Ayant loupé la première saison de The Umbrella Academy sur Netflix l’an dernier, j’ai profité de l’arrivée d’une nouvelle fournée d’épisodes pour regarder les deux saisons et vous proposer une vision d’ensemble. Je n’ai pas lu les comics, cette critique ne fera donc pas de comparaison entre les deux médias.
Le parapluie n’empêche pas de prendre l’eau
Adaptée d’une série de comic book du même nom, The Umbrella Academy met en scène une famille de super-héros déjantés. La série fait le pari de raconter l’histoire d’une famille extraordinaire mais surtout dysfonctionnelle. N’espérez pas y trouver maintes scènes d’actions héroïques (même s’il y en a) mais plutôt une chronique sur la famille, les conséquences d’une enfance atypique sur la vie d’adulte, et le poids de devoir vivre avec des pouvoirs ( » un grand pouvoir implique… « . Bref, coucou Spiderman !).
Nous y suivons les sept membres de l’Umbrella Academy, chacun ayant un pouvoir qui lui est propre (ou presque). Tous ont été élevés dans un manoir, entraînés à maîtriser leur pouvoir et à sauver le monde. Ce qui n’est pas sans rappeler les X-Men. Quelques années plus tard, la mort de leur père adoptif va les pousser à se retrouver, réapprendre à vivre ensemble, et mettre leurs griefs de côté pour empêcher l’apocalypse. Un vaste programme.
La série mêle action, humour et drame dans une ambiance baroque déjantée à l’esthétique irréprochable. Beaucoup d’ingrédients donc, qui fonctionnent tantôt à la perfection, tantôt tombent complètement à plat. En effet, entre des saisons qui peinent à démarrer, des ruptures de rythme lorsque l’histoire emprunte des chemins de traverse franchement pas nécessaires, et un scénario pas toujours lisible, la série est entachée par de nombreux défauts qui empêchent d’entrer entièrement dans l’histoire qui nous est contée.
Mais le principal problème de l’oeuvre réside surtout dans son manque de vision globale et cohérente. Avec de telles thématiques – super pouvoirs, famille dysfonctionnelle, failles de l’enfance, deuil – il y avait de quoi faire. A ne pas savoir sur quel pied danser, entre l’émotion, l’humour et l’action, la série ne raconte au final pas grand chose en lorgnant trop souvent sur le divertissement pur (même si pas toujours captivant) plutôt que de creuser un peu plus la richesse de ces thématiques. A cela s’ajoute un casting insipide qui n’arrive pas à redonner un peu d’éclat à des personnages non moins insipides. Ellen Page (Vanya Hargreeves), pourtant actrice de cinéma dont le talent n’est plus à prouver, passe son temps à tirer la tronche et n’arrive pas à donner de la substance à son personnage. Elle n’est pas aidée par Robert Michael Sheehan (Klaus) qui passe son temps à surjouer une pâle copie du capitaine Jack Sparrow de Johnny Depp. Et nous de parlerons pas de Tom Hopper (Luther), Emmy-Raver Lampman (Allison), ou David Castaneda (Diego) dont le jeu est sans nuances. Heureusement, le jeune Aidan Gallaher (n°5) relève le niveau du haut de ses 15 ans avec une interprétation d’une grande maturité qui enterre ses camarades de jeu.
Après la pluie, le beau temps
Que de critiques me direz-vous ! Et pourtant, malgré ses nombreux défauts, The Umbrella Academy n’en reste pas moins une série très agréable à regarder, suffisamment divertissante et prenante pour avoir envie de suivre les aventures de cette drôle de famille. La réalisation, le travail sur la lumière, et la bande son, sont léchés à l’image des meilleurs œuvres de Netflix. Les séquences d’action sont superbement mises en scène, et lorsque la magie opère en seconde partie de saison, la série devient alors vraiment plaisante. Et puis il faut reconnaître que la seconde saison, même si très brouillonne, efface quelques défauts de la première. Les acteurs osent un peu plus le second degré pour donner de la folie aux personnages, le scénario est plus rythmé (mais moins cohérent), l’humour plus présent, l’action plus explosive, et les thématiques un peu plus creusées (notamment celle du racisme).
Bourrée de défauts dont le plus handicapant étant son casting fade, The Umbrella Academy n’en reste pas moins une série très plaisante à regarder grâce notamment à sa réalisation soignée qui correspond aux standards de Netflix. Un bon divertissement qui s’affirme encore plus en seconde saison !