23 ans. Il s’est écoulé 23 longues années depuis la sortie initiale de Doom, en 1993. A cette époque, id Software venait d’apporter sa pierre à l’édifice de la culture mondiale, en créant le pionnier des jeux vidéo en trois dimensions, créant par la même occasion le jeu de tir à la première personne (FPS). Une véritable révolution. Par la suite, la belle histoire a continué avec un deuxième épisode très bien accueilli, suivi de nombreuses extensions. Puis, progressivement, le soufflé est retombé, la cote de popularité de la saga avec lui. Avec Doom 3, qui délaissait l’action frénétique au profit d’un aspect survival horror poussé, id Software n’a pas réussi à faire repartir sa licence. Jusqu’à aujourd’hui, et la sortie de ce nouveau Doom, reboot d’une saga historique qui mérite un bel hommage.
Passeport pour l’enfer
On l’a dit, ce nouveau Doom entend bien mettre de côté sa parenthèse survival horror pour reprendre la recette qui a fait son succès il y a plus de vingt ans de cela, et ça se ressent dès les premiers instants. L’introduction du jeu donne en effet le ton : le personnage se réveille sur la table d’opération d’une base de l’UAC, agrippe d’entrée un pétard pour exploser les tronches des 4-5 ennemis qui traînent dans les environs, puis se glisse dans son armure Predator de compétition. Après avoir fracassé, sans sommation, l’ordinateur qui indique gentiment la situation à laquelle il est confronté, notre valeureux héros continue son chemin, démolissant joyeusement chacun des monstres qui se dressent sur son chemin.
Comme si cette violence presque naturelle ne suffisait pas, les développeurs ont pris le soin d’inclure une petite nouveauté qui ajoute un peu plus de brutalité aux affrontements : les Glory Kills. Le concept est on ne peut plus simple, mais fonctionne admirablement bien. Une fois qu’un ennemi est quelque peu amoché, une pression sur le stick analogique droit lance une exécution dans les règles, façon Fatality de Mortal Kombat. Les têtes éclatent, les bras sont coupés, et chaque ennemi a droit à plusieurs animations différentes en fonction de la position du joueur et de celle de son viseur.
Doom est extrêmement nerveux, bien plus que la très grande majorité des FPS actuels, et fait très clairement figure de fast-FPS à l’ancienne. Comme toujours, rester statique dans les environnements serait une très mauvaise idée, les ennemis ayant tendance à surgir en masse et à tenter de nous acculer pour peu que l’on soit un peu trop immobile.
L’enfer du décor
Si reprendre une vieille recette et tenter de la suivre à la lettre peut avoir un bel effet, en titillant notamment la corde nostalgique de bon nombre de joueurs, il existe en revanche un revers de la médaille qui peut en gêner certains autres. En effet, les exigences d’une production en 2016 ne sont plus les mêmes qu’il y a une vingtaine d’année de cela, et le paysage vidéoludique actuel a mis en place quelques codes auxquels il est difficile de déroger. Par exemple, on a eu un peu de mal avec l’absence quasi-totale de scénario de ce Doom, quand même des MOBA comme Battleborn s’efforcent de proposer une intrigue cohérente pour amener leurs principes de jeu.
En proposant un scénario plus élaboré, Doom aurait pu gommer son deuxième défaut (qui n’en est pas vraiment un, à vrai dire) : celui de proposer uniquement trois environnements différents. Comme à la belle époque, le titre ne propose en effet de se balader que dans les couloirs d’une base de l’UAC, les plaines désertiques de Mars ou les méandres de l’Enfer. Same old routine. Avec une intrigue un peu plus élaborée, id Software aurait pu nous amener à découvrir des choses un peu différentes que ce à quoi on a été habitué. Quoi qu’il en soit, Doom reste très bon dans ce qu’il sait faire, et les décors, aussi classiques soient-ils, sont absolument magnifiques.
Grâce à l’id Tech, le moteur propriétaire nouvelle génération du studio, on en prend une fois de plus plein la vue. Le mélange entre le métal et les éléments organiques, si cher à la série, est une fois de plus magnifique – dans son style, tout du moins – et fait réellement son petit effet. Au niveau de la bande-son, c’est également du très, très bon, avec du gros heavy metal qui rythme à la perfection les joutes sanglantes de la campagne.
Enfin, Doom ne serait pas ce qu’il est sans son mode multijoueur. Forcément, celui-ci est de retour, pour des combats ultra rythmés. Le contenu proposé est très classique, et c’est surtout le mode SnapMap qu’on a trouvé excellent. Il s’agit d’un éditeur très simple d’accès, permettant de créer sa propre map, puis de la personnaliser esthétiquement. Si la communauté suit, cela pourrait être réellement intéressant, et on a hâte de voir de quoi certains petits génies sont capables.