Première œuvre du Studio Taghua, un studio indépendant fondé par Rutger van Dijk en 2020, seul et unique employé de ce dernier par ailleurs, Oakenfold arrive sur Steam avec pour ambition de proposer une approche très innovante des jeux de stratégie, alliant la tactique au tour par tour à certaines mécaniques propres aux rogue-like, avant d’y ajouter une touche de Retour vers le Futur.
Si l’introduction en fin de paragraphe d’une des œuvres légendaires de la pop culture peut laisser perplexe, la composition multiparamétrique de ce jeu pourrait quant à elle questionner sur la simplicité d’approche du gameplay de cette petite pépite indépendante, ayant récolté un peu plus de 10 000€ lors de son financement sur Kickstarter en octobre dernier. Il n’en est rien.
A la manière d’un rogue-like, toute la complexité d’Oakenfold réside dans les nombreuses possibilités offertes par chacune de vos run, chaque essai vous permettant d’appréhender un peu plus les possibilités liées aux spécificités de votre personnage, jusqu’à peut-être, enfin, arriver au bout de votre aventure.
Asha-alors !
Vous incarnez Asha, une des dernières survivantes de l’espèce humaine, décimée par les terribles Biocides, sortes d’extraterrestres insectoïdes et bestiaux visiblement belliqueux. Votre objectif : atteindre la mystérieuse Oakenfold, un vaisseau légendaire qui permettrait à Asha de survivre et de quitter la planète.
Pour ce faire, notre héroïne dispose notamment de son fidèle TimeScrubberTM, un dispositif qui lui permet de remonter le temps pour contrer les attaques de ses assaillants, préserver le précieux carburant d’Oakenfold qu’elle transporte avec elle et peut-être, enfin atteindre son but.
Dans l’idée, Oakenfold se joue réellement comme un jeu de stratégie classique au tour par tour. Asha dispose de 12 points d’actions, représentés par la jauge de Time Bank, qui lui permettent d’attaquer, se déplacer, améliorer son équipement ou encore utiliser des capacités. Une fois la Time Bank épuisée, l’intégralité des ennemis présents à l’écran jouent et le cycle se poursuit ainsi jusqu’à la victoire ou la défaite.
Point important et même essentiel du gameplay : à n’importe quel moment de son tour, Asha peut décider de remonter le temps et d’annuler ses dernières actions. Mieux encore, le TimeScrubberTM permet de remonter jusqu’aux tours précédents et il vous sera même possible de remonter jusqu’au début du combat si vraiment vous n’êtes pas sûr de votre coup. Un principe qui d’emblée peut sembler très, voire trop indulgent. C’est sans compter sur la difficulté très équilibrée d’Oakenfold – on précisera ici que l’auteur de ses lignes s’est lancé d’emblée dans le délicieux mode Difficile- où chaque action doit être minutieusement réfléchie pour permettre la victoire, puisqu’Asha n’est pas la seule unité que vous aurez à protéger des Biocides
En effet, si Asha dispose elle-même de trois points de vie, entrainant un game over immédiat et définitif lorsqu’ils atteignent zéro, la jeune survivante transporte avec elle un certain nombre de containeurs renfermant le précieux carburant qui permettra à Oakenfold de fonctionner correctement. Les Biocides n’étant pas réellement des créatures qui aiment jouer à la castagne de manière très fairplay, c’est donc à la cargaison immobile et vulnérable qu’ils s’attaqueront la plupart du temps.
Le nombre de caissons que vous pouvez perdre avant la fin de partie est limité à 6 ou 7 mais contrairement aux points de vie d’Asha, ces derniers ne se régénèrent pas entre chaque combat, d’où l’intérêt de pouvoir rembobiner l’affrontement afin de préserver le précieux fioul.
Les différentes cartes de combat sont quant à elles générées de manière procédurale, Asha devant choisir le chemin qu’elle souhaite suivre pour atteindre Oakenfold en fonction des objectifs annexes proposés ou des ennemis rencontrés. Tuer un Biocide ou remplir certains objectifs annexes permet d’obtenir de l’énergie, une des deux ressources nécessaires à l’achat d’améliorations de l’équipement et des compétences d’Asha.
L’autre ressource du jeu réside dans la Time Bank même. Plutôt que d’utiliser ses points d’actions, Asha peut décider de les stocker puisque chaque utilisation des tables de craft, présentes parfois sur le terrain, demande six points de Time Bank, en plus de l’énergie requise pour améliorer les capacités.
Rogue-like, Brawl-like ou Science-like ?
Pour ce qui est des capacités, au nombre de trois, elles dépendront entièrement de l’« état d’esprit » d’Asha en début de partie, chacun correspondant à un style de combat différent. La Survivante adopte un format un poil plus bourrin et dispose d’un gantelet de combat permettant de repousser les ennemis, d’un grappin pour les attirer et d’une grenade à fragmentation repoussant les ennemis à l’impact.
L’Agile, comme son nom l’indique, se meut avec beaucoup plus de facilité sur le terrain, utilisant son attaque en traître pour bondir par-dessus les ennemis et les repousser, son coup de pied sauté pour se rapprocher d’un seul coup et une grenade à implosion qui attire cette fois les ennemis à l’impact.
Enfin, la Scientifique propose une mécanique un peu plus originale à thématique très clairement « technologique » avec un taser permettant de faire pivoter les ennemis, un Roomba® customisé pouvant repousser les adversaires sur son passage, et un dispositif de téléportation permettant d’échanger de place avec les ennemis.
Vous l’aurez sans doute compris, Oakenfold repose avant tout sur le bon (re)positionnement des ennemis. A leur tour, les monstres présents sur le terrain effectueront leur déplacement en fonction des dernières actions d’Asha et indiqueront la cible de leur prochaine attaque, offrant à chaque tour au joueur un véritable puzzle sur le thème de l’apocalypse à résoudre à l’aide des compétences d’Asha.
Et c’est là toute la simplicité et l’efficacité d’Oakenfold. Sur fond d’une musique discrète et psychédélique, il conviendra de se poser les bonnes questions avant chaque mouvement pour être certain de ne pas finir dans l’estomac d’un ver des sables ou de perdre un des précieux contenants.
A contrario d’un Hadès toutefois, Oakenfold ne propose pas réellement de transfert ou d’amélioration entre chaque partie, la mort d’Asha mettant définitivement fin à son aventure. On peut ainsi mettre en doute la re-jouabilité du jeu une fois le scénario principal clôt : l’aspect rogue-like fournit certes un vaste panel d’affrontements et de situations différentes à traverser mais les quelques boss restent les même sur chaque partie.
Si Oakenfold propose en parallèle un mode mis à jour chaque semaine permettant de se mesurer au reste de la communauté sur un même scénario, il n’en reste toutefois pas moins un jeu que les passionnés pourront refaire en boucle, encore et encore afin de toujours viser le mini-maxing le plus absolu. Les autres pourront profiter de cette expérience assez unique et divertissante avant de partir à la découverte d’autres pépites indépendantes du genre.