Pour tout le monde, cet homicide suivi d’un suicide au sein de la prison devait être une affaire bouclée en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. C’était sans compter sur le flair et la pugnacité de l’inspectrice Linda Caruso, en charge de l’affaire. A peine a-t-elle posé les yeux sur les cadavres des deux détenus que de troublants détails font vaciller les hypothèses que d’aucuns prenaient déjà pour des certitudes. Premièrement, comment Gaffney, le chétif junkie a-t-il pu poignarder sans coup férir un colosse faisant trois fois son poids et réputé pour sa brutalité ? Ensuite, pourquoi le nouvel assassin et futur suicidé s’est-il comporté si étrangement avant de se pendre ? Plus l’enquête progresse et plus la nervosité se fait sentir tant chez les gardiens que chez les détenus. Alors que Linda tente de faire tomber les masques, les pistes se brouillent et on en vient à se demander qui, dans cette prison, mérite vraiment sa place devant les barreaux plutôt que derrière.
Véritable polar aux allures de roman graphique plus que de bande-dessinée, Dead Inside fait partie des ovnis bédéesques qui sortent des sentiers battus. Le scénario bien ficelé aurait pu trouver sa place dans un bon roman noir et les lecteurs se surprendront à enquêter dans les pas de l’inspectrice Caruso en cherchant à deviner à qui appartient cette silhouette qui fuit une scène de crime ou à scruter les visages des protagonistes en quête d’un indice. Concernant les dessins, il faut souligner le style peu conventionnel adopté par Toni Fejzula. Les teints sont cireux, les visages fatigués, les traits tirés, on dirait que tous les personnages (ou presque) de cette histoire sont en fin de vie ou entrevoient avec lassitude le jour du Jugement Dernier. Il faudra une bonne quinzaine de pages pour s’habituer au style et vraiment rentrer dans l’histoire mais une fois l’immersion faite, elle se révèle plutôt efficace. Ces dessins caractéristiques contribuent en effet à insinuer progressivement une ambiance poisseuse qui ravira autant qu’elle déstabilisera tous les lecteurs qui auront la bonne idée de se laisser entraîner dans ce huis-clos à couteaux tirés.
A l’issue de l’enquête, une bonne surprise nous attend car l’album a été enrichi d’un sketchbook où les auteurs détaillent les premières esquisses des personnages et les adaptations qu’ils ont apportées à ceux-ci au fur et à mesure du développement du scénario. Une chouette petite surprise qui nous dévoile un peu les coulisses de la création. Inattendu et apprécié.
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