Décidément, les équipes de Matagot aiment la neige, le froid et l’adversité. Après nous avoir enfermés dans un avant-poste gelé (et mal fréquenté) au cœur de l’Antarctique, les voilà qui nous font emprunter les routes glacées d’un univers post-apocalyptique pour le moins polaire. Découverte de Last Aurora…
Une dernière guerre nucléaire plus tard et le constat est sans appel : il n’y a plus de saison (ma p’tite dame). Les retombées radioactives de la dernière folie guerrière des hommes ont en effet condamné les pays du nord à devenir un désert gelé. Perdus au cœur de cet enfer de glace, les derniers survivants luttent contre le froid et l’épuisement. Ils le savent, s’ils sont encore ici dans quelques semaines, l’hiver aura raison d’eux. L’heure est donc au fatalisme. Ou plutôt l’était car contre toute attente, un message radio a fait renaître l’espoir. L’Aurora, le dernier brise-glace répertorié, longe actuellement la côte à la recherche de survivants. Il pourrait être votre planche de salut mais vous cherchez à tempérer l’enthousiasme qui s’est emparé de votre groupe. Vous le savez, l’Aurora ne s’éternisera pas. Il ne prendra pas le risque de se retrouver lui-même prisonnier de la glace. Pour y monter, il faut donc vous dépêcher d’engloutir la distance qui vous sépare encore de la côte. Mais vos ressources sont comptées… et vos ennemis impitoyables.
Ice Ice Baby…
Lats Aurora est donc un jeu post-apocalyptique prenant la forme d’une course contre la montre et qui vous mettra à la tête d’un convoi pour le moins badass. Au début du jeu, les joueurs ne disposent que d’un camion en mauvais état tirant un container ayant lui-aussi connu des jours meilleurs et le tout, seulement piloté par deux membres d’équipage, un chef et une co-pilote. Hum Hum. Parti comme c’est là, gageons que les bookmakers ne donneraient pas une grosse cote à vos chances de survie. Mais qu’à cela ne tienne, c’était sans compter sur votre habileté toute mad maxienne à conduire sur des routes gelées, à votre capacité à recruter de nouveaux membres d’équipage et bien sûr à résister aux attaques brutales des gredins qui peuplent la région.
Plus concrètement, lors de chaque tour, les joueurs vont utiliser les compétences de leur équipage pour aller glaner des cartes situées dans la zone d’exploration du plateau (et accessoirement profiter d’une action bonus). Il pourra s’agir d’interagir avec un personnage, de recruter de nouveaux survivants, de récupérer des ressources ô combien précieuses et d’améliorer votre convoi (toujours plus rapide, toujours plus robuste et toujours plus armé).
Ensuite, il faudra évidemment parcourir la lande gelée pour tenter de rejoindre l’Aurora avant que celui-ci ne vous abandonne à votre triste sort (d’où l’intérêt d’un camion rapide et d’une bonne réserve de fioul !). Dans un monde idéal (mais apocalyptique quand même), votre partie de périple aurait pu s’arrêter là mais non, dans votre malchance, il fallait en plus que votre petit coin d’enfer gelé pullule de vilains bandits. En effet, pour peu qu’un ennemi ait été révélé lors de la phase d’exploration, une embuscade survient, condamnant tous les convois situés dans la même région que le joueur le plus avancé à subir une attaque en bonne et due forme (mais voyez le bon côté des choses, les ennemis se promènent toujours avec leur butin).
Tombe la neige (et les survivants)
Avant de vous donner notre avis sur le fond du jeu, arrêtons-nous quelques instants sur son thème. Celui-ci est très accrocheur et très réussi. Les illustrations du plateau comme celles des cartes collent parfaitement à l’univers du jeu et il se dégage de Last Aurora un très agréable parfum de Frozen Mad Max. L’impression d’immersion est réelle et d’ailleurs, à peine la partie entamée, on aurait presqu’envie d’aller chercher ses moufles et son bonnet (et son AK-47).
Quant à la mécanique, elle fonctionne elle-aussi très bien. L’aspect course et le surgissement inopiné d’adversaires coriaces confèrent au jeu un aspect nerveux et dynamique. Pour autant, il est aussi un vrai jeu de gestion où il sera important de recruter les bonnes personnes, de ne pas tomber à court de ressources et de disposer d’un convoi digne de ce nom. Quant au facteur chance, il est assez présent. D’aucuns diront trop (probablement ceux qui se seront fait voler un butin précieux) mais à notre sens, il ajoute une certaine tension à la partie. Oui, même la meilleure arme peut s’enrayer et non, ce n’est pas toujours le meilleur artilleur qui repart avec la timbale. C’est comme ça, un désert gelé est forcément plein d’aléas, non ?
Et pour terminer sur le contenu du jeu, il nous faut encore souligner trois choses appréciables. La première est la présence d’un mode solo très respectable. La seconde est la présence de deux modules complémentaires destinés à diversifier le jeu (l’un permettant aux joueurs d’engager le combat entre eux et l’autre d’accroître encore un peu plus l’aspect radioactif de votre environnement). Et La troisième est le côté verso du plateau qui, en plus d’être lui-aussi plus radioactif, vous fera traverser un canyon et un fjord particulièrement propices aux avalanches.
Alors, qui deviendra la nouvelle Reine des Neiges en se libérant, délivrant de l’emprise de la glace ? (pardon, on était obligé de faire la référence)
Last Aurora, un jeu de Mauro Chiabotto, illustré par Skeleton Crew et édité en français par les éditions Matagot.
Nombre de joueurs : 1 à 4
Âge : dès 13 ans
Durée moyenne d’une partie : 60 minutes