Il aura fallu attendre trois ans pour voir débarquer un nouvel épisode de la saga Far Cry, l’une des poules aux oeurs d’or d’Ubisoft. Avec Far Cry 6, on délaisse les Etats-Unis et le Montana pour s’en aller dans la contrée plus exotique de l’île – fictive – de Yara, dans les Caraïbes. Au programme : des gros flingues et la Révolution. Rien que ça !
Trois ans entre deux épisodes, on pourrait se dire que c’est plutôt long dans un monde où l’on a été habitués à voir les séries les plus vendeuses être exploitées jusqu’à la moëlle. On se disait alors que ce Far Cry 6 allait prendre le temps de réinventer la formule de la saga, plus ou moins identique depuis l’épisode 3. Et bien non, pas vraiment.
On remet ça ?
Far Cry 6 surfe à vrai dire allègrement sur tout ce qui a fait le succès des derniers épisodes de la série. On retrouve ainsi tous les éléments clefs : un monde ouvert dans un cadre idyllique, un gros méchant assez détraqué, une map qui regorge de mille et une choses à faire, une bonne dose de fun, des PNJ hauts en couleur.
Cette fois-ci, c’est le célèbre acteur Giancarlo Esposito (que l’on connait tous comme étant l’incroyable Gustavo dans Breaking Bad) qui prête ses traits à Anton Castillo, le fou furieux que l’on va devoir affronter tout au long de la grosse trentaine d’heures de jeu qui se profile devant nous. Castillo est un bon dictateur comme on en fait plus – sauf si vous jouez à Tropico – qui contrôle son île d’une main de fer, broyant allègrement la population et l’exploitant dans une culture de tabac à base de produits chimiques bien mortels. De ce fait, des mouvements ici et là naissent pour tenter de mener à bien la Révolution et faire tomber le grand despote. C’est là que Dani Rojas – c’est vous – entre en jeu !
Très concrètement, l’univers construit par Ubisoft Toronto est vraiment plaisant, et les inspirations cubaines fonctionnent à merveille. On se plait à vivre cette guérilla de l’intérieur, détruisant un dépôt de produit toxique par là, reprenant un avant-poste contrôlé par l’armée par ci. Chacune des missions du jeu est relativement intéressante, et rarement s’installe le sentiment d’une redondance inutile. Toutefois, nous n’avons pas non plus été marqués durablement par une mission en particulier au cours de l’aventure, celle-ci étant donc assez linéaire en termes d’intensité. On a davantage été marqués par les extras proposés par le jeu, vraiment amusants pour certains comme ces combats de coqs qui proposent des affrontements dignes d’un Street Fighter déplumé, ou les amigos qui nous accompagnent pour déchiqueter nos adversaires, tels que ce crocodile portant un maillot de baseball.
Vous prendrez bien un petit cartable rempli d’explosifs ?
Car Far Cry 6 met, comme bien souvent dans la saga, le fun sur le devant de la scène. Cela se ressent très rapidement dans l’aventure, puisque l’on récupère après seulement deux ou trois missions le Supremo, un espèce de sac à dos lance-roquette bricolé par un guérilléro alcoolique. Il s’agit en fait d’une arme spéciale que l’on peut utiliser une fois une jauge remplie. Celle-ci peut avoir différentes utilités en fonction de la personnalisation que vous allez choisir : lance-roquette donc, mais aussi gaz contaminant permettant de rendre fous les adversaires, bombes incendiaires, j’en passe et des meilleurs. Les autres armes plus classiques sont elles aussi orientées fun et bricolage, avec des améliorations façon système D à leur apporter tout au long du jeu.
Côté gameplay, on retrouve là aussi tout ce que les habitués de la saga Far Cry connaissent. Et pour être très honnête, on a été un peu déçus de ce côté-là, puisqu’on a retrouvé dans les déplacements et la visée une rigidité qu’on avait oublié et qu’on a l’impression d’être issue d’un autre temps. Là où des titres comme Call of Duty proposent une jouabilité ultra souple, Far Cry 6 est carré, parfois pataud et a régulièrement des allures de vieux jeu PC, toutes proportions gardées. A l’heure de la next gen, on a trouvé ça un peu limite, d’autant plus que les graphismes ne nous ont pas réellement emballé non plus. Si le jeu est lui-même bien fichu visuellement, avec une patte graphique intéressante, on est très loin de mettre en place un nouveau standard visuel, comme peuvent commencer à le faire certains titres qui voient le jour sur PS5 ou Xbox Series. On est là sur du cross-gen assumé, et ce malgré le pack de textures HD de 30 Go téléchargé en amont du début du jeu. Dommage !
Au final, Far Cry 6 ne réinvente pas la roue et continue de proposer aux joueurs ce que la saga a l’habitude de faire. C’est déjà excellent, et le titre d’Ubisoft Toronto est, pris en tant que tel, une véritable bonne expérience, amusante, dense et bien pensée. Il n’y a que par son manque d’originalité et de renouvellement que le titre nous a déçu – ainsi que par sa jouabilité un peu trop rigide à notre goût, mais c’est un peu plus subjectif. On aimerait beaucoup voir Ubi se repenser sur cette licence à l’avenir. Et vous ?