Sorti originellement en décembre 2019, Vampire : The Masquerade – Coteries of New York a bénéficié ensuite d’une extension sortie quelques mois plus tard sous forme de standalone, Vampire : The Masquerade – Shadow of New York. C’est en forme de bundle regroupant les deux titres que nous retrouvons ces deux titres dans une réédition sortie en septembre de cette année, que j’ai pu tester dans sa version Nintendo Switch.
Pour ceux ne connaissant pas la série Vampire La Mascarade (dans la langue de Molière), elle est tirée du jeu de rôle papier originel crée par Mark Rein·Hagen et publié par White Wolf Publishing pour lequel quelques adaptations vidéoludiques ont été développées depuis le début des années 2000. L’univers travaillé avec un background énorme, a permis de sortir des jeux narrativement très détaillés, et qui ont connu un certain succès pour les fans de la licence, et de tout ce qui touche autour des mythes vampiriques.
The New York Bundle a été développé dans cette optique, en choisissant d’utiliser le Visual Novel pour forcément mettre en valeur l’histoire au détriment du gameplay qui est forcément quasi inexistant, genre oblige. N’étant pas fan de ce genre de jeu au premier abord, le choix de pouvoir incarner à nouveau un vampire dans l’univers de la Mascarade m’intriguait néanmoins suffisamment pour me tenter sur ce titre, mon dernier en date étant VTM : Swansong sorti l’an dernier et en attendant l’arrivée en 2024 (je l’espère fortement !!!) de Bloodlines 2 tant attendu par les amateurs de la licence.
Les deux titres vont donc pouvoir vous transporter dans un New York très contemporain (les références à Youtube, Netflix, Elon Musk & consorts sont légion dans les deux titres), au sein des clans de vampire installés dans la ville qui ne dort jamais. Vous commencerez dans les deux opus par le même point de départ, votre paisible et tranquille vie vient de se transformer en un cauchemar éveillé, tout juste transformé en vampire.
Coteries of New York est le plus consistant des deux titres, avec une plus grande « interactivité » au niveau de vos choix de dialogues et décisions. Vous commencez d’ailleurs la partie, en ayant le choix entre 3 personnages, correspondant chacun aux traits caractéristiques d’un des nombreux clans de vampires existant.
Cela influencera quelques lignes de dialogues dans le jeu, même si le jeu ne comporte qu’une fin principale, avec quelques différences infimes selon les chemins que vous emprunterez. Vous pourrez également finir avec une mort ultime avec un mauvais choix de dialogue, mais cela arrive très peu dans l’histoire. Votre soif de sang sera bien prise en compte, et vous pourrez à de nombreuses reprises vous nourrir d’âmes innocentes pour éviter de vous transformer en bête. Attention cependant à ne pas vous faire remarquer, la Mascarade restant le code d’honneur prédominant, les humains ne doivent pas connaître l’existence des vampires. Renier votre vrai nature et ne pas vous nourrir aura quelques conséquences également, en plus du risque de vous transformer en bête incontrôlable, sera d’avoir certaines lignes de dialogues indisponibles. Il restera important de se nourrir également pour pouvoir utiliser vos pouvoirs surnaturels vampiriques, qui pourront vous sortir de situations périlleuses dans certains cas.
L’histoire de Coteries of New York, se concentra sur votre personnage, sauvé in extremis de la mort par Sophie, une vampire du clan Toréador, membre de la Camarilla, que l’on peut considérer comme la tête du gouvernement des vampires, prenant les décisions globales et veillant à faire respecter la Mascarade. Vous devrez au fil de l’histoire, rencontrer divers personnages pour former votre propre coterie, et résoudre en parallèle l’intrigue principale en suivant « aveuglément » les indications et ordres de Sophie. Vos déplacements seront symbolisés par une carte de New York, sur laquelle vous choisirez votre prochaine étape, sachant que certaines étapes vous amèneront vers des « quêtes » annexes non obligatoire pour terminer le jeu.
Shadow of New York est lui moins généreux sur les propositions et interactions. Vous n’aurez déjà pas le choix du personnage à incarner. Se déroulant après Coteries of New York, l’histoire se centrera donc sur Julia, un journaliste au caractère trempé, qui en plus de perdre son job, deviendra également un vampire sans crier gare dans la même journée. Elle devra pour sa part enquêter sur un meurtre d’un des membres les plus respectés de la Camarilla, et déjouer un des complots les plus importants de ces dernières années, dans le monde des vampires. Ici pas ou peu de prise en compte de votre sang, les lignes de dialogues ne seront jamais bloqués par manque de sang, et vous ne risquerez pas de devenir une bête. Seuls quelques traits de caractère seront ajoutés en cours de jeu selon vos réponses, influençant j’imagine parfois certains dialogues. On sent que le titre est plus un DLC devenu un standalone, plus qu’un véritable titre aussi consistant que son prédécesseur. Reste une histoire solide et prenante qui ne déçoit pas.
Le point fort des deux titres, est de respecter la franchise avec des histoires bien en place dans l’univers de VTM. Aucun doute ici, on est en plein dans le monde crée par Mark Rein·Hagen et on retrouve bien nos marques, avec tous les complots, manipulations, et autres magouilles entre clans de vampires. Chacun des clans sont représentés par des personnages hauts en couleur que l’on rencontrera tout au long du jeu, avec chacun ayant les caractéristiques bien spécifiques à chacun. Sans tous les citer, on reconnaît bien la, les Nosferatus complètement dévisagés usant de subterfuges, les schizophrènes Malkaviens ou les rebelles et brutes Brujah. Bien entendu, les profanes du jeu de rôle auront le plaisir de voir que les développeurs ont pensé à eux, en ajoutant un dictionnaire s’abreuvant des nombreux termes spécifiques à l’univers au fur et à mesure de leur utilisation dans les dialogues, ce qui permet d’en apprendre plus et de surtout pas être perdu par des termes inhabituels. On appréciera aussi le ton adulte relativement adulte choisi par les narrateurs, avec quelques dialogues qui vous arracheront un sourire en coin, quand d’autres vous glaceront le sang. Quelques références à la pop culture agrémentent aussi la partie, sans jamais dénaturer l’esprit de VTM.
Niveau gameplay, je l’ai dit au-dessus, on n’attend pas grand-chose d’un Visual Novel, et on ne sera pas surpris ici encore. À part quelques visites dans le dictionnaire, ou les précédents dialogues pour se remémorer les derniers échanges, on se contentera de passer le jeu à lire et passer au paragraphe suivant en appuyant sur un seul et même bouton. Petit bémol d’ailleurs, le bouton pour passer à la suite, étant le même que pour valider un choix de dialogue, il n’est pas rare, de choisir sans faire attention le premier de la liste sans même s’en rendre compte (et parfois sans voir ce que vous aviez choisi) et de râler à chaque fois que ça arrive bien sûr, car pas possible de revenir en arrière sauf en rechargeant une sauvegarde si vous en avez fait une récemment… De la même manière, la zone de dialogue à gauche de l’écran nécessite parfois de descendre pour voir l’intégralité d’une conversation avec le stick gauche, et si l’on n’y fait pas attention, on passera également la partie de texte invisible en appuyant un peu trop vite sur le bouton. Cela impose donc une rigueur et une concentration qui casse la fluidité de lecture. On aurait aimé que le bouton permette de descendre dans le texte, et une seconde validation lorsqu’un choix multiple est proposé lors d’un dialogue.
La traduction française est de qualité, j’ai d’ailleurs entamé Shadow of New York en anglais pour comparer et les deux se valent parfaitement sans perdre le sens et la cohérence et le caractère des personnages. J’ai rencontré quelques rares fautes de frappe également, mais personne n’est parfait (mon correcteur automatique se marre bien dans mon dos).
La musique et l’ambiance sonore du jeu sont relativement discrètes, les dialogues ne sont pas parlés donc on reste sur un background sonore qui ne sera pas marquant. Visual Novel oblige les « graphismes » sont également léger, et il ne faudra compter que sur les quelques visuels de personnages pour s’immerger dans l’univers sur des fonds assez peu vivants, mais bénéficiant de quelques animations. Reste que les illustrations sont cohérentes avec la thématique du jeu ce qui est un bon point.
Vampire : The Masquerade – The New York Bundle vous propose donc deux titres sur l’univers de VTM avec deux histoires qui tiennent la route et qui vous plonge littéralement au sein de ce monde de la nuit et le fait avec brio. On s’imagine très bien à la place de nos protagonistes, découvrant la vie de vampire et tous ces à-côtés positifs comme négatifs. Pour les fans de VTM et des vampires en général, il va sans dire que les jeux vous conviendront, de la même manière que si vous parcouriez un livre dont vous êtes le héros. Le format Visual Novel sied bien à la série, et la Switch en mode portable est d’ailleurs probablement la meilleure plateforme pour profiter du titre lové dans son lit ou son canapé.