Il y a quelques jours à peine, Iello faisait apparaître sur les étals un jeu très attendu : Bitoku. Remarqué lors de différents festivals pour son thème, ses mécaniques (et aussi un peu son nom), celui-ci était attendu de pied ferme par toute la communauté des joueurs. Alors, vaut-il la hype qui a accompagné son développement ou la doit-il uniquement à son titre (qui, reconnaissons-le, est un véritable appel d’air à jeux de mots douteux) ?

Dans chaque forêt ancestrale qui fait battre le cœur de ce monde, un Grand Esprit vertueux s’incarne en toute chose. Garant de paix, d’abondance et de sérénité, celui-ci offre à la forêt la spiritualité dont elle tire son essence. Une fois son temps révolu, le Grand Esprit s’en va, sans heurt ni fracas, laissant sa place à un autre esprit vertueux, un Bitoku qui saura à son tour prendre soin de la nature et de tous les êtres qui la composent…

Un jeu poétique et onirique

L’univers de Bitoku s’élève bien loin au-dessus des réflexions que ne manquera pas de faire naître l’évocation de son titre. Très japonisant, il parle de vertu, de spiritualité et tous les éléments de jeu, à commencer par l’illustration de la boîte, participent pleinement à l’atmosphère onirique qui s’en dégage.

A peine le jeu ouvert, le joueur se sent plongé dans un autre univers, un espace de zenitude au sein duquel il sait qu’il va pourtant devoir lutter tout en se laissant emporter par la beauté de ce qui l’entoure. Il faut dire que les très (mais alors très très) nombreux éléments de jeu ont pour la plupart été particulièrement soignés esthétiquement (cœur avec les Yokaï) et donnent immédiatement envie de se plonger dans une partie. Bref, c’est bien simple, dans la grande majorité de ses aspects, Bitoku est une ode poétique. Pourtant, il n’en demeure pas moins férocement (et délicieusement) compétitif.

Qui a dit qu’un esprit bienveillant ne pouvait pas aussi être un peu opportuniste ?

Eh oui, Bitoku n’est pas un jeu qui vous permettra d’atteindre le dernier degré de votre spiritualité en vous vautrant simplement dans la contemplation. Pour y parvenir, il faudra démontrer que vous êtes l’esprit le plus vertueux (mais aussi le plus aiguisé). Plus concrètement, le jeu va proposer aux joueurs de jouer des cartes Yokaï (comprenez des petits êtres de la forêt qui sont là pour vous aider). Ceux-ci activeront des capacités et débloqueront des dés que vous pourrez ensuite aller jouer sur le plateau principal (pour activer encore d’autres capacités). Il s’agira de construire des bâtiments, de collecter des tuiles Rochers, de réunir des Mitamas et des Libellules, de faire évoluer vos pèlerins sur le chemin de la sagesse et même de faire acte de contrition en traversant la rivière sacrée de Kurirakugan…

Vous l’avez compris, il s’agira donc de faire plein de choses (et encore, on n’a pas cité toutes les possibilités). C’est évidemment ce qui fait la grande force de Bitoku. Chaque tour et chaque décision engendre son lot de réflexion tant les actions possibles sont nombreuses. D’ailleurs, elles le sont presque autant que les moyens de marquer des points de victoire. A ce sujet, il vous faudra tenter de satisfaire aux conditions de vos cartes objectifs mais il vous faudra également construire votre chemin de Bitoku, progresser sur les pistes Kodama ou encore avoir disposé des pèlerins autour de vos rochers comme sur le chemin de la sagesse. Ne soyez pas frustrés, il ne sera pas possible de tout faire (mais ce sera terriblement tentant d’essayer quand même).

Choisir c’est renoncer (mais renoncer, c’est peut-être gagner)…

Certes, de prime abord, Bitoku peut sembler un peu intimidant. D’ailleurs, il ne s’en cache pas, il se réserve à des joueurs aguerris. Les nombreuses règles et la pléthore d’actions possibles comme de chemins vers la victoire ne manqueront pas de faire chauffer les méninges des aspirants-Grand Esprit. D’ailleurs, faites-en votre deuil, votre première partie risque d’être un peu brouillonne. Il vous faudra en effet un petit peu de temps pour vous familiariser avec les nombreux recoins du plateau et avec les différentes icônes qui y fourmillent. Cela dit, une fois le « quart d’heure d’observation » dépassé (bon ok, un peu plus d’un quart d’heure), il se révélera fluide (si, si) et dévoilera une très belle courbe d’apprentissage en plus d’une rejouabilité accrue.

Bref, avec un thème fort et parfaitement retranscrit, avec des mécaniques nombreuses mais bien huilées et avec un matériel aussi soigné que pléthorique, Bitoku saura aisément séduire les joueurs experts qui lui en donneront la chance

Bitoku, un jeu Germán P. Millan, illustré par Edu Valls, édité par Devir pour la version originale et par Iello pour la version française.

Nombre de joueurs : 1 à 4

Âge : dès 14 ans

Durée moyenne d’une partie : 90 minutes

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