Dans sa collection Neopolis, les éditions Delcourt nous proposent aujourd’hui Moriarty, un diptyque qui nous place dans les pas de Sherlock Holmes, au cœur d’un Londres en proie à une menace inédite. Découverte.
Londres, 1899. Alors que les habitués chassent le dragon dans une des fumeries d’opium les plus mal famées de la capitale, un monstre à l’apparence inhumaine y fait irruption et y sème la terreur. Dans le même temps, Sherlock Holmes s’invite au Diogène, un club de gentlemen, pour y mettre au jour une infâme supercherie. Les deux événements sont-ils liés ? Le célèbre détective le pense et redoute que sa Némésis, le machiavélique Dr Moriarty, en soit l’instigateur. Des docks brumeux qui longent la Tamise à Buckingham Palace en passant par la rase campagne de Baskerville, une course effrénée contre la montre s’engage.
Les deux tomes qui composent l’histoire d’Empire Mécanique revêtent un aspect sombre et mystérieux. Très clairement, le duo de scénaristes Fred Duval et Jean-Pierre Pécau aime les zones d’ombre dans l’histoire autant que Stevan Subic, le dessinateur, aime les jeux d’ombre dans ses dessins. Sur ce point, les personnages apparaissent souvent partiellement masqués, tantôt par une posture, tantôt par un jeu de mouvement, si bien qu’il est parfois difficile de déceler les expressions de leurs visages et partant, de deviner leurs intentions. Si cet aspect de la lecture peut être déroutant au début, le lecteur averti en prend vite l’habitude et comprend que ces jeux d’ombre participent pleinement à l’aura de mystère qui entoure les différentes planches.
En ce qui concerne le scénario, Fred Duval et Jean-Pierre Pécau réussissent le tour de force de livrer en deux tomes seulement une enquête fouillée et approfondie, et de plus non dénuée de nombreuses scènes d’action. Celle-ci comporte plusieurs facettes et le lecteur prend un réel plaisir à en découvrir les différents aspects au fur et à mesure des déductions de Sherlock Holmes. D’ailleurs, Empire Mécanique est une histoire qui rend hommage à la perspicacité du détective, un trait de sa personnalité trop souvent dévoyé dans les nombreuses œuvres consacrées au héros d’Arthur Conan Doyle. Ici, les auteurs proposent une réelle lutte entre esprits brillants et les amateurs de la première heure retrouveront avec nostlagie la rivalité intellectuelle qui a toujours animé le duel Holmes-Moriarty.