Poursuivant le rythme effréné qui est le sien, Bernard Werber nous revient, comme chaque année à cette période, avec un nouveau roman. Celui-ci s’intitule Depuis l’au-delà et nous entraîne au cœur d’une enquête menée depuis l’autre côté de la barrière qui sépare les vivants des morts.
« Qui m’a tué ? » En se réveillant ce matin-là, Gabriel Wells pense enfin tenir la première phrase de son nouveau roman. Il n’a alors encore aucune idée de toute l’acuité de l’interrogation qui lui est venue à l’esprit. Car oui, Gabriel est mort et il sera vite contraint d’accepter tant cette évidence que son nouveau statut d’âme errante. Obsédé par son décès (qui ne le serait pas ?), il va nouer un pacte avec Lucy, jeune médium naïve mais au caractère bien trempé. Elle l’aidera à identifier son assassin pour autant que lui fasse appel aux ressources de l’au-delà pour localiser l’homme qui a jadis fait chavirer son cœur. Une double enquête, menée de part et d’autre de la mince frontière qui sépare le visible de l’invisible, est donc lancée.
Comme beaucoup des romans de Bernard Werber, Depuis l’au-delà est un livre singulier. D’un côté, il est empreint d’une certaine philosophie puisque la question « qu’ai-je fait de ma vie ? » ne survient qu’après la mort, autant dire (beaucoup) trop tard. De l’autre, il a ce ton léger, presque ubuesque, auquel on reconnaît la patte de l’auteur. Dans l’évolution du récit, qui se lit presque comme le scénario d’un film, on y croise par exemple autant d’âmes errantes célèbres telles Jim Morrison, Napoléon ou Sir Arthur Conan Doyle que de quidams qui n’ont parfois pas même conscience de leur propre mort. Le livre est par ailleurs émaillé de brefs passages tirés de l’Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, ce qui le constelle d’anecdotes sur la mort, ses vicissitudes, ses victimes célèbres ou absurdes, … Cet apport n’est évidemment pas une nouveauté chez Werber (qui l’a déjà testé dans plusieurs de ses romans) mais contribue à la singularité du récit.
Si la narration est comme toujours parfaitement maitrisée, gageons que certains lecteurs regretteront quelques égarements dans le déroulé de l’histoire comme par exemple lorsqu’elle donne lieu à des délires ectoplasmiques sur fond d’affrontement entre littérature classique et de l’imaginaire. L’auteur aurait-il des comptes à régler ? Difficile à dire. En tout cas, il démontre une nouvelle fois tant le bouillonnement de son imagination que les difficultés qu’il éprouve parfois à la maîtriser.
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