Une scène de pure folie dans un chalet. Une victime au visage réduit en bouillie à coups de tisonnier. Et une suspecte atteinte d’une étrange amnésie. Camille Nijinski, en charge de l’enquête, a besoin de comprendre cette subite perte de mémoire, mais le psychiatre avec lequel elle s’entretient a bien plus à lui apprendre. Car avant de tout oublier, sa patiente lui a confié son histoire. Une histoire longue et complexe. Sans doute la plus extraordinaire que Camille entendra de toute sa carrière…
« Tout d’abord, mademoiselle Nijinski, vous devez savoir qu’il y a cinq protagonistes. Toutes des femmes. Écrivez, c’est important : “la journaliste”, “la psychiatre”, “la kidnappée”, “la romancière”… Et concentrez-vous, parce que cette histoire est un vrai labyrinthe où tout s’entremêle. Quant à cette cinquième personne, elle est le fil dans le dédale qui, j’en suis sûr, apportera les réponses à toutes vos questions. »
Fil d’Ariane
Lorsque l’on connait les intrigues en forme de casse-têtes de Franck Thilliez, le titre de son dernier roman Labyrinthes laisse d’emblée imaginer le lecteur dans quelle intrigue tortueuse il va se retrouver à nouveau. Faites confiance à l’un des maîtres du thriller français pour vous perdre dans ce dédale infernal dont la sortie, qui se profile dans les dernières pages, apporte toutes les réponses à cette intrigue sous forme d’une mécanique parfaitement huilée.
Les plus fidèles lecteurs de Franck Thilliez le savent, l’auteur est obsédé par la mémoire. A juste titre puisque notre mémoire est un véritable labyrinthe ; une thématique romanesque qui permet, d’autant plus dans le thriller, d’imaginer une intrigue complexe et, avec ce magnifique instrument qu’est la plume d’un auteur, de se jouer de ses personnages et par extension de ses lecteurs.
De ce thème de la mémoire, ou plutôt de la perte de mémoire et de la confiance que l’on peut avoir en nos souvenirs, Franck Thilliez tisse une intrigue complètement folle comme un défi pour lui-même mais également pour le lecteur. Une intrigue mettant en scène cinq personnages : « la kidnappée », « la journaliste », « la romancière », « la psychiatre » tandis que la dernière se cache dans le dédale mais pourrait bien être la clé de cette histoire qui, de prime abord, semble impossible. En effet, les péripéties de ces femmes n’ont aucun rapport entre elles, si ce n’est qu’elles semblent toutes perdues à un moment de leur vie, ni la même temporalité (un autre formidable outil de l’écrivain). Si ce n’est cet étrange labyrinthe qui revient sans cesse ainsi qu’un terrible minotaure qui s’y cache. Et pourtant, il y a bien un fil qui va les relier. Comment est-ce possible ? Comment l’auteur, qui se fait alors magicien, peut-il retomber sur ses pieds dans cette intrigue qui semble impossible ? « Lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité » écrivait Arthur Conan Doyle. Cela n’a jamais été aussi vrai que dans Labyrinthes. Un labyrinthe littéraire dans lequel on se perd, où parfois on pense trouver le bon chemin vers la compréhension de l’intrigue avant de rebrousser chemin. A peine quelques indices disséminés de-ci de-là comme une moyen de se raccrocher à ce fil d’Ariane (qui pourrait bien s’emmêler) jusqu’à trouver la sortie. Alors, dans les dernières pages du roman, tout s’éclaire lors du prestige, le fameux dernier acte du numéro de magie. Tout devient limpide, cohérent. Un véritable tour de passe-passe sans chausse-trappe puisque tout était là, sous nos yeux depuis le début.
Un dédale dans le dédale
Avec Labyrinthes, Franck Thilliez mise tout sur l’intrigue mais surtout sur ses protagonistes. Se jouant d’eux et aussi de nous, lecteurs. Comme dans une partie d’échec, les personnages représentants les pions, l’auteur a toujours un coup d’avance et repousse encore une fois les limites de son imaginaire et de la complexité de son intrigue. Une fois la lecture achevée, on ne peut que rester admiratif devant ce formidable casse-tête (qui aurait pu se révéler casse-gueule) dont les mécanismes complexes s’emboîtent parfaitement sans jamais perdre le lecteur. Défi réussi ! Et doublement réussi puisque Franck Thilliez a même construit une intrigue à double niveau ; parfaitement compréhensible pour les primo lecteurs mais qui cache quelques révélations pour ses plus fidèles lecteurs. Nous n’en dirons pas plus pour ne rien divulgâcher.
Labyrinthes est un formidable roman à l’intrigue noire et tortueuse, comme un jeu autant pour l’auteur que pour le lecteur. Cinq histoires en une seule pour notre plus grand plaisir et pour jouer à se faire peur. Un roman d’autant plus jouissif pour les plus fidèles de Franck Thilliez avec, peut-être, le revers de la médaille puisqu’ils pourraient comprendre la solution à cette intrigue plus tôt que les autres (ce fût mon cas mais sans gâcher le plaisir des derniers chapitres puisque tout le sel du roman est aussi de jouer à tenter de trouver la sortie dans ce labyrinthe dans lequel l’auteur nous invite).
Précisons enfin qu’au-delà de la mécanique implacable, la plume de l’auteur est toujours aussi aiguisée, agréable à lire afin de faire vivre des personnages, des ambiances et des lieux différents en utilisant quelques unes de ses meilleures armes d’écriture. Le tout avec toujours autant de noirceur et d’émotions fortes.
Oserez-vous entrer dans le dédale des Labyrinthes de Franck Thilliez ? Ne perdez surtout pas le fil, au risque de vous y perdre ! Quel sera le prochain challenge de l’auteur ? Nous avons déjà hâte de le découvrir !