Dans Frutopia, chaque joueur habite une petite île paradisiaque où il vit de la récolte et de la vente de ses fruits. Un cadre apaisant, coloré, mais attention aux autres joueurs qui pourraient aller plus vite pour récolter, fournir les bateaux en marchandises et aménager leur île. Pour réussir les meilleures affaires, il faut aller vite et bien planifier sa stratégie !
Salade de fruits, jolie, jolie, jolie
Après le très bon Polynesia cet été et sa direction artistique tout aussi soignée que dépaysante, Gigamic nous revient avec Frutopia, un jeu complètement différent dans sa mécanique mais tout aussi coloré et rafraîchissant. Ce qui attise l’œil du joueur de prime abord, c’est bien la direction artistique de Frutopia aux couleurs chatoyantes et sa thématique d’îles paradisiaques gorgées de fruits. Mais sous cet aspect visuel enchanteur, se cache un jeu plus profond qu’il n’en a l’air où l’anticipation et les choix cornéliens seront de mise.
Frutopia n’est ni plus ni moins qu’une course aux points où chaque joueur est aux commandes d’une île représentée par un plateau carré de cinq cases sur cinq. En début de partie, chaque case bordée par la mer est recouverte par un bateau limitant ainsi le nombre de cases disponibles. Pour un temps en tout cas… Le but du jeu est de collecter un maximum de fruits pour pouvoir les livrer aux bateaux ou les vendre pour acheter des aménagements spéciaux afin de marquer des points. Le joueur le plus haut sur la piste de score remporte la partie.
Un tour de jeu dans Frutopia est rapide, il se compose de deux actions. Tout d’abord, le joueur peut, à la manière d’un Taquin, faire glisser l’un de ses jetons collecteur de fruits (5 sont placés sur l’île en début de partie) d’un certain nombre de case accessibles en ligne droite. Suivant le nombre de cases traversées, le joueur récolte autant de fruits que celui indiqué sur le jeton : banane, orange, citron vert, etc. Puis, dans un second temps, il peut répondre à une commande d’un navire ; pour se faire, il défausse les fruits de sa réserve suivant les besoins inscrits sur la tuile, marque des points et défausse le bateau. La cale du navire remplie, celui-ci prends la mer et libère une case sur le plateau. Pour cette seconde action, il est également possible de vendre des fruits au marché central pour acquérir un aménagement spécial. Chacun ayant sa particularité : certains permettent de construire un bâtiment sur l’île, bloquant une ou plusieurs cases du plateau en échange de nombreux points à marquer ; d’autres de récupérer de nouvelles tuiles qui élargissent les possibilités de récolte ; d’obtenir des objectifs individuels à valider en fin de partie ou de fabriquer des glaces qui rapportent des points de victoire.
Couper la poire en deux
La mécanique est simple mais peut vite se transformer en véritable casse-tête, il faut alors faire preuve d’anticipation dans ses déplacements. Pour exemple, « je déplace mon collecteur d’orange de trois cases et je récolte donc trois oranges. Libérant alors la ligne pour permettre, au tour suivant, de déplacer mon jeton citron sur quatre cases ». Tout en gardant toujours à l’esprit de pouvoir répondre aux conditions pour livrer un bateau ou acheter un aménagement spécial plus vite que les adversaires. S’ajoutent d’autres choix cornéliens : vaut-il mieux livrer rapidement les navires qui bloquaient de précieuses cases sur l’île ? Ou se jeter sur les aménagements spéciaux les plus lucratifs avant l’adversaire au risque de bloquer des cases ? Tout en gardant à l’esprit que plus vite les aménagements sont achetés et plus vite la partie prend fin. Frutopia se révèle alors un savant dosage, presque paradoxal, entre faire de la place sur l’île pour récolter de plus en plus de fruits ou réaliser des aménagements qui limiteront la collecte mais feront marquer plus de points. Tout un équilibre à trouver pour optimiser au mieux les déplacements et scorer au maximum. Pour rester dans la thématique des fruits, l’expression « couper la poire en deux » correspond au dilemme que propose Frutopia. Les parties étants rapides, on se prend au jeu d’en refaire une pour tester une autre stratégie ; ce qui est en général révélateur d’un jeu bien pensé !
Et si tout cela ne suffisait pas, il existe un mode de jeu supplémentaire dans lequel il est question de se déplacer sur une piste pour fabriquer des sodas afin de marquer des points. Si le mode ajoute une possibilité supplémentaire de livrer des fruits, il complexifie encore plus les choix. Enfin, Frutopia propose un mode solo agrémenté de quatre niveaux de difficulté. Très bien pensé, facile à gérer, ce mode de jeu offre des sensations assez proches de ce que l’on peut ressentir à plusieurs joueurs tout en proposant un réel défi.
En bref, Frutopia est une belle proposition. Alléchant visuellement, suffisamment familial pour s’adresser à un large public, facile à expliquer mais suffisamment retors pour proposer un réel défi. Il est tout à fait possible de le jouer très simplement ou de verser dans le calculatoire. Une bonne idée superbement servie par une direction artistique aux couleurs chatoyantes et acidulées. Le matériel est aussi qualitatif que pléthorique donnant du plaisir à récolter des meeples aux formes de fruits. Par son thème bien exploité, sa mécanique efficace, son visuel joyeux et ses parties rapides, Frutopia est typiquement le genre de jeu agréable que l’on prend plaisir à ressortir souvent. Il mérite le coup d’œil !
Frutopia, un jeu de Christian Stöhr, illustrée par Annika Heller, édité par Gigamic.
Nombre de joueurs : 1 à 4
Âge : à partir de 10 ans
Durée moyenne d’une partie : 30mn à 1h