Si vous pensez qu’un ange gardien ressemble à un gros poupon joufflu aux cheveux blonds et bouclés, Arto Paasilinna va mettre à mal votre imaginaire. Rien qu’en regardant la couverture vous comprendrez qu’Ariel Auvinen doit être un personnage, pardon ! Un ange un peu spécial ! Un nœud papillon, une barbe de plusieurs jours, un maillot de corps d’une propreté douteuse et une mine patibulaire à faire fuir toutes les grenouilles de bénitier.
Après sa mort, Ariel, poussé par son naturel charitable et protecteur, décide de devenir ange gardien. Il s’inscrit donc au séminaire de formation inauguré par Saint-Pierre et présidé par l’Ange Gabriel et se voit confier la protection d’un pauvre mortel, Aaro Korhonen.
Mais le « métier » d’ange gardien s’avère plus difficile que prévu et Ariel déclenchera bien des catastrophes au dépend de ce pauvre Aaro qui n’avait rien demandé.
Paasilina est prolifique et doit se consommer à forte dose. Son abus n’est certainement pas dangereux pour la santé. Car avec Paasilina, on se poile, on se dilate la rate, on se déride les zygomatiques. Et surtout, on abandonne tout sens de la réalité. Ai-je été déçue ? Pas vraiment. Un ange-gardien gaffeur qui prend son sacerdoce trop à cœur… et finit par séduire Satan qui pense à l’enrôler… c’est jouissif.
Paasilina en profite pour aborder les attentes, les rapports à l’autre, le libre-arbitre, notre place dans la société… comme ça, sans avoir l’air d’y toucher, tout en douceur. A petites touches.
Mais… mais…. mais… il n’évite pas les lenteurs et surtout l’enlisement répétitif. A chaque nouvel événement, le lecteur attend les gaffes de l’ange-gardien, il n’est pas déçu, puis attend le truc suivant et ainsi de suite. C’est très linéaire, répétitif, sans coup de boost, sans vraie surprise. C’est sans doute là que se trouve le hic principal. Et évidemment, l’auteur, un peu pris au piège de son mécanisme, doit finir son livre et cela arrive un peu de manière abrupte, sans trop de crédibilité. OK, parler de crédibilité alors qu’on parle d’un ange-gardien gaffeur, c’est limite.
Paasilina reste un très bon auteur. Ce n’est pas son style qui est en cause, mais le simple fait de faire reposer un livre complet sur un ressort aussi ténu. Difficile de faire mieux.