Plus de cinq ans après la sortie du cinquième opus de la saga démoniaque déjantée, Disagea 6 : Defiance of Desitny rejoint enfin ses prédécesseurs dans cette série de RPG tactique japonais. Développé par le studio Nippon Ichi Software et édité pour nos contrées occidentales par l’américain NIS, Disgaea 6 est déjà paru sur PS4 au Japon en janvier 2021. Il sort officiellement pour le reste du monde en cet été 2021 pour le plus grand plaisir des amateurs de shonen épique, d’humour absurde et surtout de statistiques délirantes.
Ce test a été réalisé sur la version Switch de Disgaea 6 : Defiance of Destiny
Un scénario d’une complexité dramatique : la bagarre
Digne héritier de ses prédécesseurs, Disgaea 6 s’ouvre sur une petite cinématique d’introduction vous déployant le contexte dans lequel le jeu prend place. Un terrible Dieu de la Destruction, le plus puissant semble-t-il ayant jamais existé, entend pulvériser le Netherworld purement et simplement. C’est tout.
Au moins les bases sont posées et le jeu ne coupe pas à la tradition de ses scénarios d’une subtilité rare. Si la série est connue pour son gameplay alambiqué et pour son univers original, elle ne brille toutefois pas par la complexité de son histoire.
Vous incarnez donc Zed, un « jeune » zombie accompagné de son fidèle conseiller, Cerberus, grand sage à la voix de baryton ayant pris l’apparence d’un carlin zombie, dont l’objectif est de vaincre le dieu de la Destruction une bonne fois pour toute. Les zombies étant considérés à peine plus que les fameux Prinnies, sortes de pingouins explosifs, dans le multivers du Netherworld, Zed n’a en réalité que peu de chance de vaincre un adversaire aussi puissant.
Notre zom-boy dispose toutefois d’un atout supplémentaire par rapport à ses congénères : le sort de super réincarnation qui lui permet de conserver l’expérience de chacun de ses combats chaque fois que sa non-mort le remet sur pied. Au stade où commence l’histoire, notre héros en est à plusieurs centaines de milliers voire de millions d’essais et est apparemment considéré comme l’une des plus puissantes créatures que le Netherworld ait connu, malgré son incapacité à vaincre son redoutable adversaire.
It’s over 9 000 000 000 000 000 000
C’est en effet l’une des particularités de la série Disgaea : la surpuissance, l’overkill, le gros billisme. Partir du niveau 1 avec des stats dans le chiffre à l’unité pour atteindre des millions voire des milliards au niveau 9999. Petite particularité de cet opus, même au niveau 1, chacun de vos personnages commencera à minima avec des stats dans les 30 millions.
Une volonté des développeurs de visiblement vouloir rendre le jeu accessible au plus grand nombre qui serait bien accueillie si elle ne laissait pas un goût amer en bouche aux adeptes de la franchise. L’un des grands plaisirs de Disgaea réside en effet dans l’évolution fulgurante de vos personnages, qui passent de simples trouffions à combattants surpuissants. Le fait de commencer aussi haut retire complètement le plaisir des premiers gros chiffres et c’est avec circonspection qu’on se demande s’il est vraiment utile d’équiper cette nouvelle arme qui vous fait passer de 30 053 834 à 30 064 245 en attaque.
Un choix dans l’accessibilité qui se retrouve également dans la nouvelle fonction « Auto », mise en avant dans l’écran de personnage. D’une simple pression du doigt, voilà vos braves démons qui commencent à se mouvoir de leur propre chef sur la map, exécutant les stratégies que vous aurez pris soin de leur programmer au préalable. Ajoutez à cela la fonction permettant de rejouer automatiquement certains niveaux et vous voilà avec un parfait petit système de farm vous permettant d’entrainer vos personnages tout en allant préparer votre diner.
Un système qui peut plaire comme déplaire, certains joueurs préférant suer sang et eau pour atteindre le pic de puissance de leurs personnages, mais qui n’est pas sans rappeler les jeux de Gacha couramment développés sur mobile et qui incluent traditionnellement un système permettant de farmer certaines map jusqu’à obtenir la récompense voulue. Coïncidence s’il en est, Disgaea RPG sur mobile est devenu accessible aux joueurs de monde entier en avril 2021, intéressant…
Stratégie et grosses patates
Disagea 6 : Defiance of Destiny reste toutefois un jeu tactique dont la complexité pourrait effrayer les joueurs débutants. Au-delà des chiffres hallucinants pouvant donner le tournis, le jeu propose de nombreuses classes pouvant toutes équiper plusieurs types d’armes débloquant des compétences spéciales différentes, sans oublier les compétences propres à chaque classe.
Ajoutez à cela les systèmes usuels du jeu tels que la Dark Assembly, qui permet d’appliquer des règles spéciales aux prochains combats, l’Item World pour booster le niveau et la puissance de vos objets, les équipes de reconnaissances pour explorer le Netherworld et les différentes quêtes et vous obtenez un RPG 100% japonais avec du contenu à n’en plus finir.
Toutefois, si Disgaea 5 : Alliance of Vengeance, son prédécesseur, atteignait une véritable apogée de contenu, on constate que le tout récent sixième opus s’est vu refuser plusieurs options qui renforçaient pourtant la proposition de valeur de la saga. Fini les compétences uniques des monstres leur permettant de se transformer en armes pendant quelques tours ou les armes spécifiques aux monstres et aux humanoïdes par exemple.
Également, si le cinquième opus proposait plus de 40 classes différentes, monstres inclus, le petit dernier offre à peine la possibilité de recruter la moitié de ce nombre. Un coup dur pour une licence dont le credo semblait pourtant être « toujours plus » que ce soit dans l’humour absurde, les personnages haut en couleurs ou le contenu. Une absence de variété qui peut s’expliquer par un passage des graphismes de la 2D à la 3D. Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois qu’une grande licence du jeu vidéo perd une partie de son contenu dans cette transition douloureuse.
Les graphismes justement parlons en : la modélisation des personnages est tout de même très réussie et chacune des attaques et sorts dispose aujourd’hui de sa propre animation. On ne pourra toutefois pas s’empêcher de remarquer à quel point certaines sont très similaires par rapport au jeu mobile et on regrettera que les environnements soient si vides lors de certaines attaques pourtant bien punchy.
Au final, le plus dérangeant dans cette histoire reste tout de même la console sur laquelle ce jeu fut testé. Si l’épisode 6 de Disgaea tourne certainement parfaitement sur Playstation ou sur tout autre support, on ne peut s’empêcher de remarquer à quel point le jeu souffre de ralentissements honteux par rapport à la quantité négligeable de détails à afficher. Rien qui empêche d’avancer correctement mais le joueur pointu ne pourra empêcher ses petits doigts boudinés de se crisper sur les touches alors qu’un léger (très léger) blocage dans le défilement du texte lui a fait appuyer un poil trop tôt sur le bouton A, passant ainsi malencontreusement la fin de la discussion.
Disgaea 6 : Defiance of Destiny reste et est un bon jeu tactique, digne représentant de son héritage démoniaque. Ses défauts résultent d’une bonne volonté initiale visant l’accessibilité pour tous d’un titre parfois un peu trop pointu pour être abordé à la légère. A vouloir trop en faire, ses créateurs se sont un peu pris les pieds dans le tapis mais qui saurait en vouloir aux génies qui décident d’appeler Cerbère un Carlin français magicien à la voix d’outre-tombe ?