J’en suis encore toute amusée, toute attendrie, toute étonnée, toute éblouie. Je souris, je ris, je compatis. Vous m’accompagnez ? S’il vous plaaaaaaiiiiit !
Lancez-vous dans ce petit roman « épistolaire » (guillemets car ce sont des mails) qui se veut sans prétention, un roman « de vacances » mais qui, tout en douceur et en légère ironie, nous entraine dans la gravité.
La disparition d’une femme aimée. La mort d’un enfant. C’est léger, ça ? Je dois continuer ?
Et pourtant, je danse. Je danse face à la vie qui déborde de cette histoire. Face à l’amour, à la joie d’être ensemble ou au plaisir d’être solitaire et de mettre de l’ordre.
« Quand j’écrivais des romans, je m’engueulais souvent moi-même : stop ! Assez de psychologie ! Assez de drames ! de la légèreté, mon garçon ! Laisse donc entrer la vie là-dedans ! Et je me rappelais mes enfants qui, chaque fois que je rentrais après quelques jours d’absence, me réclamaient en tapant en cadence de leurs petits poings sur la table : une anecdote ! »
Voilà ce que déclare Pierre-Marie Sotto, le grand écrivain titulaire d’un prix Goncourt, à Adeline Parleman, une lectrice passionnée qui se met soudain à lui écrire, après lui avoir envoyé une grosse enveloppe (un manuscrit ?) que Sotto ne veut surtout pas lire.
« Lorsque j’écris un roman, je m’efforce d’y mettre de la cohérence, de la structure. Ici, au contraire, je peux me promener selon mon humeur et la vôtre, je peux oublier mes poussins en route et les récupérer la fois suivante, ou pas. Je ressens une liberté grisante. Ca part dans tous les sens et cette accélération, ce désordre me plaisent. J’aime aussi cette parcimonie avec laquelle vous me donnez à voir qui vous êtes ».
Moi aussi, j’aime bien ! C’est ce que je préfère, d’ailleurs, dans un roman ! La vie des personnages se révèle peu à peu, et je ne vais surtout pas vous la révéler. Tout le plaisir a été pour moi. Et je vous souhaite la pareille.
Sachez juste que Pierre-Marie Sotto a une famille nombreuse et recomposée, des amis sincères, un éditeur compréhensif et charmant, et une admiratrice très entreprenante. Sa femme ? C’est justement là que se situe le problème.
Adeline est seule.
Et puis je termine par un ultime extrait (j’en ai coché plein tellement j’adore ce roman ) : « Il n’y a qu’à vous que je peux écrire une chose pareille : malgré l’horreur des faits que nous venons d’apprendre, je continue de me réveiller chaque matin avec étonnement et un appétit intact pour la vie ».