Jeu testé depuis une version fournie par l’éditeur
Forspoken, c’est un des ascenseurs émotionnels du jeu vidéo. Annoncé en trombe pendant la Playstation Showcase 2021, une nouvelle licence comme celle ci était clairement alléchante. Trailer dynamique et censé montrer la « toute » puissance de la PS5, IP édité par Square Enix, il a clairement fait monter la hype chez pas mal de monde, moi y compris. Fort de ma précommande et de l’attente de sa sortie en 2022, il s’est passé pas mal de choses depuis qui ont vite calmé mes ardeurs. Une première annonce de report en Octobre 2022, puis en Janvier 2023, puis une démo sortie début Décembre 2022, qui a vite fait déchanter les joueurs, pour une qualité et un intérêt en déca de ce que l’on aurait pu en attendre. Pour ma part, j’y ai découvert un open world lambda et un peu bordélique dans son gameplay, et j’ai eu vite peur de m’y ennuyer, faute d’une histoire volontairement mise en retrait pour cette démo.
Une mise à jour censée corriger la démo est arrivée peu de temps avant la sortie du jeu complet, montrant que les développeurs suivaient de près le sujet (et peut être aussi que la démo venait d’une version plus ancienne du jeu). Ma précommande cependant annulée, j’en attendais finalement plus grand chose, jusqu’à ce que j’ai l’opportunité de tester une version presse. C’était donc le meilleur moyen de se faire un avis final sur la question. Les avis de mes confrères de la presse, et certains retours de joueurs day one, n’étaient certes pas mirobolant, mais mon test sur Sonic Frontiers m’a prouvé qu’il ne faut pas toujours se fier aux influenceurs et testeurs day one qui font tout pour rusher un jeu et être les premiers à sortir un test, parfois au détriment du jeu.
On s’attendrait presque à croiser Miles ou Peter
Forspoken, en vieil anglais, signifie littéralement « jeter un mauvais sort », « ensorceler ». Il était donc une fois notre héroïne, Frey, sans abri vivant à New York, dans un quartier très connu des aficionados des comics Marvel, Hell’s Kitchen. Abandonnée à sa naissance par ses parents pour lesquels elle n’a aucune infos ni souvenirs, elle se retrouve donc à 21 ans, à vivoter en commettant de menus larcins, et à squatter un vieil appartement abandonné, accompagnée de son chat Homer et de sa collection de sneakers. Évidement, un soir pas comme les autres, elle se retrouve à mettre la main par hasard sur un étrange bracelet magique et doté de parole, et dans la foulée à être transportée dans un monde bien différent de New York, celui d’Athia.
Ici commence donc réellement notre aventure, et nous devrons découvrir le mystère entourant les pouvoirs de Frey, hérités du bracelet parlant nommé Krav par notre héroïne, et de la brume qui entoure et menace les derniers habitants en vie du monde, retranchés dans la ville de Cipal. Elle devra y chercher la vérité en combattant les Tantas, sortes de magiciennes protectrices du royaume mais devenues folles et très dangereuses. Sans spoiler plus, le scénario réserve son lot de surprises et de retournement de situation qui n’est pas sans déplaire.
Un gameplay rafraîchissant mais perfectible
Pour citer une dernière fois, les fameuses sympathiques araignées du quartier, le jeu offre un gameplay plutôt original dans son approche, et très virevoltant. En effet, Frey n’a rien à envier aux pouvoirs procurés par une morsure d’araignée radioactive, et le jeu nous propose un déplacement tout en fluidité grâce à une sorte de Parkour amélioré, permettant de courir très vite comme sur des rollers ou des patins à glace, mais aussi d’esquiver les ennemis, de passer à travers les obstacles, d’escalader des montagnes, et d’atterrir « presque » tout en douceur après une chute de plusieurs mètres. Au fil de la progression de notre héroïne, ses pouvoirs s’amélioreront avec la possibilité de trouver des points d’accroches pour s’élancer dans les airs à la manière d’un jet de toile d’araignée, voire même d’user de téléportation.
A ce déplacement tout en virtuosité, s’ajoute les pouvoirs magiques offensifs ou défensifs de Frey. Tout au long du jeu, en explorant le monde, vous trouverez des sources de magies vous permettant de faire évoluer la puissance de vos sorts, à l’aide d’une sorte d’arbre de compétences typique des RPG. Certains boss, vous feront bénéficier également d’un tout nouvel arbre de compétences dans un autre élément magique, comme le feu, le poison ou la foudre. Vous pourrez ainsi basculer dans les combats entre chaque type de magie, et vous pourrez également attribuer certaines attaques à certaines touches en temps réel. Vos ennemis seront bien entendu plus sensibles ou résistants à certains sorts, il faudra donc en permanence vous adapter à la situation, sachant que votre fidèle bracelet Krav, pourra vous aider en analysant les faiblesses de vos ennemis.
Cela permet de donner vie à des combats très fluides, et même avec une horde d’ennemis qui vous encercle, vous pourrez rapidement faire le ménage en étudiant bien leurs points faibles, et en balançant vos meilleures attaques au moment opportun. Vous pourrez bien entendu locker vos ennemis, même si la rapidité de certains et le nombre rend l’option assez inutile dans beaucoup de situations, on la réservera plus à des ennemis uniques, ou des boss. On regrettera aussi une lisibilité pas toujours évidente des ennemis dans les décors, ainsi que pour les collectibles à ramasser dans l’open world, encore heureux que Krav viendra une fois encore à notre rescousse à l’aide d’un scanner de zone que l’on peut activer quand on le souhaite, et qui permet d’éviter de louper un coffre important, ou des potions de vie.
Un open world classique, trop classique
Pour les habitués des jeux d’action/aventure, avec une touche de RPG et en open world, je pense particulièrement à pas mal de jeux de chez Ubisoft tel que les Assassin’s Creed, les Far Cry, les derniers Ghost Recon, voire les jeux Horizon chez Sony, on se retrouvera en terrain connu. Le monde à explorer regorge d’objets à récupérer, permettant l’amélioration de ses pouvoirs mais aussi de son équipement, les labyrinthes et autres coffres protégés par une meute d’adversaires renfermeront eux des capes et des colliers améliorables, et des zones de défis chronométrées permettront de monter aussi en niveau notre personnage. Bien entendu, on trouvera également des sortes de tours, qui une fois le scan effectué à l’aide de Krav, permettront de découvrir un peu plus la carte et les emplacements qui ont un intérêt. Enfin, des refuges sont parsemés un peu partout sur les 4 zones de la carte, et vous permettront de vous reposer et de crafter différents objets, et d’activer des objectifs sur vos capacités pour les améliorer. On vous demandera par exemple d’effectuer un certain nombre de points de dégâts avec un sort précis pour l’améliorer, ou de toucher 3 ennemis en même temps avec un autre. Cela rendra les pouvoirs de notre héroïne encore plus puissants. Vous aurez également la possibilité d’activer quasiment partout sur la carte, un feu pour vous reposer et crafter des objets. Les sauvegardes elles, s’effectuent de manière automatique, mais aussi à volonté dans l’open world, sauf dans des niveaux précis.
Mais y’a quoi de sexy dans tout ça ?
Ce qui m’a emporté dans Forspoken, c’est son monde et son histoire travaillé, Frey et Krav font un duo assez improbable, et qui commentent régulièrement les agissements de l’héroïne parfois de manière ironique. Frey se vante assez souvent de ses compétences en combats, mais Krav n’oublie pas de la remettre en place, pour des échanges succulents. On peut parfois trouver quelques répétions dans les dialogues, mais les développeurs ont pensé à cela et permettent de réduire les commentaires dans les options si cela vous importune à la longue. Les autres personnages ne sont pas en reste, avec chacun leur personnalité forte ou attachante, d’autant plus en avançant dans l’histoire et en comprenant mieux leurs motivations. Pour ce qui est du jeu manette en main, l’open world est certes classique, mais se traverse malgré tout avec un certain plaisir, avec Frey qui gagne en puissance au fur et à mesure de l’aventure. Le jeu qui se déroule en une dizaine de chapitres, entrecoupe l’histoire et les moments d’exploration avec un bon équilibre, ce qui fait que l’open world peut être soit exploré à fond pour les fans du 100%, mais peut aussi être traversé rapidement pour progresser vers l’étape suivante dans l’histoire (et finir le jeu sous une quinzaine d’heures dans ce cas). On oublie vite le manque d’intérêt que celui-ci à pu nous faire ressentir sur la démo, car le background et l’histoire ont ici une réelle importance, qui apporte une cohérence à l’ensemble. Petit détail d’ailleurs, le jeu possède une véritable fin à double choix, assumée et pourtant surprenant dans un jeu vidéo malgré le nombre de jeux promettant des fins multiples, qui restent finalement très similaire et se joue sur des détails. Là, votre choix sera véritablement déterminant pour la fin de l’aventure, « chapeau bas » comme dit l’expression.
Je vous invite d’ailleurs à vous faire une petite idée en parcourant ma vidéo du début du jeu :
Alors finalement c’est bien ou pas ?
Tester un jeu et en rédiger un test, c’est d’abord exprimer son propre ressenti. Et Forspoken fait partie des jeux qui peuvent vite être incompris si l’on ne fait que se concentrer sur un élément plutôt que de prendre l’ensemble du travail des développeurs. Une histoire forte et prenante permet bien souvent de compenser quelques défauts dans le gameplay. Prenez Death Stranding, qui a su diviser aussi les avis à sa sortie, et qui reste encore un chef d’oeuvre de Kojima dans son ensemble. Une simple démo de ce jeu se focalisant sur uniquement son gameplay n’aurait eu aucun sens, et aurait généré sans aucun doute autant de détracteurs que pour Forspoken. L’erreur du studio a été probablement de vouloir sortir cette démo si peu de temps avant sa sortie, biaisant les avis des joueurs. De mon propre avis, si vous appréciez un tant soit peu les open worlds classiques mais efficaces, avec une histoire intéressante, dans un univers rempli de magie et une anti-héroine finalement attachante au fil des découvertes apportées par l’histoire, ce jeu est fait pour vous. Si une suite sort un jour, je pense que je m’y lancerai cette fois sans aucune hésitation, avec la foi que les développeurs continuent d’écouter les joueurs, et de corriger quelques points perfectibles. Si Poudlard vous sort par les yeux, le monde magique d’Athia pourrait être une alternative sympathique en 2023.