Pour replacer l’histoire, Borderlands est à l’origine un looter shooter en cell shading qui se déroule dans un univers de science-fiction déjanté, ultra violent, dans lequel les sociétés d’armement constituent plus ou moins le seul élément un tant soit peu organisé.
Le premier Tales from the Borderlands était un spin off narratif extrêmement drôle, avec des personnages attachants et constitue l’un des meilleurs jeux du studio Telltale Games. Ce studio était réputé pour ces aventures narratives, héritier des Point & Click à la LucasArts. Les jeux vous imposaient des choix cornéliens en temps limités qui poussaient à des décisions instinctives riches d’enseignement.
Telltale avait fini par s’éparpiller, s’enfermer dans l’usage d’un moteur vieillot et inadapté qui faisait perdre du temps aux équipes, la formule a fini par s’user, les joueurs ont fini par comprendre que leurs choix étaient illusoires quant au déroulé de l’histoire et le studio a fini par faire faillite.
New tales from the Borderlands est la suite spirituelle de ce Tales from the Borderlands sorti en 2014 et la suite directe de Borderlands 3. Le premier « Tales » avait été développé par Telltale en coopération avec Gearbox. New tales from the Borderlands est développé directement par Gearbox studio Quebec.
Et autant le dire tout de suite, ce n’est plus tout à fait pareil.
Un cap technique est passé
New tales from the Borderlands est soigné dans sa réalisation. On conserve le cell shadding et des textures relativement simples, mais les effets de lumières sont très travaillés, le budget géométrie est très correct et la direction artistique est harmonieuse.
Les musiques sont très bonnes, les voix convaincantes et les rôles bien castés (en français en plus).
Les animations sont beaucoup plus discutables, mais restent bien au-dessus des productions Telltale habituelles. Les gestes sont fortement exagérés et il y a quelques bugs, mais ça ne devrait pas gêner grand monde.
Les occasions manquées
On ne reprend pas les personnages de l’ancien opus, même si vous aurez droit à des caméos. Pas besoin d’être coutumier des précédents opus pour se plonger dans le jeu. Il peut constituer une porte d’entrée à l’univers de Borderlands. Nous suivons ici trois personnages :
- Anu, une scientifique coincée et pacifique qui bosse pour Atlas, un des fabricants d’armes susnommés ;
- Octavio, un startupper influenceur raté, frère d’Anu ;
- Fran, une gérante de boutique de glace lubrique et colérique, amie d’Octavio.
Quelques personnages secondaires donnent un peu plus de vie à ce récit intimiste, notamment LOU13, un robot assassin méprisant les êtres organiques et dont le ressort comique consiste en un premier degré poussé à l’extrême (très inspiré d’un certain robot de KOTOR donc). Bien que resserrée, la galerie de personnages est intéressante.
L’histoire consiste en une OPA (très) hostile de Tediore sur Atlas, deux fabricants d’armes, ce qui se traduit par un débarquement armé sur le siège d’Atlas et une invasion de Prométhée, la planète autour laquelle le siège d’Atlas orbite. Vous allez devoir sauver le monde avec les trois bras cassés susnommés.
Si le fil conducteur n’est pas mauvais, l’aventure perd en rythme. Les environnements manquent de variétés, et les deux derniers chapitres, en s’essayant à l’émotion avec plus ou moins de succès, sont lents et dilatent le temps en laissant un goût un peu amer.
Anu de jouer ?
Fort heureusement, New tales from the Borderlands ne reprend pas l’humour scatologique de Borderlands 3. Il ne reprend pas non plus le côté délirant, caustique et incisif du premier Tales from the Borderlands. Ici, l’humour est gentillet, mais fait rarement mouche.
Gearbox ne maintient pas non plus cette illusion de choix que parvenait à créer les jeux Telltales. On se sent extrêmement passif tout au long de ce récit. Les choix ne semblent avoir aucun impact, on ne comprend que rarement à quoi ils vont aboutir en les lisant et on finit par choisir aléatoirement une solution en se disant que de toute façon ça ne changera rien.
En fait si, ça change une chose. Plus le niveau d’amitié entre les personnages est élevé, plus vous avez de chances d’avoir la meilleure fin (pensez Mission Suicide de Mass effect 2). Mais comme on ne comprend pas très bien comment fonctionne le système pour faire progresser les liens, c’est une victoire bien aléatoire.
Pour vous rappeler que vous avez une manette entre les mains, vous aurez droit à quelques QTE sans aucun challenge et portant rarement à conséquence si vous les loupez parce que vous avez lâché votre manette.
Il y a aussi des mini-jeux dont voici la soluce en exclusivité : « marteler le bouton A et si une flèche apparaît à l’écran de temps en temps, bouger le stick dans la direction de ladite flèche ». On est vraiment au niveau 0 du game design.
Conclusion
New tales from the Borderlands est soigné dans sa réalisation, mais manque d’ambition et s’avère beaucoup trop sage. Il nous offre une galerie de personnages attachants, mais échoue sur des points critiques qui faisaient le succès des jeux Telltale et ne semble pas même avoir la moindre velléité ludique. Il se contente de n’être qu’une histoire dont vous n’êtes pas le héros, mais le spectateur frustré.
En solde si vous êtes fan de l’univers ça se tente, mais le tout est trop moyen pour être franchement recommandé. Surtout au vu des sorties qui s’enchaînent en ce moment.