Edge of Eternity : un jeu ambitieux à la française
Edge of Eternity est un JRPG produit par Midgar, un petit studio indépendant du Sud de la France. Réunis par une passion commune des JRPG old school, cette équipe de 13 développeurs fait le pari de nous délivrer un ambitieux jeu tactique en open-world.
Edge of Eternity se déroule sur Heryon, terre natale du héros Daryon, en guerre contre des envahisseurs Archélites technologiquement supérieurs. Lorsque le jeu commence, on apprend que les Archélites répandent la Corrosion parmi les peuples d’Heryon : une arme biologique, maladie mystérieuse qui semble empoisonner petit à petit le corps du malade.
Daryon et sa sœur Selene se sont donnés pour mission de parcourir le monde à la recherche d’un remède contre la Corrosion. Mission qui les mènera sans nul doute à accomplir une bien plus grande destinée.
Les ingrédients d’un (bon) JRPG
Edge of Eternity, c’est le fruit d’un travail passionné et une ode aux RPG des années 90. Le jeu reprend donc les codes du genre.
Un héros courageux à la shōnen, un scénario qui implique une grande destinée
A première vue, Edge of Eternity présente le scénario classique du héros de shōnen courageux, loyal, au départ insignifiant soldat anonyme mais qui se prépare à accomplir de grandes choses – comme largement sous-entendu dès le prologue. D’aucuns éléments qui ne sortent pas des sentiers battus. Pourquoi changer une recette qui fonctionne ? Cela donne à Edge of Eternity un côté familier ; le joueur sait à quoi s’attendre et se lance dans l’univers avec plaisir.
Au niveau du monde d’Heryon, là non plus, rien de bien différent de ce que l’on s’attend à croiser dans un JRPG. Un monde fantasy médiéval avec de la magie, des créatures et des monstres qui arpentent les plaines entre deux villes ou villages, des armes classiques comme des épées ou des bâtons magiques, etc.
Une direction artistique d’inspiration anime
Graphiquement parlant, impossible de passer à côté des inspirations JRPG. Le chara design des personnages a été pensé dans le style anime, avec des visages triangulaires, des grands yeux, des cheveux ébouriffés. Même les tenues des personnages, quoique moins extravagantes et colorées que dans certains autres jeux, sont détaillées à la manière d’un Fire Emblem ou d’un Ys. Si le héros, Daryon, est un épéiste tout de noir vêtu, sa sœur Selene, avec ses cheveux blonds, sa tunique dans les tons bleus et sa jupette, incarne parfaitement la prêtresse/support/healeuse qu’on s’attend à croiser dans n’importe quel JRPG. Mention spéciale à l’Empereur de Heryon, qu’on croise dès le prologue, dont la dégaine est tellement suspicieuse – les vêtements sombres, la capuche, les cernes, sans parler de la gemme incrustée dans l’une des mains – qu’on ne serait pas étonnés s’il s’avère être le réel némésis du jeu.
Une bande-son soignée dont les musiques restent en tête
Edge of Eternity s’illustre là encore parfaitement en tant que JRPG, puisqu’il en reprend les caractéristiques musicales. J’entends par là que chaque zone du jeu a sa propre musique, la plupart du temps entêtante. Sans oublier les petites notes de victoire à la fin de chaque combat, comme dans Final Fantasy ou Fire Emblem.
Une variété de personnages jouables
On peut également noter le système de party avec une variété de personnages jouables, et le système de combat tactique particulier à certains noms de JRPG comme la série des Tales of, mais je vais y venir tout de suite.
Un gameplay riche et varié
Rentrons dans le vif du sujet : le gameplay a été pensé avec un certain soin, ce qui rend le jeu très agréable à parcourir.
Un système de combat tactique
Le système de combat de Edge of Eternity est à la fois familier, dans le sens où c’est du tour par tour entre les alliés et les ennemis, et à la fois innovant. Les combats sont en vue dynamique, avec une barre d’action ATB qui se remplit au fur et à mesure. On apprécie particulièrement le terrain, découpé en cases hexagonales et qu’on peut utiliser stratégiquement. Se placer derrière un ennemi double les dégâts. Et certains terrains comportent des particularités qu’on peut exploiter à notre avantage, comme des balistes qu’on peut activer si on se place sur la même case, ou encore des cristaux qui ont différents effets comme soigner un petit nombre de points de vie à chaque tour, booster les attaques, etc.
Il est possible d’améliorer ses personnages avec de l’équipement, de changer les armes, et d’équiper les armes avec des cristaux que l’on peut trouver un peu partout – non sans nous rappeler les materias de Final Fantasy Remake. Les options de personnalisation sont immenses, puisqu’il est possible de crafter de nouvelles armes ou d’améliorer ses armes actuelles, mais aussi de fusionner des cristaux pour obtenir des cristaux plus puissants. Les héros montent de niveau mais les armes aussi, donc les plus tenaces d’entre nous pourront passer des heures à maxer toutes les armes et à les améliorer.
Le monde d’Heryon et ses quêtes
Heryon est un monde ouvert qu’on peut parcourir à souhait. Mais attention aux ennemis qui rôdent autour des routes. Les différentes zones d’Heryon sont un véritable plaisir à découvrir. À chaque fois que l’on arrive dans une nouvelle zone, on rencontre une nouvelle faune, une nouvelle flore, des nouveaux ennemis, un nouveau terrain, du nouveau loot, des nouveaux coffres. Ceux qui aiment l’exploration seront ne seront pas déçus.
Il y a également toute une ribambelle de quêtes annexes, et si beaucoup d’entre elles sont des quêtes de chasses, il y a aussi des quêtes intéressantes, qui nous en apprennent plus sur le lore du jeu.
Le petit bonus qui fait extrêmement plaisir : les cycles diurnes et nocturnes, ainsi que la météo qui fluctue. En plus de faire découvrir l’univers d’Heryon sous un nouveau jour, ces éléments peuvent influencer légèrement l’utilisation des magies élémentaires. En conclusion, le monde ouvert de Heryon tient absolument ses promesses.
Un petit studio qui fait de son mieux
Quelques imperfections
Edge of Eternity fait de son mieux pour tenir ses promesses. Mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un petit studio indépendant, et de temps en temps, cela se voit. En effet, au bout de quelques heures, le jeu a crashé plusieurs fois – je précise que l’ai testé sur une PS4 Pro achetée en novembre 2018. De plus, il arrive que les textures aient du mal à charger.
Le plus gros bémol, c’est que les textes sont si petits qu’il est impossible de les lire correctement. C’est peut-être parce que le jeu est d’abord sorti sur PC, mais sur une (grande) télé espacée de 1 ou 2m par rapport au canapé, certains textes comme les stats d’une arme ou d’un objet sont tout bonnement illisibles. Dommage qu’il n’y ait pas d’option d’agrandir les textes.
Petit budget ?
On ne va pas se mentir, en découvrant le prologue, je n’étais pas vraiment emballée. J’ai d’abord trouvé les personnages carrés, inexpressifs, les mouvements saccadés, les cinématiques assez statiques. De plus, la zone dans laquelle se déroule le prologue m’a parue assez pauvre en détails.
En revanche, dès la découverte du monde ouvert – heureusement très peu de temps après, j’ai été frappée de voir la finesse des éléments de la ville, le niveau de détails, le choix de couleurs. Finalement, j’ai trouvé le jeu très beau et très riche. Malgré le manque de budget, Edge of Eternity m’a fait voyager. J’avais envie d’y être, de poser mon campement au milieu de l’herbe mauve, sous un pissenlit géant qui scintille. De parcourir le monde à dos de Nekaroo, ces chats géants. De prendre une bière en terrasse dans une auberge à Herelsor, avec les deux lunes et les îles flottantes au loin. Oublier que le monde d’Heryon est ravagé par la guerre et la maladie.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=0GIto8V9UBQ&w=560&h=315]En définitive, avoir réussi à délivrer un jeu aussi beau, aussi complet, malgré un petit budget est une sacrée performance. Révérence à Midgar Studio, pour son jeu Edge of Eternity porté par une équipe de passionnés et son amour des JRPG. C’est un très bel hommage qui, pour 39,99 € (pour la version PS4), mérite d’être découvert.