Récemment, Iello a eu une idée folle, inviter le rétrogaming dans le monde des jeux de société. 8Bit Box, c’est donc un jeu (ou plutôt trois) avec une console, des manettes mais aucun écran. Vous suivez ? Non ? Ce n’est pas grave, nous vous expliquons tout ça…
Dans l’univers du jeu-vidéo, le rétrogaming est à la mode. Nous vous en avons déjà parlé ici même sur Conso-Mag et les (nombreuses) rééditions de jeux jadis cultes n’ont pas manqué d’étayer nos propos. De façon surprenante (mais pourtant compréhensible), des grands classiques d’alors ont connu un soudain regain d’intérêt et se sont remis à susciter l’engouement dans la communauté des joueurs. Très conscient de ça, et toujours soucieux de soigner les joueurs sur table, Iello n’a pas voulu laisser les amateurs de jeux de société sur le carreau. La première console de jeu de société était née !
8Bit Box, c’est donc une boîte-console qui renferme trois cartouches de jeu et tout le matériel nécessaire pour un petit voyage dans le temps, à l’époque glorieuse des Pac-Man et autre Wipe-Out. Il y a des cubes, des dés mais aussi des manettes individuelles qui permettront aux joueurs de planifier leur déplacement, définir leur trajectoire, doser leur énergie, etc. Mais trêve de bla-bla, découvrons un peu les trois jeux qui se cachent dans le ventre de cette étonnante console.
Pixoid
Pixoid, c’est LE Pac-Man like de la 8Bit Box. Conçu pour 3 à 4 joueurs et accessible dès 6 ans, il se présente sous la forme d’un plateau qui ressemble à s’y méprendre au labyrinthe sur lequel évoluait notre bien-aimé gros citron. D’ailleurs, le principe est rigoureusement le même que dans le jeu-vidéo d’anthologie puisqu’un des joueurs incarnera Pixoid et devra échapper aux vilains bugs qui le pourchassent (et qui seront donc joués par les autres joueurs).
Pour ce faire, chaque joueur va secrètement planifier son mouvement à l’aide de sa manette et tous révéleront leur choix simultanément. L’objectif de Pixoid sera de survivre le plus longtemps possible (idéalement les 12 tours que compte une manche) alors que les bugs ne marqueront de points que s’ils parviennent à le dévorer. Tout le sel du jeu réside dans l’interdiction qu’ont les bugs de communiquer et donc de mettre oralement au point une implacable stratégie. Si vous êtes un bug, il faudra donc compter sur les connexions mentales avec vos coéquipiers et espérer que ceux-ci sont sur la même longueur d’onde que vous. Autant vous le dire, les cris de désespoir de voir un autre bug faire un mouvement à l’exact opposé de celui que vous espériez risquent d’être légion (et c’est tant mieux pour Pixoid).
Très clairement, Pixoid ne manque pas d’atouts. Déjà, il est assez simple pour être réellement joué avec des enfants de six ans mais il n’en est pas moins dynamique et efficace. On apprécie la grande variété de labyrinthes à constituer (quatre plateaux recto-verso à assembler donc de nombreuses possibilités) mais également le système de manches qui glissera chaque joueur une fois dans la peau de Pixoid avant le décompte des points.
Outspeed
Les courses de vaisseaux spatiaux, c’est un peu ce qui a propulsé les jeux-vidéo dans l’ère moderne. C’est donc très logiquement que nous retrouvons un jeu de ce type dans la 8Bit Box et il s’agit de Outspeed, un jeu de course galactique et frénétique.
Dans celui-ci, toujours à l’aide de leur manette et à chaque tour, les joueurs vont devoir opter secrètement pour la trajectoire qu’ils souhaitent emprunter. Chacune de celles-ci se verra assortie de conditions, d’un coût mais aussi de gains potentiels. Ainsi, il sera tentant pour les plus casques-brulés de foncer droit vers la ligne d’arrivée mais ce sera au risque de tomber en panne sèche à quelques encablures du finish et de se voir donc exclus de la course. Une autre stratégie pourrait consister à rester en retrait en accumulant une large réserve de carburant (en vue du rush final) et de solides bonus offensifs (coucou éléctroaimant et lance-flammes) mais attention, à l’instar d’une voiture-balai, si vous êtres trop éloignés du peloton de tête, vous serez vous-aussi purement et simplement éliminés. Vous l’aurez compris, seule une stratégie équilibrée et sournoise subtile vous conduira à la victoire.
Bluff, prise de risques, gestion du carburant, … Outspeed nous a séduits par la profondeur qu’il cache sous son apparente simplicité. Il offre des courses tendues et plus stratégiques (voire plus fourbes) qu’il n’y paraît. A peine le drapeau à damier levé, on se remet généralement sur la ligne de départ. Ça en dit long…
Stadium
Les jeux-vidéo ne seraient probablement pas devenus ce qu’ils sont aujourd’hui sans l’apport (incommensurable) des jeux de sport à la discipline. Stadium, c’est la caution sportive de la 8Bit Box, le jeu qui nous rappelle combien nous pouvions martyriser avec violence l’innocente touche de notre manette dans un 100 mètres endiablé en espérant que cet effort sacrificiel suffirait à nous faire rattraper l’ami qui, à côté de nous, menait la course pour une poignée de centimètres. Vous le sentez, la plaie d’une défaite sur le fil à International Track and Field lors du sombre été de 1996 est toujours béante.
Et justement, à la manière du Track and Field originel, Stadium propose à ses compétiteurs plusieurs disciplines sportives dans lesquelles s’affronter pour espérer glaner une médaille en or. Dans Stadium, il y en a 16 (!) différentes pour dix qui seront jouées lors d’une partie et comme le sport n’est pas une discipline d’individualistes (hum hum…), elles verront s’affronter deux équipes. C’est d’ailleurs ce qui fait en partie l’intérêt du jeu.
De l’escrime au tir à l’arc en passant par l’équitation et même par le contrôle anti-dopage, Stadium comporte des épreuves variées et originales même si le principe de chacune d’elles est souvent assimilé à une mise de départ sur l’énergie que l’on souhaite y investir. Et tout comme le carburant dans Outspeed, l’énergie dont dispose un athlète (aussi dopé entrainé soit-il) n’est pas illimitée. Il faudra donc faire preuve de finesse, d’anticipation et de bonne gestion pour tenter de remporter des épreuves sans laisser trop d’énergie sur le tartan qui ornait jadis les pistes d’athlétisme. Le petit côté savoureux est bien évidemment que plusieurs épreuves interdisent aux coéquipiers de communiquer et on vous laisse donc imaginer le désarroi (voire le désespoir) des membres d’une même équipe quand ils constatent avoir tous misé leur plein potentiel sur une seule épreuve ou au contraire, avoir tous décidé de faire l’impasse en pensant qu’un coéquipier s’en chargerait.
En conclusion
8Bit Box, c’est d’abord un look. Sous ses dehors de console de jeu et avec un matériel aussi déconcertant qu’au style rétro réussi, il (d)étonnera dans votre ludothèque. Mais c’est évidemment bien plus qu’un look car c’est aussi trois jeux pour le prix d’un. C’est d’ailleurs là un des atouts principaux de la 8Bit Box. Là où d’aucuns se seraient contentés de miser sur l’originalité du concept en y incluant des jeux amusants mais sans plus, les créateurs de la 8Bit Box ont eu à coeur de soigner leur produit et nous offrent trois jeux qui n’auraient pas été ridicules s’ils étaient sortis séparément dans le commerce. Là où Pixoid est à la fois fun et accessible, Outspeed se révèle plus tendu (mais pas moins fun) et propose aux joueurs un vrai jeu de bluff et de prise de risques. Quant à lui, Stadium est le plus susceptible de plaire aux joueurs aguerris car il se rapproche plus des jeux de gestion et entraine les joueurs dans des parties un peu plus longues (mais toujours sans perdre le coté fun qui est finalement la véritable carte d’identité de la 8Bit Box). Il ne nous reste plus qu’à attendre les cartouches de jeu supplémentaires qui viendront enrichir encore un peu cette drôle de console de jeu de société.
8Bit Box, un jeu de Franck Crittin et Grégoire Largey, illustré par Djib et édité par Iello.
Nombre de joueurs : 3 à 6
Âge : dès 6 ans pour Pixoid, dès 8 ans pour Outspeed et dès 10 ans pour Stadium
Durée moyenne d’une partie : 15 à 20 minutes pour Pixoid, 30 pour Outspeed et 40 à 45 pour Stadium