
Le jeu présentant un aspect narratif très intense,
ce test peut contenir des spoilers quant à son scénario ou à ses personnages
Est-il encore nécessaire de présenter le studio Nippon Ichi Software (NIS pour les intimes) ? Editeur japonais responsable de quelques-unes des sagas de JRPG ou de Tacticals les plus emblématiques (Disgaea, Ys, …). C’est au travers de sa branche américaine NIS America que l’on découvre aujourd’hui The Cruel King and The Great Hero, un RPG au format side-scroller tout mignon nous contant les aventures de Yuu, jeune humaine d’une dizaine d’années et héroïne en devenir, et de son père adoptif, le roi dragon.
Le verbe conter s’avère d’ailleurs particulièrement bien adapté à la situation. Doté d’un style graphique digne des meilleures œuvres de Charles Perrault, The Cruel King and the Great Hero adopte résolument un ton léger et une ambiance presque enfantine pour dérouler son histoire, loin d’être aussi légère qu’elle n’y parait au premier abord. On comprend ainsi rapidement que le roi dragon est en réalité le fameux « Cruel King », responsable de la mort du père de Yuu, héros légendaire ayant levé les armées humaines contre les hordes de monstre du dragon noir.
Par quel mystère Yuu se retrouve-t-elle aujourd’hui la protégée de cette terrible créature, bien déterminée à en faire une grande héroïne et dont les attentions paternelles auront vite fait de faire fondre le cœur de glace de nos lecteurs les moins sensibles ? C’est le fil rouge de l’intrigue de ce jeu aussi tendre que joli.

En parallèle de ce scénario, simple mais efficace, The Cruel King and The Great Hero se présente sous la forme d’un RPG des plus classiques. On contrôle ainsi Yuu, équipée de sa fidèle épée de bois et de son casque-marmite (« la première armure de tout héros qui se respecte » comme l’explique si bien le texte descriptif) à travers les différents niveaux du jeu.
Chaque journée passée correspond ainsi à un pan de la quête principale, à laquelle se rajouteront les classiques taches annexes qui mèneront Yuu à travers les différents tableaux proposés : de la montagne glacée aux forêts tropicales, en passant par le village des monstres, qui servira ici de hub permettant à Yuu et ses compagnons de s’équiper en artefacts et objets de soins.
Car Yuu sera accompagnée au cours de ses aventures par plusieurs compagnons, chacun proposant un gameplay un peu différent dans les combats, sans toutefois révolutionner le genre, et une capacité d’interaction sur la map du jeu permettant d’accéder à des objets cachés.
Rocky le bébé renard (« Kon Kon » en version originale si on se fie à la narration en japonais) sera ainsi orienté dégâts physiques et sera capable de creuser le sol pour déterrer des objets, tandis que Cybat, une espèce de monstre chauve-souris assez sournoise, aura plus accès à des compétences de dodge-tank (elle attirera l’attention des ennemis pour protéger ses alliés tout en esquivant leurs attaques) ou de dégâts de zone et pourra atteindre des objets perchés en hauteur.

Chaque personnage peut attaquer, utiliser des compétences et objets, ou se défendre. Yuu dispose par ailleurs de deux capacités uniques, à savoir observer les ennemis pour compléter son poke… Monsterdex et en apprendre plus sur leurs faiblesses, ou leur laisser l’opportunité, dans un élan d’héroïsme spontané, de s’enfuir.
La profondeur du gameplay s’arrête là toutefois. De manière générale le chemin des quêtes reste tout tracé, les zones auxquelles l’on n’est pas censé avoir accès avant un certain moment sont clairement délimitées et Yuu peut éviter les combats de trop bas niveau pour peu que l’on ne soit pas un grand fan de grinding. Laissez-vous aller à enchainer les combats, parce que l’un de vos petits plaisirs dans la vie c’est de patater des ratons laveurs à l’épée en bois, et vous vous rendrez rapidement compte que pousser le joueur dans ses retranchements n’est clairement pas l’objectif du jeu.

On débranche donc assez rapidement son cerveau de gamer hardcore pour profiter de l’atmosphère toute mignonne de l’univers et de son histoire, narrée intégralement en japonais. A ce sujet on regrettera presque l’absence d’une narration en anglais (à la manière d’un Voice of Cards) qui aurait permis une implication un peu plus importante et une meilleure compréhension du public international dans les cinématiques, où l’on finit par lire les textes sans plus vraiment faire attention à ce qui nous est raconté en audio.
Au final The Cruel King and The Great Hero propose une expérience détendue, plus proche d’un conte des Frères Grimm, avec son histoire proposant une morale en demi-teinte, que d’un JRPG demandant une bonne maitrise de la manette et des dizaines (voire des centaines) d’heures de jeu pour obtenir le 100% à tous les étages.
Un jeu tout mignon, captivant, et au style graphique rafraichissant.