Quand on joue, lit ou regarde les aventures d’un héros, on se pose généralement assez peu la question de la provenance de son équipement rutilant. Pourtant, même le plus courageux des aventuriers ne pourrait pourfendre un dragon avec une épée en carton. De même, que serait un elfe sans une couronne d’écorce (idéalement capable de masquer ses vilaines oreilles pointues) ou un nain sans son puissant marteau ou sa fausse barbe tressée ? Cette question, Renegade Game Studios et Origames se la sont posée et il n’en fallait pas plus pour que Bazar Quest apparaisse sur les étals (des vraies boutiques pour le coup). Pour vous, nous nous sommes glissés dans la peau d’un marchand cupide soucieux du bien-être de ses clients.
Alors que le grelot situé sur la porte de votre boutique se met à tinter, vous vous frottez les mains en détaillant votre nouveau client potentiel. Des bras musculeux, un visage recouvert de cicatrices et un air un peu idiot, voilà exactement le type de héros que vous aimez délester de sa bourse. L’homme a très probablement été attiré par l’amulette sacrée que vous exposez fièrement en vitrine et maintenant qu’il est là, il vous faut décider des objets avec lesquels vous allez l’équiper. D’un côté, l’anneau magique situé dans la réserve lui donnerait les meilleures chances de vaincre les monstres qui pullulent dans la région, ce qui augmenterait sensiblement la réputation de votre boutique. Mais d’un autre côté, la vieille paire de lunettes est bien plus chère et vous permettrait de gagner suffisamment pour engager du personnel et ainsi vous défaire de votre vaurien d’apprenti actuel. Alors que le héros s’impatiente, vous vous dirigez vers lui en lui offrant votre plus beau (et carnassier) sourire commerçant.
Elles sont belles mes gourdes de piquette ! Qui veut mes gourdes de piquette ?
Dans Bazar Quest, chaque joueur va incarner un marchand dont l’objectif sera de terminer la partie avec le maximum de points de réputation (et d’argent). Pour cela, tout va débuter par une phase de draft lors de laquelle les joueurs vont choisir les cartes Objet qui constitueront leur main de départ. Ensuite, ils vont choisir un objet à exposer en vitrine et une fois un héros entré dans leur échoppe, ils vont l’équiper en tentant à la fois de faire un maximum de profit tout en donnant aux héros les meilleures chances de blesser (voire mieux d’envoyer ad patres) le monstre qui terrorise actuellement la région (après tout, il en va de votre réputation).
Bien évidemment, ce n’est pas aussi simple que ça et le jeu est rempli de petits twists qui viennent pimenter la partie. Déjà, l’objet exposé ne peut pas être vendu pendant la manche en cours et bien évidemment, les plus attractifs sont aussi ceux aux prix les plus élevés. Ensuite, les monstres comme les héros disposent de capacités spéciales qui se déclenchent à certaines phases du jeu et dont certaines peuvent changer la physionomie de la manche en cours. Enfin, après la phase d’aventure pendant laquelle les héros vont combattre le monstre (et ainsi apporter la gloire à leur boutique sponsor), les joueurs auront la possibilité d’améliorer leur échoppe ou d’engager un employé compétent (ou pas très compétent d’ailleurs). Pas facile la vie de négoce…
Chez Jean-Ullrich, la meilleure camelote de tout le royaume
Si le thème de l’heroic-fantasy n’est pas neuf dans l’univers du jeu de société (loin de là), le fait d’incarner un marchand plutôt qu’un des sempiternels héros revêt en revanche une certaine originalité. Un vent de fraîcheur bienvenu qui nous fait d’emblée apprécier le jeu. Mais bien entendu, son originalité n’est pas le seul atout de Bazar Quest. Simple et accessible, il pourrait se classer dans la catégorie des jeux familiaux tout en ne manquant pas d’une certaine profondeur. Les mécaniques de draft, d’enchère secrète pour attirer les héros et d’amélioration de l’échoppe fonctionnent bien et sont accompagnées par une part de hasard bien dosée (coucou les cartes Aventure qui peuvent subitement gonfler à bloc un héros ou le rendre désespérément prudent). Bref, avec Bazar Quest, vous tenez un jeu original, accessible, fluide, à la mécanique bien huilée et doté d’illustrations simples mais efficaces. Le petit plus, il dispose d’un mode solo.
Bazar Quest, un jeu de Jonathan Ying, illustré par Victoria Ying et édité en français par Renegade Game Studios et Origames.
Nombre de joueurs : 2 à 6
Âge : dès 8 ans
Durée moyenne d’une partie : 30 à 45 minutes