Oppenheimer est un film très attendu, et pour cause : le génie de Christopher Nolan revient au cinéma pour une expérience unique, avec un premier grand rôle au cinéma pour Cillian Murphy !
Une expérience organique
Nolan nous avait prévenus : l’ère de la fabrication de la bombe atomique revient plus vraie que nature. La mise en scène est organique, comme si l’on avait l’impression d’entrer directement dans le film. La performance époustouflante de Cillian Murphy reste en tête même après le visionnage : son allure et sa confiance accentue la détermination de celui qu’il incarne ! De nombreux plans le montrent en courte focale (objectif grand angle), ce qui déforme son visage et l’agrandit, comme pour déstabiliser le spectateur et même Oppenheimer lui-même, qui est souvent perdu face à sa propre personne.
Le film dure trois heures et contient beaucoup d’informations ; cependant, on ne s’ennuie jamais tant l’histoire est prenante. Le rythme est géré au millimètre près, avec un juste équilibre entre la lenteur et la précipitation : la tension et le calme factice cohabitent pour notre pure délectation. Il y a malgré tout trop de personnages pour que tous soient réellement développés.
La valeur auditive et sensitive d’Oppenheimer
Le travail sur le son est extraordinaire. La salle tremble, les cœurs vibrent, et les regards sont happés par les images qui déroulent au fil du son. Nolan, comme toujours, manie avec merveille l’image et le son, mais le niveau est encore plus élevé dans Oppenheimer, car le son rend l’image tangible et lui apporte de la matière. Sans bruit, la bombe atomique n’aurait pas le même effet sur le spectateur. En plus du son direct, la bande originale signée Ludwig Göransson participe à l’achèvement du chef d’œuvre : elle habille avec justesse chaque émotion du film, comme une longue partition qui participe à la symphonie du long-métrage.
Intrigues subjectives et complexités
Sans bruit, comment retranscrire l’effet de la bombe atomique ? Plusieurs séquences sont introspectives : elles incarnent les sensations du protagonistes. Ainsi, même si l’on ne voit pas directement la bombe atomique à certains moments, on la ressent, car Robert Oppenheimer la voit à travers son esprit. Il voit aussi ses conséquences. D’ailleurs, on ne voit jamais l’enfance d’Oppenheimer. Son parcours commence à partir de ses études sur la physique. Le choix est judicieux, car toujours relié au thème du film. Avant d’être un biopic sur J. Robert Oppenheimer, c’est l’histoire réelle de la création de la bombe atomique.
Peut-être manque-t-il quelques explications supplémentaires quant à l’achèvement des techniques et théories sur la physique quantique. Lorsqu’on n’y connait rien du tout, il est difficile de tout comprendre : mais là reste le mystère qui nous tient en haleine durant trois heures. Comment Oppenheimer et son équipe de physiciens ont-ils réussi à créer une telle arme ? Ce qui importe surtout, en tant que spectateur, est de voir le résultat des recherches.