Les jeux se lançant avec le logo Xbox se sont faits un peu plus discrets en cette année 2022. Alors quand le gamepass accueille une nouvelle franchise, on y prête attention. Très peu de temps après avoir proposé Road 96 des Français Digixart, nous voilà avec As dusk falls des Londoniens de int./night (fondé par une ancienne de Quantic dream). On se trouve cette fois-ci sur une autre route, la 66.
Bienvenue Place Cliché
Oui. La fameuse route 66. Celle que l’on voit partout. Celle qui fait partie de l’imaginaire commun et dont la seule évocation imprime dans nos pupilles des grandes plaines désertes, de la poussière, de la chaleur, des voitures décapotables et fait résonner de la country dans nos oreilles.
Mais au lieu d’un road trip, on nous propose un huis clos, tout du moins dans une première partie (trois chapitres d’une heure chacun). Une famille en pleine transition (une mutation de l’un qui coïncide avec le licenciement de l’autre) quitte la Californie et a un pépin sur la route. Bienvenue à Two Rocks où cette petite famille va se retrouver bloquée un temps dans un motel. Et là, c’est le drame.
À quel point ? Ça dépendra de vos choix, mais quand le choix consiste à « sauver untel ou unetelle », pas besoin d’être devin pour savoir que quoique vous fassiez : y aura de la casse. Pas de Happy End pur et parfait, on raconte un genre d’histoire qui finit mal en général.
Cette première partie est haletante. Pleine de tension, très rythmée, on découvre petit à petit une famille de cas sociaux qui percute violemment notre petite famille californienne. Vient ensuite une partie plus diluée. On perd en intensité, mais des liens plus profonds peuvent se tisser entre certains personnages. On nous ressort quelques clichés, pour ne pas perdre trop de temps en description, mais l’écriture et la force des personnages fait que même si les cordes de certaines situations sont aussi grossières qu’usées, ça fonctionne. La fin ouverte annonce déjà la suite, tous les arcs scénaristiques ne sont pas bouclés et il en résulte une sensation de cohérence un peu malmenée à la fin de l’aventure. On ne sait pas pourquoi certains aspects ont été mentionnés ou développés, si ce n’est pour des facilités scénaristiques.
Mais la vraie force du jeu, c’est les personnages. Ils sont en effet complexes, subtils, et surtout crédibles. L’écriture explique clairement la raison de leurs actions, sans manichéisme forcené. On est sur un niveau d’écriture qui rappelle Witcher 3 pour certains personnages.
Roman peinture à l’eau
Si l’histoire et l’écriture devraient faire à peu près l’unanimité, la direction artistique va diviser. Il s’agit d’un roman photo arty. C’est joli, mais haché. On aime ou pas. Ça donne un cachet unique, mais le mélange d’image fixe pour les personnages et d’animation pour les décors perturbe. Le but était de fixer un tableau soigné, travaillé, en fixant une expression caractéristique sur le visage des acteurs. Bien sûr il y a une question de coût derrière ce choix et l’idée est plutôt bonne. Est-ce que ça aurait un meilleur en FMV ? Pas certain. Cette patine unique et différenciant fait qu’on se souviendra de ce jeu. Les développeurs tentent ici quelque chose d’original et de pertinent par rapport à leur taille. C’est, précisons-le, un premier jeu, et ça laisse augurer du meilleur pour la suite.
Même si on peut regretter ces limitations. La mise en scène n’est pas mauvaise, très série TV américaine (encore une utilisation des clichés), la direction des acteurs aussi avec un voice acting qui participe beaucoup à la crédibilité des personnages. La bande originale aux sonorités locales est vraiment très bonne et accompagne parfaitement le parcours de nos personnages. Le jeu aurait pu faire l’unanimité, même s’il avait été plus consensuel, en FMV retravaillée avec cette DA ou avec des acteurs en performance capture.
Mais au fait, on joue dans ton jeu ?
L’élément de gameplay le plus intéressant, c’est de choisir entre quelques embranchements qui forgeront le destin de vos personnages si attachants. Mais on lâche la manette ou la souris très souvent en attendant la fin d’une tirade ou en admirant un joli tableau.
Et c’est là que les développeurs essaient de vous mettre un QTE sans le moindre intérêt pour vous rappeler que c’est interactif de temps à autre. Ces QTE sont ultra-permissifs, donc même si vous avez laissé la manette loin et que vous réagissez tardivement au fait qu’un QTE se trouve sur votre chemin comme une déjection canine sur un trottoir, vous avez la possibilité de le réussir. En fait il s’agit surtout d’une autre forme de choix. Est-ce que j’ai vraiment envie d’aider ce type ? Peut-être que je peux dire que je vais l’aider pour éviter de le fâcher et foirer l’action pour éviter de le mettre dans une position favorable ?
On comprend également vite que les choix sont très Telltaliens (ok, celui-là n’est peut-être pas validé par l’Académie française…). C’est un choix en apparence cornélien, mais sans effet réel parce qu’il faut suivre la trame scénaristique mes amis, comme dans les jeux de Telltale games (faites la première saison de Walking dead, the wolf among us si vous voulez comprendre… ou Tales from the Borderlands si vous voulez comprendre ET vous marrer)…
Conclusion :
As dusk falls est une réussite. Il a les défauts du genre, mais il est très bien écrit. Il a une direction artistique atypique et déroutante, mais soignée. Je ne peux pas vous garantir que vous aimerez. Mais testez-le ! C’est sur le gamepass. Et le gamepass on y a accès de partout. Donc pas d’excuse. Vous pourriez bien le considérer comme une pépite ce petit jeu. Et il ne prendra que 6 heures de votre temps.