Vous entendez ce petit grattement sinistre et ce rire sépulcral à l’extérieur ? C’est Halloween qui est à nos portes ! Et avec lui, la cohorte habituelle des livres et des jeux qui vont nous plonger dans l’indescriptible ambiance d’un bon vieux film d’horreur. Parmi tous ceux-là, s’il ne fallait en retenir qu’un, notre choix se porterait cette année et sans hésitation sur Tales of Evil. Au cœur d’une nuit sans lune, au milieu des grondements inquiétants émanant d’une forêt mystérieuse, laissez-nous vous conter pourquoi…
Derry ? Castle Rock ? Peu importe, une petite ville américaine (sûrement dans le Maine), milieu des années 80′. Accroché au guidon de votre vélo, aux côtés de vos amis du club Pizza et Investigation, vous observez d’un œil inquiet l’imposante bâtisse au bout de Neibolt Street. Il y a quelques jours, vous et vos amis avez décidé d’explorer la vieille demeure que toute la ville dit hantée. Pour vous prouver que vous êtes des braves ? Pour élucider les mystères qui entourent la maison abandonnée ? Ça n’a plus vraiment d’importance désormais. D’un geste mal-assuré, vous posez votre vélo contre le petit muret qui entoure la propriété. En déglutissant difficilement, vous vous avancez dans le jardin peuplé d’herbes folles comme vous plongeriez dans les ténèbres…
Fuir ou combattre ? Explorer ou rester sur ses gardes ? Paniquer ou paniquer ?
Tales of Evil est un jeu coopératif et narratif qui vous plongera dans la délicieuse ambiance d’un film d’horreur des années 80′ ou 90’. Dans celui-ci, chaque joueur va incarner un membre du club Pizza et Investigation et tenter de survivre tout en résolvant un des épais mystères proposés par le jeu. Son fonctionnement est très simple, chaque joueur dispose de plusieurs compétences qui pourront être améliorées en fonction des trouvailles qu’ils feront dans la maison. Et pour le reste, il suffit de se laisser guider…
En effet, Tales of Evil fonctionne comme un livre dont vous êtes le héros, c’est-à-dire que très vite, après avoir introduit le scénario choisi et selon la situation, le jeu va proposer aux joueurs différents choix. Allez-vous préférer explorer le jardin ou plutôt pousser la porte derrière laquelle des sons étranges se font entendre ? Choisirez-vous de barricader une porte pour empêcher une entité de vous atteindre ou préférerez-vous vous ruer dans le corridor en espérant pouvoir la distancer ? En fonction de vos choix, le livre fourni avec le jeu vous renverra vers un chapitre plutôt que vers un autre et vous permettra ainsi de construire votre propre histoire au sein des effrayants murs de cette maison hantée…
Concrètement, les joueurs ne vont donc pas devoir avaler des brouettes de règles avant de se lancer dans l’aventure (et c’est une excellente chose). Tales of Evil est très intuitif et dispose en plus d’un tutoriel très pratique pour donner aux joueurs toutes les ficelles du jeu. A peine le (superbe) matériel installé, l’exploration peut commencer. Au gré de leurs choix, les joueurs vont donc découvrir les différents recoins de la maison (et ses occupants pour le moins hostiles). Ils y feront d’étonnantes rencontres, y seront soumis à des événements traumatisants, à des tests de capacité mais y feront aussi toutes sortes de trouvailles qui pourront les aider dans leur quête. Bien que le clavier nous brûle les doigts de vous conter nos propres pérégrinations au pays des poupées maléfiques, des psychopathes meurtriers et autres aberrations animalesques, nous nous arrêterons là dans la description du jeu. En effet, tout le plaisir de Tales of Evil est de découvrir par soi-même les nombreux cauchemars qui attendent derrière la porte entrouverte d’un placard. D’ailleurs, nous mériterions sans doute d’être maudits si nous vous divulgâchions ce plaisir et sincèrement, vous comprendrez que nous préférons éviter…
Souviens-toi le silence du sous-sol de Chucky et des damnés qui tuent un vendredi 13…
Cela dit, rien ne nous empêche de vous dire tout le bien qu’on pense du jeu et les raisons de cet enthousiasme. Déjà, son thème est très accrocheur et surtout parfaitement rendu. Que ce soit dans les illustrations, dans la mise en scène ou dans le ton narratif du livre de scénario, Tales of Evil parvient à recréer l’ambiance dont tous les amateurs du genre pouvaient rêver. Nous avons adoré le parti pris de nous faire incarner une bande de gamins à vélo (coucou Stranger Things, les Goonies ou le Club des Ratés) jouant à se faire peur dans une maison hantée. L’idée de faire évoluer les personnages selon leur niveau de panique fonctionne elle-aussi très bien et participe pleinement à l’immersion des joueurs dans l’ambiance du jeu.
D’ailleurs, ce que nous avons (aussi) aimé dans Tales of Evil c’est qu’il est autant un excellent jeu qu’un superbe hommage à la pop culture (principalement horrifique) des années 80’ et 90’. Il est truffé de références aux livres, aux films et même aux jeux-vidéo culte de notre enfance. Par exemple, sur le plateau et au détour d’une pièce, vous pourrez apercevoir un piège à fantômes tout droit issu de Ghostbusters alors que plus loin, sur une étagère, ne serait-ce pas le masque de hockey de Jason Voorhees qui attend sa prochaine virée ? Et Leila Redfield ? Vraiment aucun lien de parenté connu ? Et ce ne sont là que quelques petits exemples parmi les dizaines de références qui peuplent le jeu (et qui régaleront les amateurs avides de les dénicher).
Tales of Evil entre en fusion !
En plus de ces nombreux points positifs, Tales of Evil a aussi voulu innover en incluant une mécanique originale et, de mémoire, jamais vue jusque-là dans un jeu de société. Il s’agit du système de fusion. Afin de flouter encore un peu plus la frontière entre le réel et l’imaginaire, le jeu va faire intervenir la réalité de votre quotidien dans le jeu. Il faut comprendre par là que tout à coup, au gré d’un événement, d’une rencontre ou de tout autre chose, le jeu pourrait très bien vous demander d’enlever vos chaussures (vous avez bien lu, d’enlever réellement vos chaussures) car votre personnage dans le jeu doit mettre les pieds dans une petite étendue d’eau. Vous pourriez tout aussi bien devoir trouver une cuillère et la poser sur la table (sinon comment voulez-vous que votre personnage réussisse à déterrer ce mystérieux objet à moitié enfoui ?). Ne le cachons pas, ce système de fusion ne manquera pas de surprendre les joueurs la première fois qu’ils y seront confrontés. Cela dit, pour autant que l’on se prête vraiment au jeu, il apporte ce petit plus qui fera de Tales of Evil un jeu vraiment original.
En plus, et pour ne rien gâcher, Tales of Evil a bénéficié d’une direction artistique à couper le souffle. Le matériel est pléthorique en plus d’être d’excellente qualité. Les illustrations collent parfaitement au thème du jeu et renforcent encore la sensation d’immersion. De notre côté, nous attribuons une petite gommette verte supplémentaire pour la qualité des figurines et pour les illustrations des tuiles plateau. Celles-ci sont véritablement superbes et regorgent de détails (et de références).
Au niveau de la rejouabilité, car il faut bien l’aborder dans un jeu de ce type, elle n’est évidemment pas illimitée sans pour autant être nulle. L’histoire principale comprend cinq chapitres différents et est donc déjà la promesse de longues heures de jeu. En plus, la mécanique de choix inspirée des livres dont vous êtes le héros permet de revivre le scénario en explorant les différentes options qui avaient été délaissées lors des parties précédentes. Et pour améliorer encore la rejouabilité, le jeu inclut trois scénarios complémentaires qui diversifieront l’expérience de jeu. Le petit plus, un système devrait être mis en ligne pour permettre aux fans de créer leurs propres scénarios et de les partager avec la communauté. Pour peu que l’émulation soit de la partie, ce système pourrait nous permettre de disposer de scénarios originaux à l’infini…
En conclusion
En cette période d’Halloween, Tales of Evil est incontestablement un coup de cœur ! Il dispose d’une mécanique intuitive et bien huilée qui se met au service d’un jeu au thème très accrocheur et à l’ambiance parfaitement réussie. Un régal (qui fait frissonner mais un régal quand même…).
Tales of Evil, un jeu d’Antonio Ferrara, illustré par Sara Staffelli, Letizia Sacchi, Virginia Chiabotti et Giorgia Lanza, édité par Escape Studios et localisé en français par Légion Distribution.
Nombre de joueurs : 1 à 6
Âge : dès 14 ans
Durée moyenne d’une partie : 60 minutes