« The greatest gladiator match in the history of the world ». Voilà comment Jesse Eisenberg nous résumait, dans les trailers, le combat opposant les deux super-héros les plus emblématiques de chez DC Comics. Annoncé au départ comme un « Man of Steel 2 », DC changea son fusil d’épaule en voyant l’évolution (et les recettes) de Marvel avec son Marvel Cinematic Universe. Avec Zack Snyder de retour à la réalisation, le choix est fait de faire un affrontement entre Batman et Superman qui va tenir lieu de point de départ pour les futurs « Justice League Part One and Two », mais surtout, pour le DC Cinématic Universes dans un sens plus global.
Après trois ans de tournages et de post-production, 250 millions de dollars injectés, que vaut le blockbuster de Znack Snyder qui créa un vif débat sur le net, créant une fracture au sein des spectateurs du film, tel une fissure engendrant une véritable « Civil War » entre la team « J’ai adoré le film » et la team « Je hais ce film » ?
Il est clair que rare sont les films ayant subis un tel bashing à leur sortie. Du côté du scénario, l’idée que Bruce Wayne, l’alter-ego de Batman, veuille s’assurer que Superman, et ses pouvoirs sans limites, ne puisse anéantir l’humanité est assez bien pensé. Cela, grâce à une scène qui sert de genèse à cet idée : la scène finale de « Man of Steel » avec le combat titanesque entre Henry Cavill et Michael Shannon. Toutefois, Snyder a la brillante idée de ramener cette scène à l’échelle humaine au travers de Ben Affleck qui souhaite rejoindre le building de sa compagnie, dont il est le PDG, alors au centre de Metropolis. Cette scène, bien évidemment, fait penser aux attentats du 11 Septembre 2001, et elle est diablement efficace. Grâce à elle, nous plongeons directement dans le grand bains après une scène introductive de quelques minutes nous montrant l’élément déclencheur qui poussa Bruce Wayne à enfiler le costume de Batman ( ce qui nous évite, au grand merci, d’avoir en face de nous une autre « origin story » de Batman ).
Après cela, vient le grand défaut du film : sa narration. C’est ce dont j’avais un peu peur en rentrant dans la salle de cinéma lorsque j’ai lus, quelques jours auparavant, que le film est amputé de trente minutes (!!) pour des raisons d’exploitation en salle, et de classification (dans le but d’obtenir un maximum de billet vert). Malheureusement, lorsque les choix financiers l’emportent sur les choix artistiques, cela s’en ressent inévitablement. Couper un film de trente minutes, c’est comme couper un livre comportant 300 pages, de 110 pages ici et là. La narration est hachée et, malgré la réussite de Batman dans ce film, le film ne permet pas à ses personnages de vraiment exister. Bien entendu, c’est ici le risque lorsque l’on veut insérer le maximum de personnages dans un seul film (un peu à la manière de « Expendables 3 »). Nous suivons alors l’enquête de Batman d’un côté, l’évolution de Superman jusqu’à son procès, et les recherches du mégalomane Lex Luthor qui a l’idée de se servir d’une pierre de couleur verte comme arme, de l’autre. Les scènes, notamment entre l’enquête de Batman et « la vie » de Superman, s’enchaînent parfois sans queues, ni têtes (petite pensée à la scène de rêve dans un futur apocalyptique de Bruce Wayne qui arrive tel un cheveu sur la soupe) et peut perdre le spectateur trop inattentif, voir qui ne connaît pas l’univers DC. Tout cela, pour nous amener au combat de l’homme contre Dieu qui, au finale, s’avère extrêmement décevant par sa courte longueur lorsqu’on l’a met en superposition de la durée du film. Bien évidemment, j’ai préféré rester général au niveau de ma critique du scénario pour éviter tout spoil intempestif. Il faut noter les caméos de Ezra Miller en «The Flash», Jason Momoa en «Aquaman» et Ray Fischer en «Cyborg». Dommage que l’on sente ces caméos un peu forcé dans le seul but de faire de « Batman V Superman » un film introductif au DC Extended Universe.
Au niveau du jeu des acteurs, il y a du bon comme du moins bon. Ben Affleck, une fois choisi pour jouer le chevalier noir, a dû faire face à un bashing quasiment jamais vus pour l’empêcher de jouer Batman. Verdict, c’est un excellent Batman. Enfin, nous avons un Batman sombre, massif physiquement, et qui n’a pas de scrupule à employer les manières fortes pour arriver à ses fins. Un peu comme si ce chevalier noir, qui exerce depuis vingt ans son activité, devient une sorte de reflet de l’image de Gotham, la ville plus criminogène de l’univers DC, où le meilleur moyen d’arriver à ses fins est d’utiliser la manière forte. Pour l’épauler, nous pouvons retrouver le petit frère de Hans Gruber dans « Die Hard 3 » de John McTiernan : Jeremy Irons dans le rôle d’Alfred, le majordome de Bruce Wayne. Il joue bien son rôle, lançant quelques répliques cinglante ici et là.
Dans sa globalité, les acteurs jouent bien leur rôle, comme Henry Cavill qui s’en sort bien car, beaucoup de personne critiquent son jeu, mais pour un acteur rien n’est plus dur que de donner vie à un personnage aussi linéaire psychologiquement que celui de Superman. La présence, en second rôle, de Laurence Fishburne et Amy Adams permettent d’assurer un bon jeu d’acteur. Le peu de présence à l’écran de Gal Galdot ne permet pas de juger réellement son apport au personnage de Diana Prince / Wonder Woman, et il va falloir attendre son stand-alone réalisé par Patty Jenkins.
La plus grosse déception au niveau du casting vient de la performance de Jesse Eisenberg en Lex Luthor. En effet, ma plus grosse attente après Ben Affleck en Batman, c’était de voir Jesse Eisenberg dans le personnage complexe de Luthor. Malheureusement, la direction qui est donné au personnage lui donne l’horrible impression que l’on veuille vite en finir avec ses scènes. Le problème étant qu’on a voulus faire de ce personnage, un personnage cool, jeune, ultra intelligent, et superactif (un peu sans rappeler un certain Iron Man, chez Marvel). Alors, Jesse Eisenberg se met à surjouer -énormément- durant ses scènes (avec des blagues qui font sourire au début, mais qui deviennent rapidement lassantes) et cela laisse une impression de Joker 2.0 un peu raté.
Du point de vue de la réalisation, Zack Snyder fait du Zack Snyder. En effet, il fait partit de ces réalisateurs possédant une patte visuelle forte, et un rapport à l’image très impressionnant (un peu à la manière de Matthew Vaughn). Lui, fan de comics, lorsqu’on lui laisse les rênes d’un tel film, nous pouvons être sur que nous allons avoir à faire à une réalisation très stylistique et possédant une photographie hors norme qui retransmet bien cette dualité, cet affrontement entre l’homme et Dieu. A noter que, malgré que ce soit l’effet recherché, je n’avais pas apprécié les scènes de combat dans « Man of Steel » avec cet effet trop brouillon où l’on ne comprenait pas ce qui se passait. Ici, Snyder rectifie le tir et nous propose des combats lisibles. A certains moment, cependant, les CGI se font cruellement ressentir. Toutefois, nous avons droit à certains plans magnifique, notamment après la scène de destruction à Métropolis au début du film, nous avons droit à un plan dans l’océan Indien de toute beauté avec une très bonne utilisation de la 3D ( à savoir que je ne suis pas un fan de la trois dimensions au cinéma).
Ce film est la dernière participation de Hans Zimmer à la composition de la musique d’un film de super-héro. C’est vrais que lorsque l’on voit sa filmographie et au vu de ses compositions pour ce film, on sent qu’il a fait le tour notamment après : « Man of Steel », la trilogie Dark Knight par Christopher Nolan, « The Amazing Spider-Man 2 » de Marc Webb, etc. Ici, il est accompagné de Junkie XL, déjà à l’œuvre de la bande-original du reboot de la saga Mad Max « Mad Max : Fury Road » de George Miller. Cet apport est bénéfique dans le sens où Junkie XL donne un côté plus rock à la bande-original et permet à Gal Gadot de faire une rentrée badass dans le combat final avec son main theme qui éclipse totalement ses compatriotes de la Justice League.
https://www.youtube.com/watch?v=Gw_o7XUX3fg
Pour finir cette critique, j’aimerai souligner la communication désastreuse de Warner Bros. Pictures concernant ce film. Les deux premiers trailers étaient réussi, malheureusement, le reste beaucoup moins. Nous avons eu droit à une communication à la manière d’un « Avengers : Age of Ultron », où nous avons eu une centaine de spot TV, des vidéos qui sortaient tout les deux jours, ce qui, pour ma part, m’a donné une sorte d’overdose avant de voir le film. Moi qui, au départ, était assez emballé par le film et son concept, déjà teasé dans « I am a Legend » de Francis Lawrence par ailleurs. Sans parler du trailer révélant finalement le principal antagoniste et spoilant le principal plot twist du film (coucou « Terminator Genisys). Il va falloir sérieusement que les studios américains revoient leur promotion concernant leur blockbuster. (toutefois, je vous encourage à voir le trailer mis en début d’article, car il est vrais que celui ci est d’excellente facture ).