« Cinq ans après la fin de la Guerre de Sécession, le capitaine Jefferson Kyle Kidd, vétéran de trois guerres, sillonne le pays de ville en ville en qualité de rapporteur public et tient les gens informés, grâce à ses lectures, des péripéties des grands de ce monde, des querelles du gratin, ainsi que des plus terribles catastrophes ou aventures du bout du monde. En traversant les plaines du Texas, il croise le chemin de Johanna, une enfant de 10 ans capturée 6 ans plus tôt par la tribu des Kiowa et élevée comme l’une des leurs. Rescapée et renvoyée contre son gré chez sa tante et son oncle par les autorités, Johanna est hostile à ce monde qu’elle va devoir rejoindre et ne connait pas. Kidd accepte de la ramener à ce domicile auquel la loi l’a assignée. Pendant des centaines de kilomètres, alors qu’ils traversent une nature hostile, ils vont devoir affronter les nombreux écueils, aussi bien humains que sauvages, qui jalonnent la route vers ce que chacun d’entre eux pourra enfin appeler son foyer »
Western paternaliste
Paul Greengrass, réalisateur connu et reconnu pour la célèbre saga de films d’action Jason Bourne, s’essaye au genre western avec La Mission (News from the world en VO). Privé de sortie en salle pour des raisons que l’on imagine facilement, c’est sur Netflix que le long-métrage a débarqué le mois dernier. En tête d’affiche, Tom Hanks dans le rôle d’un vétéran de guerre devenu rapporteur public – rôle qui lui sied à merveille – et la toute jeune (et excellente révélation) Helena Zengel qui incarne l’orpheline Johanna.
La Mission est un road-movie à travers l’Ouest américain, une rencontre entre deux êtres qui ont tout perdu. Le nom de Paul Greengrass, réalisateur au style coup de poing, spécialiste de l’action filmée à l’épaule, étonne pour ce genre de film. Comme une promesse de revisiter le western, d’en proposer sa propre lecture. Promesse qui ne sera pas tenue puisque notre homme fait le choix d’adapter un récit (Des nouvelles du monde de Paulette Jiles) au canevas classique, presque paternaliste. Pour coller au récit, sa mise en scène se fait alors plus codifiée, emprunte d’un certain classicisme. Une réalisation plus lisse mais pas moins bonne pour autant.
Lisse, classique, codifié ; ainsi pourrait-on qualifier La Mission. Un bon western, à la photographie soignée, aux décors dépaysants, au scénario dirigiste mais non moins efficace, où la performance d’acteur est d’excellente facture (Hanks en paternel protecteur, un rôle taillé pour lui). Une recette qui fonctionne à merveille, si l’on oublie les mécaniques inhérentes au genre : la tempête, la fusillade avec les bandits et autres déconvenues. Tellement classique que le long-métrage pourrait sembler fade, c’est sans compter sur son sous-texte autour du travail de deuil, de la tolérance, de la communication, de l’acceptation de l’autre. Mais surtout, La Mission raconte le rôle de la presse, du storytelling dans une époque meurtrie, violente, croulant sous le poids de son passé ; une Amérique divisée. Miroir de notre époque. Malheureusement, trop balisé, trop attendu, trop simpliste dans son analyse, même si résolument solide, le récit n’emporte pas totalement le spectateur. Car, si le message est bon, Greengrass a oublié d’y mettre une dose d’émotion.
Grandiose et minimaliste dans la proposition, La Mission offre un rôle taillé sur mesure à Tom Hanks. A la manière de True Grit, le film offre un western au charme certain, mettant en scène la rencontre entre deux personnages fracassés. Un spectacle que l’on regrettera de ne pouvoir voir en salle. Une belle proposition, de quoi passer un bon moment, pour une Mission que l’on oubliera malheureusement assez vite.