Monark est développé par une équipe comprenant des membres ayant travaillés sur les saga Shin Megami Tensei et ses spins-off Persona, ce qui est pour moi est une bonne base étant donné le succès et les qualités de ces JRPG originaux à souhait.
Personnellement, je suis plutôt adepte de la saga Persona, que j’ai découverte sur le tard en achetant Persona 4 Golden sur Vita, friand de nouveauté sur la petite portable de Sony. J’avais déjà effleuré la saga en testant rapidement Persona 2 & 3 sur PSP plus tôt sans accrocher par méconnaissance dans l’engagement nécessaire pour les apprécier. Pour SMT, c’est différent, j’ai peu approché les épisodes de la saga originelle dont sont tirés les opus Persona.
C’est donc avec pas mal d’enthousiasme et en véritable fan que j’ai pris l’opportunité de tester Monark, en espérant qu’il soit – au moins – aussi bon que ces prédécesseurs.
Un scénario, classique, TRÈS classique, TROP classique ?
Avec un titre de paragraphe comme celui-ci, on va forcément voir la suite venir de loin, l’histoire est pour ma part trop peu original pour accrocher. Entièrement en anglais (ou japonais) sous-titré, on incarne un lycéen, qui a perdu la mémoire, et qui va se voir octroyer un pouvoir après avoir fait la rencontre d’une entité démoniaque, le fameux Monark.
Les lieux de l’intrigue seront le lycée Shin Mikado (encore un lycée…), mis sous cloche sous un bouclier magique, et dans lequel nous devrons parcourir les différents bâtiments pour les libérer d’une brume maléfique. Vous devrez donc à l’aide des autres membres du “True Student Counsil” enquêter sur les mystères relatifs à cette fameuse brume.
Notre héros devra donc progresser et libérer au fur et à mesure, les différents étages de chaque bâtiment, sans possibilité de sortir de l’enceinte du lycée a aucun moment. La brume étant le signe que d’autres personnages comme notre héros, ont également bénéficié de pouvoirs grâce à leur Monark, et l’utilisant, forcément, à mauvais escient. Cela sera représenté dans le jeu par les 7 péchés capitaux, chaque “boss” ayant succombé à l’un d’entre eux, notre héros ayant hérité du pouvoir de la vanité.
Tous les personnages que nous rencontrons, amis ou ennemis, seront tout à fait au courant de ce qu’il se passe, et même sur le fait de passer dans l’autre-monde par le biais d’un téléphone portable sans étonnement aucun. On est loin de la subtilité que l’on a pas connaître auparavant dans les autres titres.
Ajoutons à cela un jeu très bavard, pour des dialogues qui comportent souvent des longueurs pas forcément très utiles, et on se doute qu’on devra probablement se forcer pour avancer dans une histoire assez cousue de fil en aiguille, qui comporte malgré tout plusieurs fins.
Passons aux choses sérieuses, quid des combats ?
Si il y a une chose que l’on attend aussi d’un héritier de SMT, c’est bien un système de combat original et fourni.
Exit le tour par tour statique, ici on parle de tour par tour avec un déplacement “libre”. On se rapproche des combats que l’on peut voir dans des jeux style Disgaea, avec une visibilité moindre des déplacements et des portées des coups des ennemis, et il faudra donc jouer la carte de la prudence, sous peine de se prendre une vague d’ennemis qui nous one shot gentillement.
Le levelling de nos personnages se fait grâce aux points d’esprits gagnés à chaque combat, ou trouvés dans les éléments de décors (un peu étrange d’ailleurs de trouver de l’esprit dans une étagère, non ?). Chaque réussite à un combat, nous délivrera une note finale, qui impactera sur le nombre de points d’esprits remportés, ainsi qu’un certain nombre d’objets, que ce soit des éléments d’armures pour les démons qui nous accompagnent, ou diverses potions de guérisons. Ces fameuses potions de guérison permettront de régénérer des points de vie, ou de calmer la folie du personnage, ou divers états d’altérations (poison, sommeil, etc…).
La folie est également une partie importante du gameplay, en effet, lorsque vous vous retrouvez dans les étages remplis de brouillard, votre folie augmentera en permanence, et il sera nécessaire de toujours garder un oeil sur son niveau, pour éviter le gameover qui vous offrira un aller simple à la pharmacie pour tout recommencer. Sachant que les pouvoirs de vos héros peuvent parfois faire augmenter votre folie, en échange d’attaques dévastatrices, il faudra y faire très attention. Les potions et certaines capacités de vos personnages permettront également de faire réduire le niveau de folie.
Hormis les combats, vous pourrez également vous fournir en potions en les achetant à prix fort à votre Monark situé au début des zones de brouillards et dans les zones de repos, mais la monnaie d’échange sera également assez coûteuse, car elle utilisera également les points d’esprits, durement gagnés. Le pire étant que ces fameuses potions coûtent toutes le même prix, et il sera difficile de trouver l’équilibre entre dépenser ces points pour améliorer vos personnages, ou acheter quelques potions salvatrices pendant les combats.
Niveau difficulté, le jeu possède une option facile, proposée en début de jeu (et activable à n’importe quel moment), même si les débuts ne sont pas très difficiles en jouant ses déplacements prudemment. Cependant, on se rendra vite compte au bout de quelques boss, qu’il va falloir distribuer ces points d’esprits de manière très équilibrée, car vos ennemis évoluent vite au fur et à mesure du jeu. Il sera donc très mal vu, d’augmenter son perso principal a un niveau 20 par exemple, et de laisser pour compte vos autres personnages à un niveau bien plus faible, car vous allez vite vous retrouvez avec des ennemis niveau 23-24, qui écraseront vos personnages les plus faibles en deux coups de cuillère à pot. Ce qui est vite dommageable, car au fur de l’aventure, vous rencontrerez de nouveaux personnages, qui débuteront au niveau 1, et qui seront assez long à débloquer, rappelons le les points d’esprits se gagnent assez peu rapidement, est les compétences coûtent assez chers à débloquer au fur et à mesure que l’on les débloque dans l’arbre.
Vous aurez la possibilité de farmer en relançant certains combats de manière illimité, indiqué avec un niveau de difficulté comptabilisé sur un nombre d’étoiles, c’est d’ailleurs ce que je conseillerais de faire dès le début et très souvent pour garder un bon stock d’esprit pour passer les étapes suivantes tant qu’ils sont encore accessibles.
Attention une fois encore, les ennemis évoluent même en relançant le tout premier combat de la plus faible difficulté, et on pourra éprouver pas mal de difficulté, les ennemis frappent fort, et utilisent énormément les états d’altérations, chose qu’ils ne pouvaient pas faire au début du jeu. Ce système, qui aurait pu être génial sur le papier, devient vite frustrant, d’autant plus que l’on est pas averti au début, malgré un nombre de pages d’infos assez fourni sur les premières heures de jeu.
Au bout d’une dizaine d’heures, si on a privilégié notre héros au détriment des autres personnages, on commence à se casser réellement les dents sur les combats, bloquant la progression de l’histoire, et nous invitant presque à relancer le jeu à zéro pour recommencer la distribution des points d’esprits d’une autre manière.
La difficulté des jeux est un sujet à la mode, et Elden Ring sorti récemment prouve qu’il y a de la place pour des jeux difficiles. Mais lorsque la marge de progression se fait au détriment du plaisir de jeu, elle ne fait que le desservir, comme c’est le cas pour Monark.
Un gameplay basique ?
Le reste du jeu se limite à se déplacer dans les couloirs des bâtiments de l’académie, a discuter avec les personnages, et à quelques énigmes dans les zones de brouillards, qui nécessitent de trouver des documents pour récolter des indices, et résoudre la situation bloquante qui empêche de progresser (porte fermée, personnage qui refuse de bouger, ect…). Même si cela est bienvenu et ajoute un peu de gameplay supplémentaire, ces énigmes ne sont pas foncièrement intéressantes, et parfois un peu tirées par les cheveux, demandant de passer un long moment à taper des mots de passe sur un clavier à l’ancienne, ce qui n’a rien de pratique avec une manette. Bien entendu, la jauge de Folie augmente pendant ses phases, ajoutant un stress un poil inutile sur des énigmes parfois frustrantes, ce qui n’ajoute pas vraiment de plaisir dans le jeu.
Visuellement, le jeu est loin des standards du genre, et aurait probablement pu sortir sur Playstation 3 sans problème. On retrouve la même logique des personnages qui ont une tenue « fantaisiste » dans l’Otherworld, mais avec parfois un manque de goût et une impression de “sur-costume” plutôt qu’une seconde peau. Les cinématiques avec le moteur du jeu semblent aussi d’un autre âge, avec une animation des personnages globalement assez pauvre.
La bande son elle, est sympathique, et l’on retrouve quelques musiques entraînantes, comme tout droit sortie de Persona, a s’y tromper parfois, même si on fait vite le tour et que les chansons en boucles peuvent être redondantes.
En conclusion, Monark porte beaucoup de poids sur ses épaules, avec une réputation de ses aînés qui maîtrisent le sujet d’une bien belle manière. De son côté, il n’arrive pas à la cheville d’un Persona ou d’un Shin Megami Tensei, car hormis les combats, le jeu a du mal à nous tenir en haleine avec une histoire assez classique, et des phases de gameplay assez peu attirantes, sauf lors des combats. Ajoutons à cela une difficulté distillée de manière bancale, et nous nous retrouvons avec un jeu loin de rester dans les mémoires. Si on se détache de son héritage, le jeu reste un JRPG correct, avec ses défauts, mais non dépourvu de certaines qualités, et il faudra malgré tout surveiller le studio pour ses futures productions qui pourront être malgré tout prometteuses. Je ne conseillerais donc le jeu qu’aux curieux qui cherchent un petit JRPG sympathique mais difficile, mais pas foncièrement aux fans des deux sagas, qui risque d’être assez déçus.