Sorti il y a quelques années déjà, Maharaja revient sur le devant de la scène ludique. Sous la houlette d’Intrafin Games, il a bénéficié d’une complète réédition pour se présenter aujourd’hui plus chatoyant que jamais (mais toujours aussi tendu et calculatoire). Muni de notre bâton de pèlerin, nous avons arpenté les rives ludiques du Gange…
La ville est en liesse. Il se murmure que le Maharaja arrivera dans quelques heures et déjà, chacun imagine l’imposant éléphant sur le dos duquel le suzerain déambulera dans les rues et les ruelles. Depuis votre sanctuaire, vous observez d’un œil satisfait la statue que vos ouvriers viennent d’ériger sur la place centrale. En la voyant, le Maharaja ne manquera pas de s’émerveiller devant la dévotion des habitants envers la divinité la plus importante à vos yeux : le puissant Ganesh !
On a érigé la statue de Shiva, le Maharaja en répondra-a-a-a
Maharaja se présente comme un jeu de contrôle de territoires dans lequel chaque joueur va incarner le Grand Prêtre d’une des quatre principales divinités indiennes. Sur le (gigantesque) plateau, sept villes du sous-continent indien sont représentées et séparées entre elles par des routes bordées de petits villages. Au fur et à mesure du jeu, le Maharaja visitera plusieurs de ces villes et récompensera les joueurs qui seront parvenus à y imposer le culte de leur divinité en y bâtissant statues et sanctuaires.
Concrètement, à chaque tour, les joueurs vont secrètement programmer leurs actions à l’aide d’un disque d’actions. Il pourra s’agir de construire des statues, des sanctuaires, de glaner des pièces d’or ou encore de changer de personnage mais toujours avec le même objectif : augmenter sa valeur de culte dans la ville où le Maharaja devrait (supposément) se rendre. C’est en effet là le cœur du jeu. Pour espérer gagner les récompenses promises par le Maharaja, il faudra non seulement s’assurer que votre divinité soit vénérée dans la ville visitée mais aussi tenter de dépasser les divinités adverses sur l’échelle de la dévotion.
Ça twiste le long du Gange
Jusque-là, Maharaja semble assez simple et pourtant, il fait partie de ces jeux très habilement construits. Si l’essence même de la mécanique reste le contrôle de territoires, elle est intelligemment accompagnée par plusieurs twists qui viennent pimenter le jeu. Parmi ceux-là, notons d’emblée l’interaction entre les joueurs (trop souvent absente dans ce type de jeux). Ici, à la faveur d’une action, les joueurs pourront s’emparer du personnage d’un adversaire afin de s’octroyer le bonus qu’il confère. De même, une autre action permettra de modifier l’ordre des villes dans lequel le Maharaja se rendra. Ce point est essentiel car utilisé à bon escient, ce coup (fumeux) peut s’avérer très efficace et ruiner la stratégie patiemment mise en place par un adversaire.
Cela dit, le jeu est aussi doté d’autres subtilités qui le distinguent des jeux classiques de contrôle de territoires. Il s’agira notamment de réussir à déplacer son Prêtre le long des routes reliant les villes sans devoir (trop) arroser les détenteurs de sanctuaires dans les villages traversés. Il s’agira aussi de choisir avec soin les bonus obtenus ainsi que le personnage joué (et savoir en changer au moment opportun).
Et au final, qu’en pensons-(Vish)nous ?
Maharaja nous avait déjà laissé un bon souvenir à l’époque et celui-ci n’en est que renforcé avec cette nouvelle édition. Le jeu a gagné en couleurs (presqu’autant qu’un stand d’épices sur le marché de Dehli) et il dispose d’un matériel pléthorique (et de qualité même si d’aucuns regretteront le tout au plastique). Le plateau est parfaitement lisible et les règles limpides.
Quant à la mécanique, elle est efficace et les quelques twists que nous avons mentionnés permettent de ne pas tomber dans un jeu très classique. En outre, et c’est là un très bon point, le jeu propose différentes variantes via l’ajout de tuiles (règle ou décompte) qui modifient le déroulement d’une partie. La rejouabilité du titre en sort incontestablement grandie.
Enfin, le thème du jeu est respecté et les couleurs chatoyantes autant que les illustrations permettent de se plonger dans une Inde aux doux parfums hindouistes. Le seul petit bémol (mais c’est vraiment pour ergoter) est le peu d’implication finale du dieu auquel nous vouons notre culte. Octroyer une capacité spéciale à chacun des quatre dieux vénérés aurait sans doute permis des parties asymétriques mais ne boudons pas notre plaisir, Maharaja n’a pas besoin de ça pour être un très bon et très subtil jeu de contrôle de territoires.
Maharaja, un jeu de Wolfgan Kramer et de Michael Kiesling, illustré par Samuele Gaudio, édité par Cranio Creations et en français par Intrafin Games.
Nombre de joueurs : 1 à 4
Âge : dès 12 ans
Durée moyenne d’une partie : 90 minutes