Avec un peu de retard par rapport à tous les tests qui ont été pondus à droite et à gauche, je vous donne enfin mon avis sur Beyond : Two Souls que j’ai reçu la semaine dernière. Comme je vous le disais à ce moment là, j’ai attendu de finir le jeu et de le retourner dans tous les sens pour pouvoir me faire un avis vraiment complet plutôt que de sortir un billet dans l’urgence histoire de glaner quelques lecteurs curieux de plus.
Cette fois ça y est, donc. Jodie, Aiden et moi, c’est fini. Pour le moment du moins, parce qu’une suite n’est clairement pas à exclure au vu de la fin du jeu. Je ne vous en dirais pas plus et vous laisserais découvrir tout cela par vous-même si vous vous lancez dans l’aventure, mais il faut savoir que même si des portes restent ouvertes en fin de partie, on a clairement un paquet de réponses et une conclusion à cette belle aventure dans l’une des longues cinématiques de fin.
Oui, l’une des cinématiques de fin. Car comme dans Heavy Rain, le précédent jeu vidéo créé par David Cage, autant décrié qu’adulé, plusieurs choix s’offrent au joueur tout au long de l’aventure, et d’autant plus sur la fin, déterminant ce qu’il adviendra de Jodie, le personnage principal, mais également de ceux qui l’entourent. Du coup, je peux déjà vous dire que vous allez au moins refaire la scène finale une deuxième fois, histoire de. Si, si, je prends les paris.
Au final alors, qu’est-ce que ça donne ? Déjà, pour celles et ceux qui n’auraient jamais entendu parler de Beyond, un rapide topo. A l’image d’Heavy Rain, je qualifie le jeu de grand film interactif. L’histoire se déroule sous nos yeux, on joue un peu à droite à gauche, principalement par le biais de QTE, ces phases où on vous demande d’appuyer sur telle ou telle touche pour effectuer une action. Ces QTE déterminent également vos choix, puisqu’ils peuvent faire en sorte qu’en une fraction de seconde, un mauvais réflexe, vous pouvez cliquer sur R1 et coller une balle dans la tête de ce type devant vous et changer le cours des événements. Le scénario nous place dans la peau de Jodie, une jeune femme très spéciale puisque reliée depuis sa plus tendre enfance à une entité, une sorte de fantôme, Aiden. Toute sa vie, elle l’a passé dans des labos, dans des chambres test, surveillés par des mecs en blouses blanches désireux de mieux la comprendre et, grâce à elle, d’en savoir plus sur l’inframonde.
Au cours de l’aventure, vous contrôlez donc Jodie, mais vous pouvez également passer à tout moment dans la “peau” d’Aiden, d’une simple pression sur Triangle. L’occasion de se servir des pouvoirs de l’entité pour aider Jodie ou pour foutre un joyeux boxon, par exemple. Pour vous donner un exemple, je me base sur une des premières scènes du jeu : Jodie est invitée à une petite fête d’anniversaire qui finit par mal tourner. Elle se retrouve alors enfermée dans une pièce par des gamins vicelards. Vous pouvez alors décider de simplement ouvrir la porte avec Aiden pour que Jodie puisse rentrer chez elle, ou bien aller punir les gosses en leur faisant valser des meubles sur la tronche, etc. Ou, si vous êtes un peu plus sadiques, vous pouvez carrément décider de foutre le feu à la baraque. Les possibilités sont nombreuses et, surtout, le plaisir est IMMENSE de contrôler une âme que personne ne voit. Les exemples sont nombreux et toujours plus pertinents au fur et à mesure qu’on progresse dans le jeu. Un vrai régal. Par ailleurs, la narration est vraiment bien fichue. On suit la vie de Jodie depuis sa jeunesse jusqu’à l’âge adulte, avec des aller-retours temporels (une scène enfant, une adulte, puis ado, puis enfant, etc.) qui rompent avec la monotonie qui pourrait s’installer. On découvre les infos sur Jodie et Aiden au fur et à mesure, et c’est vraiment bien foutu.
C’est techniquement que le jeu fout une claque. Graphiquement, le titre est une petite merveille et certaines scènes sont absolument bluffantes. Il m’est arrivé sur l’une ou l’autre scène, particulièrement sur les gros plans de certains visages, de me demander s’il s’agissait ou non de synthèse ou si les développeurs n’avaient pas collé des images filmées. Il faut dire que le studio a utilisé des techniques de motion capture faciales de grande qualité, ce qui a permis aux acteurs Ellen Page (Inception, X-Men) et William Dafoe (Spider-Man) d’être directement intégrés dans le jeu et devenir de véritables premiers rôles à l’écran. Un an de tournage aura été nécessaire au total, ce qui n’est clairement pas rien. Les différents décors dans lesquels Jodie évoluent sont également magnifiques : j’ai été bluffé du début à la fin !
Clairement, Beyond : Two Souls m’a conquis. Pourtant, tout n’est pas tout rose et quelques défauts gênants subistent. Premier souci, le moins important, à mon sens : les déplacements sont parfois un peu laborieux, surtout lorsque la caméra change lors de certains plans fixes. RIen de bien grave pour autant. En revanche, le défaut qui est bien plus handicapant pour le titre, et qui se ressent particulièrement pour les joueurs qui ont aimé Heavy Rain, c’est l’impression d’être un peu trop spectateur de ce jeu/film qui se déroule. Oui, on agit régulièrement. En revanche, j’ai eu l’impression que les actions étaient beaucoup moins déterminantes que dans le précédent titre de Cage. Concrètement, qu’on fasse ou non telle action, qu’on sauve ou pas tel type, on a l’impression que le fil de l’aventure se déroule grosso modo de la même manière, là où les embranchements étaient clairement différents dans la précédente aventure. J’avoue m’en être bien contenté personnellement, mais je sais que ce défaut gâchera le plaisir de pas mal de monde. Enfin, dernier petit souci à mon sens : la durée de vie. Comptez 8-10 heures pour boucler le soft, ce qui fait assez léger. Trop léger, même si la rejouabilité reste importante.
Allez, malgré tout, il ne faut pas bouder son plaisir et, à mon sens, on se doit d’encourager ce genre de projets pour ne pas se retrouver qu’avec des titres uniformes, des énièmes FPS et autres jeux de sport. David Cage et ses jeux ne sont pas parfaits, mais ils ont le mérite d’exister et de proposer des aventures inoubliables. Et c’est pour ça qu’on aime le jeu vidéo.
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