Dans les jardins du Malabar doit se lire avec précaution, sans vouloir avaler les pages, car on a l’impression que chaque parole prononcée par les personnages sera une parole de sagesse et de connaissance.
Il m’a fait penser à une scène du film Le patient anglais, lorsque les arabes sauvent l’anglais des brûlures du désert. Ils chantent doucement en lui appliquant des onguents sur son visage, le soleil couchant filtrant à travers les fioles de substances connues d’eux seuls. C’est tellement beau.
C’est un livre que j’ai siroté par petites doses, parce que j’ai tout de suite senti que j’aurais du mal à m’en séparer. Il m’a accompagné, non seulement chaque soir après ma journée de travail, mais, et çà, c’était beaucoup plus dur, pendant la journée aussi.
Il raconte l’histoire d’Idris, originaire de Dikkir. Somalien, homme grand, mince et très noir de peau, Idris est un homme sans attaches et éternel voyageur. Il se retrouve sur les côtes du Malabar (côtes sud-ouest de l’Inde), là où jadis, il rencontra la belle Kuttimalu. De leur union aussi brève qu’intense, naquit un fils, Kandavar, dont il ne sut l’existence. Il le rencontre par hasard et reconnaît tout de suite que ce garçon âgé de 9 ans, est son sang. La ressemblance, la couleur de la peau si noire ne peut le tromper. Et cet homme, si solitaire sans pourtant jamais se sentir seul, sent naître en lui des sentiments nouveaux, la paternité et la responsabilité.
Et par un concours de circonstances, il l’emmène avec lui. Leur voyage les fera prendre la mer, vers des contrées lointaines et vers des hommes de pays différents, de traditions et de religions différentes.
Père et fils apprendront à se connaître, mais surtout Kandavar qui découvrira un homme empreint d’une grande sagesse, d’une indépendance farouche, d’un optimisme presque sans faille, d’une grande tolérance. Il admirera l’homme qui lit les étoiles et qui connaît plusieurs langues. Il s’étonnera devant l’homme qui sait aussi être dur devant l’injustice.
Je sais maintenant comment on pêche les huîtres à perles ! Quelle est la manière de conclure un marché. Comment est subdivisé le travail dans une concession de diamants. Comment distinguer un pur-sang. Ce qu’est une caste et comment elle fonctionne. Ce que les Néerlandais sont venus faire en mer d’Arabie.
Bon oui… J’exagère ! un peu.
Et qu’Idris est un personnage issu de la religion musulmane, un prophète ou un messager, qui lisait dans les étoiles, écrivait et taillait la pierre. (çà, c’est pas dans le livre, c’est une petite recherche sur internet).