» En 1947, une infirmière nommée Mildred Ratched, qui semble au premier abord tout à fait normale (même si profondément psychorigide), est sur le point de devenir un véritable monstre. Ancienne infirmière de guerre, Mildred rejoint (de manière machiavélique) l’hôpital psychiatrique du Dr Richard Hanover. Petit à petit, son côté sombre va se révéler et les meurtres s’enchaîner… »
Ratched créee par Evan Romansky et développée par Ryan Murphy, diffusée l’an dernier sur Netflix, est une série se voulant un préquel du film Vol au-dessus d’un nid de coucou de Miloš Forman. Plus précisément, elle explore la vie de l’infirmière Mildred Ratched, un personnage que l’on pourrait aisément décrire comme l’un des plus détestés de l’histoire du cinéma. Il pouvait donc paraître étonnant d’imaginer un préquel sur un tel personnage, c’est avec une pointe de curiosité que nous nous sommes donc plongé dans cette nouvelle série. Pour le meilleur et surtout le pire…
Une série psycho-déliro-gore flashy qui rate sa cible
C’est donc avec Ratched que Ryan Murphy poursuit son partenariat avec Netflix, comme l’on pouvait s’y attendre, on retrouve tout le style du producteur et scénariste dans cette nouvelle série. Une photographie et des décors colorés flashy (trop ?) et une histoire qui balance entre l’horreur et le malaise rappellent les précédentes œuvres de Murphy. L’esthétique est léchée, quasi irréelle, la reconstitution des années 40 sur la côte américaine est flamboyante et convaincante, les décors et notamment l’hôpital psychiatrique en imposent, la réalisation est à la hauteur, le casting est parfaitement accordé et joue juste – tout est là pour faire monter la mayonnaise, sauf qu’il manque un ingrédient : le scénario.
Imaginez un très bel emballage, plein de couleurs, réalisé à la perfection, la promesse d’un magnifique cadeau. Et là, patatra, il s’avère que la boîte est vide. Rien, nada ! Le soufflet retombe alors… Voilà l’effet que fait Ratched, une série visuellement sublime mais scénaristiquement creuse. En bref, tout commence par l’internement d’un tueur sanguinaire dans l’hôpital psychiatrique où Mildred Ratched, infirmière aussi froide que manipulatrice incarnée par Sarah Paulson, vient de décrocher un poste. Coïncidence ? En parallèle, le médecin à la tête de cet établissement se livre à des expériences sordides sur ses patients qui pourraient permettre à Ratched de mettre en application son dessein de vengeance. Dans les premiers épisodes, l’ambiance, l’énergie déployée par la réalisation et le casting, ce petit côté comédie gore-grinçante emportent la mise. Pour un temps seulement… Car très vite, l’exagération systématique de chaque situation, de chaque dialogue, la violence graphique gratuite outrancière et ce goût trop prononcé pour l’humour macabre créent l’overdose. Ce qui aurait pu être une série jubilatoire se révèle un vaste désastre, plombée par un scénario totalement creux et incohérent. Certains y verront en sous-texte la thématique du droit à la différence, voire du féminisme, mais celle-ci est diluée dans une histoire inconsistante et malaisante.
Nul besoin de s’épancher beaucoup plus sur Ratched, la série n’en vaut pas la peine. Dommage qu’un tel travail esthétique soit gâché par un scénario qui n’est pas à la hauteur de la forme. Une série gênante, à peine divertissante, froide et décevante. Un mauvais cru de Ryan Murphy, un de plus…