Un décor ravagé, rouillé. Un petit garçon roux à la chevelure rebelle saute de plateforme en plateforme dans un but qui semble aussi clair que dénué de sens : avancer.
Bientôt notre garçonnet trouve son salut pour voguer sur l’océan qui l’enserre. Une coquille de noix avec laquelle il va entretenir une relation symbiotique. Braver mers démontées et glaciers démesurés.
Ce petit garçon, vous l’incarnez.
Limb’eau
Difficile de ne pas penser à un jeu Playdead en lançant Far Changing Tide. Les déplacements. La direction artistique élégante. La plateforme mâtinée de puzzle (beaucoup plus puzzles quand même). Le silence. La cohérence intra diégétique : pas de tutoriel, pas d’indication visuelle grossière pour vous dire où vous devez aller. Un gameplay épuré à l’extrême.
Vous voguez d’énigme en énigme, alimentant le moteur par ici, levant les voiles par là, réparant un mécanisme de l’autre côté…
Les éléments avec lesquels vous pouvez interagir lors des énigmes se détachent de la rouille avec un léger turquoise.
Quelques peintures rupestres vous renseignent sur les raisons qui ont poussé ce monde industriel vers sa fin.
Les machines que vous rencontrez et vous remettez plus ou moins en marche témoignent des vains efforts pour sauver des flots une civilisation qui semble désormais éteinte…
Pas d’écrits pour vous aider, pas de voix pour vous guider, mais une trame limpide et engageante : vous comprendrez et aurez envie d’en apprendre plus en assimilant les bribes laissées ci et là.
Souquez les arty bus
Far Changing Tide est beau. Sa direction artistique mêlant peinture pour les ciels, shaders convenables pour les vagues, modélisations inspirées pour les modèles 3D est une franche réussite.
La musique rappelle Austin Wintory. Elle invite au voyage et à la contemplation et souligne sans faillir les panoramas surréalistes.
La mise en scène est efficace, et même très intéressante par moment.
Techniquement, c’est simple, mais propre. Mis à part l’antialiasing un peu limité et des soucis de collisions avec les objets, tout tourne à merveille, même sur des machines vieillissantes.
Retour de vague
Un jeu parfait ? Non. Déjà, c’est lent. Parfois très lent. Pour ne pas dire un mot qui rime. On a beau avoir des petites choses à faire lors des trajets entre les énigmes, quand la mer est calme, que le paysage ne se renouvelle plus depuis quelque temps… on a hâte d’arriver au prochain puzzle.
Les puzzles sont souvent simples, voire simplistes, et logiques (dès lors que vous agréez parfois à une vision un peu artistique de la physique…). Certains vous donneront plus de fil à retordre, non qu’ils soient complexes, mais vous pouvez manquer un élément quelque part et tourner un peu en rond. Le mieux est d’arrêter la partie et de reprendre à tête reposée. Vous remarquerez alors le petit objet en bas à droite ou la fosse sous-marine que vous aviez loupé lors de votre première tentative. Le revers de la médaille pour le choix d’un jeu sans la moindre indication.
Toutes voiles dehors moussaillons
En résumé, je vous recommande vivement cette petite aventure. En petite dose, elle vous offrira de jolis panoramas, et des petites énigmes distrayantes. Il y a aussi quelque chose de très satisfaisant à voguer sur une mer démontée et prendre soin de son bateau.
La durée de vie peut sembler un peu faible, comptez 5h environ pour en voir le bout. Ceci dit, c’est la durée adéquate pour le genre, et pour ce que le jeu a à raconter. Les voyages étirent déjà suffisamment l’aventure pour ne pas en souhaiter beaucoup plus. J’aurais apprécié un lore un peu plus creusé, mais le choix de la narration environnementale ne permet pas de se lancer dans des récits très précis…
Le jeu coûte une vingtaine d’euros ce qui est correct pour le dépaysement offert et la qualité globale du titre. Vous pouvez aussi y jouer sans surcoût sur le Gamepass PC et console.
Disponible sur les consoles Xbox One, Serie X|S, PS4, PS5, Switch, Steam et Epic Game Store.