Depuis son annonce, j’attendais avec impatience la sortie de South of Midnight. Disponible en exclusivité du côté de la Xbox (et du Xbox Game Pass) pour le moment, le titre développé par Compulsion Games (à qui l’on doit les sorties du très chouette We Happy Few et de Contrast) s’est démarqué avant tout par une patte artistique bien marquée, magnifiant d’office ce plongeon dans le bayou américain.
Cela fait déjà quelques jours qu’on a pu mettre la main sur le titre en avant-première, et je vous propose sans plus tarder mon avis complet !
Jazz, sorcellerie et moustiques
Je vous le disais, c’est avant tout visuellement que South of Midnight avait fait mouche lors de son annonce et au cours des présentations qui ont suivi. Une fois lancé dans l’aventure, ça se confirme à 100%, et j’ai pris un plaisir incroyable à plonger dans ces décors et cet univers que je ne connaissais que peu jusqu’à maintenant. Le titre nous propose une immersion complète dans le deep south américain, ses zones marécageuses, inondées et cette ambiance mystique, qu’on a pu retrouver récemment dans la pop culture dans des oeuvres comme True Detective S1, Mafia 3, Resident Evil VII ou encore certains environnements de Red Dead Redemption 2 ou The Walking Dead S1 de Telltale. C’est, à mon sens, l’un des véritables points forts du titre, qui parvient à la perfection à nous immerger dans la moiteur de ces environnements, à nous faire découvrir ce que ces lieux ont à nous offrir. Le bayou s’offre à nous, tout comme les gens qui le peuplent : South of Midnight est incroyable à ce niveau, peignant des personnages haut en couleur aux doublages en version originale remplis d’accents du sud. Hazel, le personnage principal de l’aventure, en est un bon exemple, mais c’est encore plus parlant sur l’ensemble des personnages secondaires rencontrés tout au long de l’aventure.
C’est un grand poncif du test de jeu vidéo, mais on retrouve avec South of Midnight un aspect très intéressant : l’environnement et le folklore sudiste deviennent des personnages à part entière, conférant à l’ensemble de l’aventure un cadre et une substance d’une intensité qu’on ne voit que trop rarement. On retrouve tous les codes de cette région, mais South of Midnight nous plonge également dans toute la mythologie (et elle est dense !) qu’on y retrouve. Ambiance sorcellerie, entités légendaires comme le Rougarou ou Huggin’ Molly, j’en passe et des meilleurs, vous allez voir du pays. L’intégralité de l’intrigue pioche d’ailleurs dans ce folklore, puisque Hazel va rapidement découvrir qu’elle a le pouvoir de tisser sur la Grande Tapisserie, cette représentation de la destinée.
Ces personnages sont magnifiquement campés, et visuellement très réussis. Leurs looks font mouche à chaque fois, et le style d’animation, complètement inspiré du stop motion, vient apporter un supplément d’âme au titre sur le plan graphique qu’on ne peut qu’apprécier. South of Midnight tente quelque chose de nouveau, et le réussit à la perfection, et ce vent de fraîcheur visuel fait plaisir à voir.
Ce plongeon dans le sud américain est encore plus prégnant lorsqu’on intègre l’ensemble de la bande-son dans l’équation. Je mentionnais les doublages un peu plus haut, mais que dire des musiques ? On ressent à la perfection toute l’identité de cette région dans les musiques qui viennent rythmer notre aventure, et l’une des premières scènes du jeu où l’on poursuit quelque chose (notez cette magnifique technique anti-spoiler, à base de “quelque chose”, “trucs” et autres termes beaucoup trop vagues qui n’auraient normalement pas leur place dans un écrit, comme le disait si bien Madame Stoclin, ma prof de Français au collège. Mais bon, je crois que je m’égare) sur des rythmes jazz endiablés est absolument révélatrice de la palette sonore globale de South of Midnight.
Le charme de l’ancien, les limites aussi
Cette fraîcheur qu’on retrouve dans la représentation de l’univers, j’aurais vraiment aimé pouvoir la retrouver également dans le gameplay. Malheureusement, c’est un peu la désillusion de ce côté, et South of Midnight se révèle être un jeu très basique et linéaire dans ses mécaniques. Lors de leur preview, certains médias américains n’avaient pas hésité à faire des comparaisons avec les jeux d’action/aventure de l’époque PS2, ce qui est peut-être un peu exagéré, mais donne tout de même le ton.
Le jeu repose sur une structure répétitive : d’abord une phase “d’exploration” très linéaire, dans laquelle on enchaîne quelques sauts, un peu de grimpette, et une ou deux énigmes très basiques. Puis, une phase de combat en arène où il va falloir venir à bout des ennemis pour briser les murs de l’arène et faire disparaître la “corruption” de la nature environnante.
Bien évidemment, la formule évolue au fur et à mesure de l’aventure, dans les deux phases, notamment grâce à l’incorporation à l’exploration et aux combats de pouvoirs, là aussi assez basiques. Un pouvoir de répulsion, un autre d’attraction ou encore un autre permettant de “tisser” pour faire apparaître des objets ou bloquer les ennemis. En combinant le tout, on arrive à des choses légèrement plus complexes, mais qui restent malgré tout assez sommaires. En exploration, on peut ainsi “tisser” un pont ou un objet permettant d’accéder à des plateformes autrement inaccessibles, on peut dégager des passages en poussant ou tirant via nos sorts, etc. Simple, mais efficace malgré tout.
Les combats sont de manière générale très rigides, peu fluides et plutôt basiques dans leurs mécaniques. Je pensais qu’ils étaient volontairement simples pour se focaliser sur l’histoire, mais les ennemis sont toutefois assez costauds et tapent fort, ce qui vient un peu à l’encontre d’une simplicité poussée à dessein. Un arbre de compétence assez basique vient apporter un peu de profondeur au fur et à mesure, mais rien qui ne transcende complètement le gameplay.
Difficile pour le jeu, qui propose beaucoup de grimpette et de combats, de passer juste après Assassin’s Creed Shadows qui excelle dans ces deux domaines. Si les jeux sont complètement différents, et n’ont pas nécessairement les mêmes ambitions, la comparaison est immédiate du fait du timing des sorties et on fait un bon dans le passé assez impressionnant en termes de gameplay.
Conclusion
South of Midnight est une vraie belle aventure, qui va vous faire découvrir une atmosphère incroyable. Ce plongeon dans le sud américain, son folklore, ses personnages, sa musique, ses accents incompréhensibles est une véritable masterclass. On prend un plaisir fou à découvrir la suite des aventures, à s’immerger toujours un peu plus dans le bayou et ses habitants, à voir ce que le sort réserve à Hazel, tout au long des 10-12 heures nécessaires à plier l’aventure. Il faudra toutefois pour cela tenir le coup face à un gameplay daté, qui ne va jamais décoller. South of Midnight n’est pas un AAA, et il porte malheureusement sur ses épaules le poids de cette étiquette qu’on a probablement voulu lui coller bien malgré lui. Si on le prend pour ce qu’il est réellement, il se révèle être une vraie belle découverte, une parenthèse moite et marécageuse pleine de charme. A essayer au moins une fois (et ça tombe bien, c’est inclus dans le Xbox Game Pass pour les abonnés).