Avec son premier roman « Ressources inhumaines », Frédéric Viguier avait imposé son ton cynique et son regard impitoyable sur le monde de la grande distribution. Disséquant toujours notre société dans ce qu’elle a de moins reluisant, l’auteur nous offre ici un roman mi-social mi-polar qui questionne le fonctionnement de l’appareil judiciaire et la présomption d’innocence. « Aveu de faiblesses », un ouvrage au titre idoine.
« Je suis laid, depuis le début. On me dit que je ressemble à ma mère, qu’on a le même nez. Mais ma mère, je la trouve belle. »
A Montespieux-sur-la-Dourde, dans une de ces nombreuses petites villes industrielles qui peuplent le Nord de la France, Yvan Gourlet vit une triste jeunesse. Gros, roux, laid, niais, il se présente en cible idéale pour les moqueries de ses camarades et semble s’en accommoder. Il ne cherche rien d’autre que l’apparente douceur de son foyer où il est tiraillé entre une mère protectrice et un père qui en fait le reflet de ses propres échecs. Seulement voilà, un jour, cette réalité qu’on pensait immuable bascule. Alors qu’Yvan fouille les poubelles d’une usine à la recherche d’étiquettes de boîtes de camembert pour la collection de sa mère, son petit voisin de 8 ans est sauvagement assassiné.
Très vite, encouragés par le mensonge grossier d’une mère honteuse que son fils fouille dans les ordures et intrigués par la singularité de cet adolescent éteint et inadapté socialement, les policiers soupçonneront Yvan d’avoir voulu venger des années de brimades. Petit à petit, implacablement, la machine judiciaire se met en marche et se referme sur lui. Plusieurs questions se posent alors. Jusqu’où Yvan Gourlet, tueur d’enfant désigné, s’enfoncera-t-il ? Combien de temps s’abîmera-t-il sans réagir dans sa propre complainte ? Lui faudra-t-il l’ombre des barreaux pour enfin briser ses chaînes ?
« Aveu de faiblesses ». Ce n’est pas souvent qu’un livre porte aussi bien son titre. Car oui, Yvan Gourlet est faible, d’une infinie faiblesse. Il s’agit peut-être même là de son seul crime. Au travers d’un livre simple, criant de réalisme et de vérité, Frédéric Viguier nous dresse le portrait sans concession d’une société capable de broyer ceux qui vivent en marge d’elle.