBO a donc décidé de passer à l’offensive en développant un nouveau show en se basant sur des personnes solides et de qualité en recrutant Jonathan Nolan (qui a co-scénarisé la majorité des films de son grand frère Christopher Nolan) au poste de producteur, scénariste et réalisateur de l’épisode pilote. Il est accompagné notamment de J.J. Abrams au poste de producteur, dont Person of Interest, leur dernière collaboration commune, a connu un certains succès critique.
Bénéficiant d’une grosse -très très grosse- enveloppe pour produire cette série (100 millions de dollars pour une saison de 10 épisodes, selon nos confrères de The Hollywood Reporter), le pilote amène t-il le vent de fraîcheur espéré par HBO ?
Dans un premier temps, il faut noter le fait que la série n’est pas une oeuvre originale mais une fiction inspirée d’un film sorti en 1973, Mondwest : Westworld écrit et réalisé par Michael Crichton, auteur de Jurassic Park, adapté au cinéma par Steven Spielberg. L’histoire de cette série narre l’histoire d’un parc d’attraction dans l’univers du Far West qui est peuplé d’androïde, les hôtes, servant à faire vivre de multiples aventures à des clients fortunés, les nouveaux arrivants, venus pour se distraire. Toutefois, certains androïdes connaissent des dysfonctionnement dû à des erreurs dans des lignes de codes insérées récemment, ce qui pousse les dirigeants du parc à s’inquiéter de ce qui pourrait arriver à l’avenir.
Force est de constater que le synopsis de cette série peut paraître alléchant, mais il en résulte au travers de ce pilote, que son traitement et sa mise en oeuvre par Jonathan Nolan, accompagné de Lisa Joy au scénario, s’avère prometteur et solide. Il faut tout d’abord couper court aux possibles comparaisons avec son lointain grand frère Game of Thrones, qui n’a pour seul lien celui du sang, en appartenant à la famille HBO. La série de Nolan est à l’image du reste de sa filmographie, extrêmement psychologique, et met encore en avant sa peur de l’intelligence artificielle, comme nous pouvions le voir avec Person of Interest. De multiples thèmes sont abordés, et ce dès le pilote, notamment celui de la nature humaine et de savoir si un robot peut-être plus humain que l’humain. D’autres pourraient voir le jour par la suite (un possible questionnement du libre arbitre chez la machine ?). Le scénario de ce pilote est principalement basé sur une narration type Un Jour sans Fin où les événements se déroulent, et reprennent leur place initiale la journée suivante car chaque androïde possède sa personnalité, une histoire, et un scénario qui lui est propre, imaginé par les créateurs du parc. Ces derniers restent extrêmement mystérieux dans cet épisode mais il y a fort à parier qu’une bataille « politique » entre les dirigeants pourrait avoir lieu. Le traitementen nuance des personnages permet de directement s’attacher à eux et à comprendre leur place au sein de cet univers.
Côté casting, c’est du très très lourd. En tête de file, Sir Anthony Hopkins -qui à chaque apparition dans le plan apporte sa stature et sa classe-, Ed Harris (Apollo 13, The Rock), James Marsden (Cyclope dans la première trilogie X-Men), Jeffrey Wright (Hunger Games) et la star principale du show Evan Rachel Wood. Chaque acteur campe à la perfection son personnage. Une mention spécial doit être donnée à Ed Harris, qui divise autant qu’il interroge.
Quand à la réalisation et à l’esthétique, c’est là aussi du sans faute. La réalisation est d’une grande qualité, ce qui quand on sait que le réalisateur est un habitué des plateaux de tournage de son grand frère Christopher. Certains plans, notamment les travellings aériens au-dessus des divers lieux naturels, sont magnifiques et pourraient faire penser à certains plans de Game of Thrones si l’on remplaçait la pierre couleur ocre par de la verdure. S’agissant de l’esthétique : elle est magnifique. Au travers de cet épisode, deux univers se percutent : le Far West et le centre de contrôle. Pour le premier, l’ambiance est là, et les moyens sont mis sur les décors de la ville de l’Ouest américains, et sur les costumes pour parfaitement faire ressortir ce qui faisait la sève des films de Clint Eastwood. Le second « univers », celui du centre de contrôle, est beaucoup plus futuriste, épuré, et surtout sombre. Les seuls endroits éclairés sont ceux où se trouvent les personnages, ou bien les lieux où se construisent les androïdes. Le tour de force de Westworld, c’est de ne pas dire en quelle année, dans quelle période se situe le déroulement de la série. Ce qui rend insaisissable toute l’action qui s’y déroule. Du côté de la bande originale, elle composé par le très demandé Ramin Djawadi, déjà à l’oeuvre sur Game of Thrones, mais aussi Prison Break, Pacific Rim, Warcraft et prochainement La Grande Muraille avec Matt Damon. Le thème du générique est d’une grande sobriété et accompagne parfaitement les images montrant le procédé permettant la construction des androïdes.
En conclusion, la série démarre parfaitement. Maintenant, il faut voir son traitement dans la durée, et faire un premier bilan à la fin de la saison. Néanmoins, force est de constater que le potentiel est énorme, et que HBO s’est permis de pouvoir pleinement l’exploité. En effet, que l’on aime ou pas le cinéma des frères Nolan, leurs œuvres sont souvent complexes, psychologiques et extrêmement nuancé. Ce pilote laisse la porte ouverte à de nombreuses intrigues tant la capacité de renouvellement du concept est grandes (remplacement d’hôtes, nouveaux arrivants, et nouveaux gérants du parc).