Il n’y a pas si longtemps, Funforge se muait en Charles Darwin pour nous faire découvrir le côté ludique de l’évolution. Désormais, il remet le couvert mais non sans s’être équipé d’une tenue de plongée pour nous entrainer sous la surface de l’eau (et parfois même jusque dans les intrigantes abysses). Découverte d’Océans…
Quiconque a déjà observé un Bernard l’Hermitte, a déjà marché sur un oursin ou s’est interrogé plus de cinq secondes sur le concept même de « poisson volant » le sait avec une certitude absolue : le monde maritime n’a pas été épargné par le génie (parfois un peu fou) de l’évolution. Dans sa grande sagesse, il semble que Dame Nature ait choisi de transformer les océans en un immense terrain de jeu (et d’expérimentations douteuses). Franchement, ce ne sont pas quelques-unes des créatures qui y rôdent qui iront dire le contraire (oui, on parle de vous le requin-marteau et le blobfish)… Bref, un immense terrain de jeu disions-nous… Mais alors, pourquoi n’irions-nous pas y jouer nous-aussi ?
Glissons-nous dans les écailles de Poséidon…
Sur le fond (marin), Océans n’est pas très différent de son homologue terrestre Evolution mais attention, il n’en est pas une simple copie aquatique non plus. Même si le principe de créer des espèces en leur assignant des traits et en tentant de les préserver de l’extinction (et de la surpopulation) reste le cœur du jeu, Océans n’en dispose pas moins de mécaniques originales et qui le différencient de son alter-ego non-marin.
Ici, les joueurs vont donc jouer aux apprentis Poséidon, c’est-à-dire qu’ils vont être appelés à créer toutes sortes d’espèces sous-marines. Pour cela, ils devront jouer certaines cartes Trait afin de doter leurs espèces des meilleurs atouts en vue de leur survie. A titre d’exemple, pouvoir cracher de l’encre dissuadera bon nombre de prédateurs de les attaquer alors qu’avoir des tentacules (ce qui est sincèrement très pratique) leur permettra de mieux se nourrir. Cela dit, créer des espèces, c’est bien mais il faudra aussi penser à nourrir tout ce petit monde en allant ponctionner des poissons dans le récif et dans l’océan ou, pour autant que votre espèce puisse se muer en prédateur, en attaquant purement et simplement les espèces des adversaires (voire les vôtres). Et enfin, le temps n’épargnant personne (non, pas même les superprédateurs à tendance sociale et symbiotique), il faudra faire vieillir toutes vos espèces en leur retirant à chacune un jeton population (qui constitueront de précieux points de victoire en fin de partie).
La richesse sous-marine du monde connu et inconnu
Jusque-là, le fonctionnement du jeu est assez simple et pourtant, il regorge de subtilités qui le rendent particulièrement attrayant. Déjà, lorsque les différentes zones de l’océan se vident de leurs poissons (c’est-à-dire au fur et à mesure de l’avancement de la partie), des effets scénaristiques vont venir modifier le cours du jeu. Des courants chauds inattendus, une redoutable contagion qui ne tardera pas à se répandre à toutes les espèces, une radiation solaire, … on en passe et des meilleurs (ou des pires, c’est selon). De la même façon, à peu près au milieu de la partie, la mystérieuse explosion cambrienne va survenir, accélérant définitivement le rythme du jeu.
Cela dit, ce qui nous a particulièrement séduits dans Océans, ce sont les cartes Abysses. Celles-ci, chacune en exemplaire unique, proposent des traits puissants et surtout complètement fantasmés sur ce qu’abritent les inquiétantes et inexplorées profondeurs sous-marines. Certes, elles sont souvent coûteuses mais quel plaisir de faire de son espèce un Kraken à fanons, une hydre parasitaire ou encore de la doter d’épines toxiques et régénératrices.
En conclusion
Tout en restant parfaitement accessible, Océans est un jeu original doté d’une mécanique habile et efficace. Si les traits de base ne sont pas très nombreux (12 en tout), leurs combinaisons sont infinies et ce, plus encore dès que les cartes Abysses entrent en jeu. L’ajout des cartes Scénario aux possibilités déjà induites dans la variété des espèces fait d’Océans un jeu dont les parties se révèlent très diversifiées et pour lequel de nombreux chemins sont susceptibles de mener à la victoire. Parce qu’après tout, et même dans les profondeurs sous-marines, la vie trouve toujours un chemin n’est-ce pas ?
Océans, un jeu de Nick Bentley, Dominic Crapuchettes, Ben Goldman & Brian O’Neill, édité par Northstar Games Studio et en français par Funforge.
Nombre de joueurs : 2 à 4
Âge : dès 12 ans
Durée moyenne d’une partie : 1h à 1h30