Les bûcherons de chez Lumberjacks Studio ne cherchent même pas à le cacher, ils boivent trop de café. Pourquoi ? Eh bien déjà parce qu’ils aiment ça et aussi parce que ça les maintient éveillés. Après tout, il ne faudrait qu’ils se mettent un coup de hache ludique dans la jambe ou qu’ils ne tombent d’un arbre lors d’un élagage de règles et tout ça, à cause d’un simple manque de caféine ! Du coup, ils boivent du café et prennent donc de (nombreuses) pauses café. Grâce à cela, ils ont découvert un trou noir (comme le café) dans l’univers des jeux de société, un moment pendant lequel il serait agréable de lancer une petite joute ludique mais pour lequel l’offre de jeux est assez limitée. Il n’en fallait pas plus pour que la toute nouvelle gamme « Coffee Break » ne voit le jour !
Vous l’avez compris, la gamme Coffee Break imaginée par Lumberjacks Studio doit comprendre des jeux pas trop longs, accessibles à tous mais pourtant susceptibles de plaire aussi à un public de joueurs aguerris qui y trouverait une profondeur inattendue, une subtilité bienvenue. Le défi était audacieux mais ne ménageons pas le suspense, il est brillamment relevé ! Les deux premiers jeux issus de cette gamme, Monster Café et Gold River, suffisent à le démontrer. Découverte…
Monster Café, un Rexpresso pour le Snorkel !
Vous rêvez d’un délicieux Apocalypso vanillé ? D’un divin Latte de 800 ans d’âge ? Eh bien justement, vous rêvez ! Ce type de breuvage n’est servi qu’au Monster Café, un endroit tenu secret, d’où émanent d’envoûtantes effluves de café mais dont l’accès est malheureusement interdit aux humains. A l’intérieur, on y croise une foule de monstres addicts à la caféine et prêts à tout (ou presque) pour obtenir leur dose.
Dans une partie de Monster Café, les joueurs disposent de dix cartes Monstres par manche. Ils vont en placer trois face cachée devant eux (leur ligne arrière) et sept face visible (leur ligne avant). Puis, à chaque tour, un joueur va choisir un Monstre de n’importe quelle ligne avant et l’envoyer au centre de la table en appliquant son pouvoir. Quand chaque joueur n’a plus que trois cartes dans sa ligne avant, on procède au décompte et pour chaque famille présente au centre de la table, le joueur qui en a le plus devant lui (ceux de la ligne arrière comptent double) remporte un certain nombre de jetons Café. Au bout de la seconde manche, le jeu prend fin et le joueur avec le plus de jetons Café l’emporte.
Vous l’avez compris, Monster Café est un jeu simple et pourtant non dénué de stratégie. Il séduit à la fois par ses visuels très réussis (et très décalés) et par sa grande variété. Il existe en effet 12 espèces de monstres (disposant chacune d’un pouvoir particulier) alors que chaque partie n’en nécessite que cinq. Ça vous laisse imaginer la myriade de possibilités. D’ailleurs, les auteurs du jeu ont eu l’excellente idée de nous concocter un « menu » reprenant les différentes configurations de monstres à choisir selon le nombre de buveurs et selon que l’on souhaite un café doux ou corsé (comprenez un jeu plus simple ou plus difficile).
Gold River, une pépite qui cache des pépites !
1858, Colorado. Parmi la cohorte de chariots bâchés qui tente de trouer une percée dans les positions Apaches, vous tenez fermement votre Winchester en observant d’un œil mauvais les montagnes ocres d’où un éclaireur indien peut très bien avoir donné l’alerte. Rien ne vous arrêtera dans la quête de votre vie : celle de l’or. Vous êtes déterminés à gagner le Far West et à y devenir riche. Vous le sentez, les filons les plus prometteurs vous appellent, l’ivresse de la pépite est à vous !
Gold River est un jeu d’enchères dans lequel l’objectif est de finir plus riche que Crésus (ou que vos adversaires, pour cette partie ça suffira). Au début du jeu, les joueurs disposent d’un petit pécule (15 pépites) et à chaque manche, des cartes sont proposées à la vente. Le plus souvent, il s’agit de mines qui seront susceptibles de vous ramener de l’or (pour autant que la chance vous sourie) mais il pourra aussi s’agir de carte Action ou même de bâtiments à acheter. Le meilleur enchérisseur de la manche passe la somme promise à son voisin de droite qui en garde la moitié avant de passer lui-même ce qu’il reste à son voisin de droite et ainsi de suite. Une fois les pépites réparties, le meilleur enchérisseur choisit une carte au centre de la table puis, c’est à son voisin de gauche de choisir une carte et ainsi de suite. Après chaque tour d’enchères, le meilleur enchérisseur lance les deux dés (en forme de bûches, joli clin d’œil) et le score indique les mines qui produisent de l’or pour ce tour.
Tout comme Monster Café, Gold River se révèle un jeu très simple et pourtant aux délicieux accents tactiques. Si certains choix s’imposent avec évidence, on se met vite à guetter le jeu et la réserve de pépites de ses adversaires, adaptant nos enchères et nos choix en fonction de la situation autour de la table. Plus long que Monster Café, Gold River n’en est pas pour autant moins prenant. Le jeu est rythmé et la grande diversité des cartes Action (voler un autre joueur, faire exploser une de ses mines, améliorer une de vos concessions, etc.) lui apporte une variété très rafraîchissante. De plus Gold River ne manque pas de subtilités (devenir maire d’une ville, tenir le saloon, etc.) et dispose même d’une variante expert axée autour du poker. Et pour ne rien gâcher, il est lui aussi superbement illustré.
En conclusion
N’y allons pas par quatre chemins, la gamme Coffee Break imaginée par Lumberjacks Studio est une franche réussite. Du packaging des jeux (original et bien pensé) à leur profondeur en passant par leur accessibilité et leur thème, tout est réussi. Tant Monster Café que Gold River se révèlent des jeux suffisamment simples que pour être joués avec une audience large et en même temps suffisamment subtils pour assouvir notre soif de joueurs chevronnés. De plus, ils sont proposés à des prix défiants toute concurrence (13,50 € !). Pourquoi s’en priver ?
Monster Café, un jeu de Romain Caterdjian & Théo Rivière, illustré par Greg Baldwin et édité par Lumberjacks Studio.
Nombre de joueurs : 2 à 5
Âge : dès 8 ans
Durée moyenne d’une partie : 20 minutes
Gold River, un jeu de Bruno Cathala & Bruno Faidutti, illustré par Jonathan Aucomte et édité par Lumberjacks Studio.
Nombre de joueurs : 2 à 5
Âge : dès 8 ans
Durée moyenne d’une partie : 30 à 40 minutes