Développé en solo par Nick Papageorgiou, Hunt The Pale Gods propose une relecture du format rogue-deckbuilding introduit par le désormais célèbre Slay The Spire. Derrière ce patronyme structurellement identique au mastodonte du genre, se cache un univers fortement inspiré par la démence lovecraftienne, proposant d’incarner non pas 4 mais plus d’une dizaine de personnages déblocables afin de partir en quête des Dieux Pâles, entités astrales et ancestrales responsable de la malédiction affligeant les protagonistes.
A travers un système d’étages vous permettant de renforcer progressivement votre deck, Hunt The Pale Gods vous fera traverser les profondeurs d’un océan mystique et affronter un roster de créatures issues d’un des 6 aspects mystiques encadrant le système de jeu.
Petit bijou inconnu ou pâle copie d’un titre désormais iconique, c’est ce que nous avons voulu tester.
![3-1024x574 [Test PC] Hunt The Pale Gods - Si les chalutiers raclaient le fond des abysses lovecraftiennes](https://i0.wp.com/www.conso-mag.com/wp-content/uploads/2025/04/3.png?resize=1024%2C574&ssl=1)
La couleur tombée de Steam
Reconnaissons tout d’abord le vrai mérite de cette chasse aux dieux blafards, sa qualité graphique plus que respectable pour un titre indépendant. Si la direction artistique d’un Slay The Spire a la réputation d’être particulièrement légère (et donc désormais iconique), Hunt The Pale Gods nous fournit une galerie d’illustrations simples mais efficaces, notamment dans le design des cartes, en parfaite adéquation avec son univers mystique et morbide.
Les chara designs des joueurs comme des ennemis sont léchés et l’ambiance musicale, bien que forcément répétitive à la longue dans ce type de format, vous poussera à un moment à fredonner ces quelques notes glaçantes qui accompagnent les affrontements.
Le jeu vous propose donc d’incarner deux types de personnages : les chasseurs, des humains affligés d’une malédiction les ayant poussés à se lancer sur la trace des Dieux Pâles, et les Déchus, humanoïdes présentant morphologiquement les traits et les pouvoirs des créatures qu’ils traquent désormais sans relâche. Considérés plus comme des personnages gimmicks que comme le cœur du jeu, les Déchus disposent de compétences très spécifiques qui permettent d’alléger la difficulté du jeu mais ne permettent pas de débloquer de nouveaux niveaux d’ascension, contrairement à leurs homologues chasseurs.
Parlant du système de progression, il conviendra avant de s’enfoncer dans les abysses de noter que ce dernier demandera un peu d’investissement de la part du joueur. Remporter une run avec l’un des Chasseurs permet en effet de débloquer les niveaux d’ascension suivants, rendant les adversaires plus coriaces et donc le jeu plus difficile, mais débloquer de nouveaux personnages vous demandera par exemple de jouer un type de cartes d’un élément particulier de (très) nombreuses fois ou de récupérer un certain nombre d’objets en quantités importantes.
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Ceux qui gament dans les ténèbres
Chaque chasseur dispose de deux compétences uniques qui influent son style de jeu. Ici on ne joue donc pas avec une « classe » disposant de son propre deck et de ses compétences spécifiques mais plutôt un personnage doté d’une petite particularité censée orienter vos choix lors de la construction de votre deck.
Par exemple, le premier personnage du jeu, le Pêcheur, possède une carte d’attaque, « Anchor Slam », qui consiste, comme son nom l’indique, à fracasser des crânes à coups d’ancre et une compétence utilisant un filet de pêche pour gagner un point de mouvement. Additionnellement, ces deux cartes possèdent un effet secondaire permettant d’augmenter la jauge d’étourdissement des ennemis, suggérant fortement au joueur novice de se lancer dans la construction d’un deck utilisant ce mot clé spécifique.
Car encore une fois, Hunt The Pale Gods propose un système de cartes communes à tous les personnages, reposant plus sur un système de synergie entre les différentes familles de cartes, aussi appelées aspects.
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Chaque aspect correspond à un type de monstre et donc à un type de gameplay que ces créatures utiliseront lors des affrontements, mais également au type de rituel obscur auquel votre personnage pourra accéder pour combattre l’occulte par l’occulte.
On dénombre au total 6 aspects différents – 5 au lancement du jeu et un sixième ayant fait son apparition dans la mise à jour du 24 avril – chacun doté de ses cartes et de sa mécanique : les cartes Primordiales permettent ainsi de lancer des attaques physiques multiples et brutales ou la possibilité d’invoquer des rats au combat, mais demandent de se défausser souvent ; l’aspect des Descendants influe sur l’ordre des cartes dans le deck et la défausse, augmente vos dégats arcaniques et joue sur le fait d’exiler des cartes (les retirer du jeu jusqu’à la fin du combat).
Les Abysses permettent d’invoquer et d’utiliser des monolithes, de repousser les ennemis ou de vous protéger contre les dégâts physiques. L’Ombral invoque des ombres sur le terrain et offre une mobilité supérieure, l’Œil joue sur les dégâts résiduels et les malédictions tandis que le Boréal s’appuie sur la Résonnance, un statut très intimement lié à votre propre jauge d’étourdissement.
A noter qu’un septième aspect, le Divin, existe mais qu’il représente surtout les récompenses de combat de boss et offre donc des avantages explicites pour tout type de style de combat.
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L’appel du Lhooth
De par sa diversité, le système de Hunt The Pale Gods propose une vraie richesse dans les synergies envisageables à chaque run. Si chaque aspect dispose en effet de son propre style de jeu, tous proposent un arsenal de cartes capables de tirer partie des possibilités offertes par les autres écoles.
A se demander si les possibilités offertes ne sont parfois pas un peu trop vastes tant il arrive régulièrement de sauter la phase de récompense de certains combats. Comme tout bon jeu de deckbuilding, Hunt The Pale Gods demande de gérer assidument la composition de votre deck et le nombre de cartes qu’il contient, au risque de ne pas piocher la bonne carte au bon moment, ou au contraire, de manquer de force de frappe ou de capacités défensives dans certaines situations.
Dans les faits, Hunt The Pale Gods propose trois grands niveaux à traverser, répartis chacun sur une quinzaine d’étages. Chaque étage vous offrira le choix entre plusieurs options : souvent des combats, parfois un évènement aléatoire, un passage par la librairie – la boutique du jeu – ou un feu de camp auquel vous pourrez choisir entre regagner une partie de vos points de vie ou bannir des cartes de votre deck devenues inutiles.
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Pour renforcer votre arsenal, il vous faudra choisir d’affronter des créatures correspondant à l’aspect recherché : une créature de l’Œil vous offrira toujours le choix entre trois cartes de cet aspect une fois vaincue et vous connaitrez toujours à l’avance l’aspect des créatures que vous pouvez choisir d’affronter à l’étage.
Seulement voilà. Compte tenu des synergies qu’ils doivent proposer, il peut arriver d’affronter plusieurs créatures d’un même aspect sans forcément se voir proposer de cartes particulièrement puissantes ou intéressantes dans la composition actuelle. Supposons que vous ayez lancé une run avec le Pêcheur et que, fort d’un esprit créatif et très roleplay dans l’âme, vous vous soyez laissé tenter par un deck Abyssal, en parfaite synergie avec le thème de notre cher marin. Vos premiers affrontements pourraient vous offrir une carte Abyssale permettant d’invoquer des ombres, vous poussant à vous orienter par la suite vers des affrontements contre des créatures de l’Ombrale.
A ce stade, la majorité des affrontements prennent donc un caractère plus contraignant qu’autre chose. Certaines cartes de l’Œil ou du Primordial pourraient vous surprendre mais risquent, à terme, de vous encombrer plus qu’autre chose. On se retrouve alors à sauter une bonne partie des récompenses de fin de combat (hors argent et Curio).
Pour contrebalancer ce risque, le studio a mis en place le système de « Rancune » qui vous propose des récompenses pour chaque série de créatures des 6 aspects que vous aurez éliminées (un Curio, de l’argent ou une nouvelle carte). Cette récompense reste plutôt mince et rare, sachant que vous ne pourrez choisir chacune des trois récompenses qu’une seule fois, celle-ci étant retirée des options disponibles par la suite.
Même remarque au niveau des Curio, ces petits objets proposant un effet passif que l’on peut accumuler par dizaines et dont certains étaient déterminants dans les run de Slay The Spire. Dans Hunt The Pale Gods, leur présence reste plus anecdotique, très certainement pour rester en accord avec la diversité proposée par les synergies inter-aspects : impossible de conférer un effet surpuissant à un Curio voué à renforcer les cartes Primordiales, qui vous serait donc inutile dans votre deck Abyssal.
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Dagon mais en pâle
Mais alors cette complexité additionnelle dans la mécanique de deckbuilding ne pèse-t-elle pas sur le jeu ? Les risques de brick – le fait de piocher une main inutilisable ou ne présentant aucune des cartes qui pourraient vous aider dans la situation actuelle – ne sont-ils pas plus importants ?
Eh bien à notre sens pas tant que ça. Car Hunt The Pale Gods possède un dernier atout dans sa manche : son système de combat basé d’une part sur une utilisation intelligente de vos cartes et d’autre part sur les mouvements tactiques de votre personnage sur un échiquier de combat.
C’est ici que les termes nébuleux utilisés jusqu’alors tels que les monolithes ou les ombres, prennent tout leur sens car Hunt The Pale Gods inclut toute une dimension tactique tenant compte du terrain et de ses potentiels effets sur le combat – typiquement, heurter un monolithe invoqué par votre adversaire vous infligera des dégâts.
Votre chasseur n’affrontera qu’un seul ennemi par combat, ce dernier disposant de son propre deck de cartes. A chaque tour, la portée de l’attaque et le mouvement de votre adversaire sont affichés, vous permettant d’anticiper vos actions afin de prendre le moins de dégats possibles, tout en rendant coup pour coup. Une bonne partie des cartes des chasseurs demandent toutefois l’utilisation de points d’actions, pour se déplacer comme pour attaquer, obligeant le joueur à une réflexion particulièrement pointue lors, notamment, des affrontements contre des boss ou des monstres d’élites.
Sans ce twist, Hunt The Pale Gods aurait pu sombrer dans les abîmes de l’oubli. Sa direction artistique et son coté tactique lui offrent toutefois un petit plus pas encore suffisamment exploré dans l’univers du deckbuilding à étage.
Sorti le 6 mars 2025 sur Steam, Hunt The Pale Gods a d’ores et déjà fait l’objet de deux mises à jour majeures incluant un nouveau mode de jeu (Boss Rush) et l’ajout de l’aspect Boreal (Cartes, Monstres, Boss et Curios).