Quel enfant (ou même adulte) ne s’est jamais amusé à déstructurer mentalement les animaux pour les recomposer au gré de son imagination ? La présence de griffons, de centaures, de harpies et même du Minotaure et du Sphinx dans la mythologie grecque démontre que ce jeu est (presque) aussi vieux que le monde. Game Flow, une jeune maison d’édition grenobloise, a eu la bonne idée de créer un jeu de société sur ce concept. On a tenté l’expérience Chimère pour vous.
Dans son infinie sagesse, le roi a décidé de doter le royaume d’un nouvel emblème. Manquant d’imagination, il convoque différents magiciens et les charge de créer un animal fantastique qui sera digne de figurer sur les royaux étendards. La compétition est lancée mais attention, le roi a des exigences et seuls les animaux y répondant seront retenus. Magiciens, à vos baguettes !
Chimère se joue en trois années (comprenez trois manches), elles-mêmes divisées en saisons. Pour chaque saison, les magiciens vont devoir créer un animal répondant à deux critères. Par exemple, il faudra créer une chimère à la fois agressive et rapide pour l’été tandis que pour l’automne, c’est un animal aussi lourd que beau que souhaite le roi. Pour réaliser leurs créations, les joueurs disposent de trois pioches composées respectivement des têtes, des corps et des arrière-trains d’animaux. Quand le départ est donné, chaque joueur prend des tuiles dans ses pioches (ou dans celles d’un adversaire d’ailleurs) et commence à composer ses animaux. Une tuile ne vous convient pas, aucun souci, posez-là sur le plateau d’un adversaire, c’est le genre de cadeau empoisonné qu’il va adorer. Fourberie quand tu nous tiens.
Mon Camigmouth, il bouffe ton Escourier !
Une fois le plateau rempli, chaque joueur dispose d’un peu de temps pour réarranger ses parties d’animaux et essayer de limiter les dégâts des tuiles pourries posées chez lui par ses adversaires. Enfin, vient le temps de la comparaison entre les chimères et donc de l’attribution des points de victoire. Le petit plus, le Concours de la Reine qui récompense le joueur qui peut présenter l’animal répondant à un unique critère. Par exemple, la monstruosité composée d’une queue de seiche, d’un corps de mygale et d’une tête d’escargot a toutes ses chances dans la catégorie « Chimère ridicule ».
Vous l’avez compris, Chimère est donc un jeu assez délirant qui part vite dans un joyeux chaos au moment de la pioche des différentes tuiles. C’est à la fois fun et rythmé et il faut souligner l’originalité dans la mécanique de jeu. Le fait de pouvoir balancer ses tuiles dégueulasses chez les autres et la présentation de chimères parfois affreusement ridicules créent une chouette interaction entre les joueurs. Au niveau des règles, elles sont relativement simples et permettent une prise en main rapide.
Question matos, on peut dire que l’éditeur a bien fait les choses. Là où d’autres se seraient contentés d’une grosse dizaine d’animaux à déstructurer, Game Flow fait littéralement déborder sa boîte de jeu. De la plante carnivore au mammouth en passant par le requin, l’aigle, le lion, le caméléon et tant d’autres, il y en aura pour tous les goûts. De plus, c’est l’excellent Biboun qui illustre le jeu et ça, comme à chaque fois, c’est un réel gage de qualité.
Un an après sa sortie, Chimère continue de faire l’unanimité dans les salons de jeu et dans les différents festivals puisqu’il était encore en lice pour le Prix du public au Festival Ludimania le week-end dernier. Bref, du début (ou de la fin) de soirée entre amis au dimanche après-midi en famille, Chimère est de ces jeux qui trouvent facilement leur place. Rafraichissant.
Chimère, un jeu édité par Game Flow et distribué par Blackrock Games
Âge : à partir de 8 ans
Nombre de joueurs : de 2 à 5
Durée moyenne d’une partie : 30 minutes