Certains albums jeunesse tapent fort dès la couverture, et Petit Chaperon de Béatriz Martín Vidal en fait clairement partie. Un format carré, une illustration qui accroche, pas un mot à l’intérieur… et pourtant, tout y est. L’émotion, la tension, les symboles, les messages. C’est un livre qui raconte énormément, mais sans jamais parler.
Je l’ai découvert avec Noah, 4 ans. Et même si le style visuel est assez sombre, il a été captivé. Il a tout de suite été pris par les images, m’a posé plein de questions, et ça a lancé une vraie discussion. C’est clairement pas l’album qu’on lit à voix haute le soir pour endormir les enfants, mais c’est un super support pour ouvrir le dialogue. Et ça, c’est précieux.
Une relecture du conte, version silencieuse mais puissante
Ici, pas de texte. Juste des illustrations, une succession de scènes qui racontent une version très personnelle du Petit Chaperon Rouge. On suit une enfant à travers différentes étapes : elle reçoit ce fameux chaperon rouge, elle croise le loup, elle s’échappe. Mais l’histoire n’est pas servie sur un plateau : chacun y met ce qu’il veut, ou ce qu’il peut. On peut y voir un simple récit d’aventure… ou quelque chose de beaucoup plus profond. Une métaphore du passage à l’adolescence, de la découverte de soi, d’une forme de libération aussi.
![image-12 [LIVRE] Petit Chaperon, de Béatriz Martin Vidal - un album fort, sans dire un mot](https://i0.wp.com/www.conso-mag.com/wp-content/uploads/2025/04/image-12.png?resize=992%2C992&ssl=1)
Des images qui prennent aux tripes
Le style de Béatriz Martín Vidal est très particulier. Il y a quelque chose d’intense, presque pictural dans ses dessins. C’est sombre, oui, mais jamais glauque. Juste chargé en émotion. Chaque détail compte, chaque posture dit quelque chose. Le rouge vif du chaperon ressort comme un cri au milieu de décors presque étouffés. On sent que tout a été pensé pour faire réagir, pour qu’on s’arrête, qu’on réfléchisse.
Un livre à plusieurs lectures, pour petits et grands
C’est ça qui est chouette avec ce genre d’album : il s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes. Les plus jeunes vont surtout regarder, ressentir, poser des questions. Les plus grands vont pouvoir y voir plein de choses : des peurs, des doutes, de la révolte, de l’espoir. C’est un vrai livre à tiroirs, où chacun peut trouver son propre sens. Et on peut aussi tout simplement l’apprécier pour la beauté de ses images.
En bref ? Un très bel album, pas comme les autres. Silencieux, mais pas vide. À lire seul, à deux, à plusieurs moments de la vie. Et à garder, parce qu’il y a de grandes chances qu’on ait envie d’y revenir plus tard.