Comme vous le savez, nous sommes passés à l’heure d’hiver le week-end dernier. Finis les barbecues entre amis et les chaudes journées d’été, place à l’hiver. L’occasion pour nous de nous caler bien au chaud avec un bon livre. Et cela tombe bien, car nous en avons justement un à vous proposer ! Le nouveau roman de l’auteur dont la plupart des œuvres sont des best-sellers, j’ai nommé le maître incontesté de l’horreur et du fantastique le plus célèbre du Maine : Monsieur Stephen King. Son nouveau livre, intitulé Revival – que l’on peut traduire tant par renaissance que par résurrection en français – est un roman estampillé « horreur », bien que nous le qualifierions plutôt de croisement entre l’horreur et le fantastique. Nous reviendrons sur ce point un peu plus tard. Quoiqu’il en soit, ce récit sombre et peu optimiste, mêlant fanatisme, religion et expérimentations scientifiques – entre autres – sur fond de musique rock, nous plonge dans un « bad trip » dont Stephen King a le secret.
« Venez seuls ! Venez tous ! Soyez Renouvelés ! »
Le récit s’ouvre sur une période tendue de l’Histoire, à savoir octobre 1962 : nous sommes en pleine crise des missiles de Cuba, où un climat pour le moins « électrique » règne plus que jamais entre les États-Unis et L’URSS. Jamie Morton, six ans, est le petit dernier d’une famille nombreuse habitant Harlow, une petite ville située dans le Maine.
Par un samedi ensoleillé, alors que le petit Jamie joue aux petits soldats à l’extérieur, une ombre s’abat sur son champ de bataille. Cette « éclipse humaine » n’est autre que le tout nouveau jeune pasteur méthodiste, Charles Jacobs. Passionné de sciences – notamment d’électricité – cela fait de lui un pasteur plutôt atypique car, en temps normal, la science et ses dérivés ne cohabitent que peu voire pas du tout avec la religion. Cette passion pour l’électricité est d’ailleurs partagée par notre personnage principal, Jamie Morton. Notre pasteur a une jolie petite famille, une magnifique femme dénommé Patsy ainsi qu’un adorable petit garçon de deux ans, Morrie. La famille Jacobs s’intègre assez rapidement au sein de la communauté de Harlow. Malheureusement, un terrible drame s’abat sur le révérend, lourd de conséquences, puisqu’il renie sa foi et l’existence même de Dieu. Il prononcera d’ailleurs à la suite de cela, un « Terrible Sermon » l’obligeant, trois ans plus tard, à quitter la ville, laissant Jamie Morton à jamais marqué par sa rencontre avec le charismatique pasteur Jacobs, lui qui a aidé son frère Connie à retrouver la voix aux moyens d’une de ses inventions électriques.
Trente ans plus tard, en 1992, Jamie est devenu guitariste rythmique et tombe par hasard sur l’ancien pasteur de sa ville natale, Charles Jacobs, qui a depuis changé de nom, se faisant désormais appeler Dan. Celui-ci est devenu forain – il révèle, à ce propos, avoir travaillé à Joyland, aujourd’hui fermé – et réalise de surprenants « portraits à la foudre ». Jamie est « bien entendu » tombé dans la drogue – il s’est d’ailleurs fait virer de son dernier groupe à cause de ça – ce qui est plutôt inhérent au monde du rock’n roll et son addiction sera guérie par « l’électricité secrète » de Jacobs. Jamie, empreint d’une dette éternelle envers ce dernier, se rendra compte plus tard que les « guérisons miraculeuses » de Charles Jacobs ont un prix et que ce n’est peut-être pas un hasard si leurs chemins se croisent sans cesse.
De l’étincelle au coup de foudre
Ce qui nous a un peu dérangé dans ce roman, c’est le rythme du récit. L’histoire peine à démarrer, bien qu’un événement de taille survienne dès les premiers chapitres. Le soufflé retombe assez rapidement, si je puis dire, dans les chapitres suivants. Beaucoup de longueurs, un peu trop de descriptif dans pas mal de chapitres – qui, du coup, nous paraissent interminables – peuvent en décourager certains. Comme nous le savons, le style descriptif est un des points forts de l’auteur, cependant à vouloir trop décrire chaque chapitre, nous finissons ensevelis sous une avalanche de descriptions de scènes trop poussées, qui nous donne cette sensation de lourdeur. Notons, par contre, que l’abondance de certains détails, notamment lorsque l’écrivain nous dépeint le monde tel qu’il était dans les sixties, permet à certains lecteurs de se remémorer ces années dans lesquelles ils ont pu grandir. Nostalgie, quand tu nous tiens ! A l’inverse, les lecteurs n’ayant pas connu cette époque se sentiront peut-être exclus et pourront moins bien s’immerger dans l’ambiance de cette histoire, surtout quand l’auteur cite à tour de bras les modèles de voitures de l’époque et les groupes de rock populaires de ces années-là.
Petit bémol au sujet du lieu où s’ouvre le récit, qui prend place une fois encore dans le Maine, mais il faut croire que cette contrée des États-Unis inspire énormément notre écrivain. Néanmoins, les lecteurs assidus de l’auteur pourraient ressentir un peu de lassitude ainsi qu’un sentiment de frustration sur ce point, sachant qu’il existe une multitude d’endroits aux États-Unis qui se prêteraient aisément à une ambiance fantastique ou horrifique. Dommage que Stephen King ne fasse pas voyager notre imaginaire au-delà des frontières du Maine. En ce qui concerne les personnages, les premiers rôles sont tenus par notre révérend fana d’électricité, Charles Jacobs, et notre rockeur raté accro à l’héroïne, Jamie Morton. Et puis il y a les autres, un peu plus effacés mais néanmoins présents et attachants, chacun ayant une histoire plus ou moins tragique. Le point fort de ce roman reste la fin, l’horreur se faisant ressentir plus que jamais, surgissant comme un diable de sa boîte. On ne s’attend vraiment pas à ce que le roman prenne cette tournure, pour le moins inattendue. Pour revenir sur un aspect évoqué précédemment, la classification de genre que l’on pourrait attribuer à Revival peut se discuter. En effet, ce n’est pas qu’un roman d’horreur loin de là, puisqu’il tient une place plutôt minime comparé au fantastique qui, lui, est bien présent.
Dernière chose que nous aimerions évoquer, c’est la couverture de ce roman, qui le rend attractif tant par sa couleur bleue électrique que par la foudre qui scinde le livre en deux. De même, le nom de l’auteur et le titre en lettres capitales attirent tout de suite l’œil. Impossible de passer devant sans le remarquer ! Enfin, concernant la traduction effectuée par Océane Bies et Nadine Gassie, elle nous semble cohérente et fidèle à l’œuvre originale.
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