Alors que le premier Super Meat Boy, sorti il y a de cela une décennie, aura connu un succès retentissant, partageant même (de manière volontaire) ses initiales avec celui d’un certain plombier moustachu, et après avoir fait rager plus d’un joueur en raison d’une difficulté légendaire, le voilà qui revient dans une suite qui tranche (c’est le cas de le dire) assez radicalement du premier opus. Explications.
Alors que je suis plutôt du genre à préférer les jeux qui ne (se) prennent pas la tête et qui permettent de passer un moment reposant, j’avais pourtant étrangement adhéré à la formule bête et méchante mais ô combien jouissive du Die and Retry que proposait le premier Super Meat Boy. Un gameplay affuté, une difficulté colossale, des niveaux à la pelle et des défis en pagaille, le premier opus était une orgie de plaisir forcément mêlée à une grosse part de délicieuse frustration…
Quelle ne fût pas ma surprise lorsque j’ai découvert lors de ma première partie que désormais, Super Meat Boy Forever est un endless runner… Comprenez par-là que notre héros sanglant coure désormais automatiquement et qu’il est désormais impossible de gérer sa vitesse et ses déplacements à l’envie. Passé le choc de la découverte, pourquoi pas. Deuxième changement, et non des moindres, les niveaux sont générés de manière procédurale. Comprenez par-là que les développeurs ont créé 7200 « passages » qui seront donc redispatchés dans les niveaux de manière aléatoire. On comprend donc mieux le Forever dans le titre puisque cela promet une rejouabilité à toute épreuve. Même si pour être honnête, le premier jeu n’était pas en reste de ce côté-là non plus, faire le meilleur temps possible étant l’un des points phares de l’intérêt du titre original. Encore une fois, laissons-nous surprendre…
Seulement voilà, au bout de quelques niveaux, on se rend rapidement compte que si le jeu n’est pas mauvais, il va décevoir grandement les fans de la première heure. Ici, du fait que notre héros coure automatiquement, cela ne laisse quasiment plus de place à l’improvisation, et donc impossible de sauter en continu sur la surface d’un seul et même mur par exemple… Si certaines actions ne sont donc plus possibles, de nouvelles font leur apparition, comme les coups de pieds en l’air (pouvant aller jusqu’à 3 d’affilée s’il y assez d’ennemis en route), les coups de pieds au sol lorsque l’on appuie sur la touche du bas, touche qui permettra également de plonger au sol lorsque nous serons dans les airs. L’autre déception provient également de la seconde nouveauté, à savoir que certains obstacles seront plutôt fluides à parcourir et d’un coup, un passage ultra compliqué va se trouver sur notre chemin et donc « casser » notre flow sur la run. Même si les checkpoints sont toujours placés avant chaque zone, cela nuit au rythme de la course, et s’avère plutôt frustrant dans le mauvais sens du terme, la montée en difficulté du jeu n’étant donc pas forcément exponentielle en fonction des tronçons de niveaux.
Finalement, seul l’univers graphique du jeu ainsi que son humour ne changent pas trop de ce qui nous aura été proposé il y a de cela plus de dix ans maintenant. Super Meat Boy Forever est loin d’être un mauvais jeu, il fait même d’ailleurs plutôt bien le job dans sa catégorie des endless runner, en proposant toujours une difficulté relevée et ses mondes alternatifs toujours aussi impitoyables. Pour autant, les fans du premier opus seront forcément déçus et passeront peut-être plus rapidement à autre chose… Vous voilà prévenus.