Si le nom de Richard Garfield n’évoque pas grand-chose pour certains d’entre vous, sachez qu’il est une référence presqu’iconique dans la communauté des joueurs et plus particulièrement pour les adeptes d’Heroic-Fantasy. Il est en effet l’homme qui se cache derrière le cultissime Magic The Gathering. Aussi, quand le nom de Richard Garfield se retrouve sur une nouvelle boîte de jeu, on y prête forcément un intérêt tout particulier. Et encore plus quand il s’agit d’y capturer des monstres et de les exposer dans une foire…
C’est avec une certaine anxiété que vous observez la cage du Troll des Ténèbres. Il semble particulièrement agité aujourd’hui et il ne faudrait pas qu’il parvienne à se libérer de ses entraves et se mette à terroriser la foule qui est expressément venue pour l’observer. Peut-être est-ce la proximité du Basilic qui est la cause de son agitation ? Et si vous l’installiez à côté des Goules ? Après tout, il s’agit là de créatures issues des Terres Désolées tout comme le Troll lui-même… Vous en êtes là de vos réflexions quand un de vos plus fidèles assistants vous arrache à vos pensées. Il est venu vous prévenir que les éminents membres du Cercle Royal de Monstrologie ont choisi d’avancer leur visite et qu’ils arriveront dans quelques heures à peine. Vous soupirez. La visite tant redoutée aura donc lieu aujourd’hui. Puisse votre cirque de monstres être à la hauteur de leurs espérances…
La plus belle des horribles collections
Dans Carnival of Monsters, chaque joueur incarne un directeur de cirque de monstres dont l’objectif sera de proposer la plus fabuleuse galerie de créatures à l’issue des quatre saisons que compte la partie. Pour ce faire, il faudra explorer les lieux étranges où résident les créatures, les capturer et bien évidemment s’adjoindre les services d’assistants compétents tant pour la chasse que pour garder sous contrôle les monstres les plus dangereux de votre cirque.
Concrètement, Carnival of Monsters fonctionne sur le principe d’un jeu de draft, c’est-à-dire qu’à chaque début de saison, les joueurs vont recevoir huit cartes, en sélectionner une et passer le reste de leur paquet à leur voisin de gauche (ou de droite, c’est selon la saison). Dès la sélection opérée, chaque joueur va choisir s’il joue immédiatement sa carte ou s’il la stocke pour plus tard (ce qui lui coûterait une couronne). Ensuite, il prend le paquet que lui a donné son voisin, choisit une nouvelle carte parmi les sept proposées et ainsi de suite jusqu’à ce que les paquets soient épuisés et que tous les joueurs aient donc joué ou stocké huit cartes.
Sur le principe, le jeu se révèle donc assez simple et pourtant il jouit d’une telle diversité dans ses cartes qu’il recèle en réalité une profondeur insoupçonnée. Déjà, pour pouvoir jouer des monstres, il faut disposer du terrain adéquat et ce sont donc ces cartes-là que les joueurs vont devoir privilégier en début de saison. Ensuite, un directeur de cirque ne serait rien sans ses fidèles assistants et bien que coûteux, un recrutement judicieux pourrait s’avérer un atout non négligeable dans la course à la victoire. Enfin, il ne faudra pas non plus se désintéresser des événements inattendus et toujours bénéfiques ni des objectifs secrets, fidèles pourvoyeurs de points de victoire en fin de partie…
Vous l’aurez compris, Carnival of Monsters est un jeu teinté d’opportunisme et de prise de risque (principalement sur les monstres que l’on choisit de stocker en espérant avoir les cartes adéquates pour les jouer plus tard dans la partie). Si aucun joueur n’est pris de paralysie au moment de sélectionner sa carte, il se révèle assez fluide et revêt un certain aspect tactique puisque l’on sait les cartes que nos adversaires ont eues entre les mains. Pour autant les règles en sont accessibles et le jeu s’explique facilement, ce qui est toujours agréable. Enfin, Carnival of Monsters envoûte évidemment par son thème original et particulièrement bien rendu. Son matériel est de belle qualité et les cartes (qui sont l’essence du jeu) séduisent par leur quantité mais aussi (et surtout) par le soin apporté à leur illustration.
En conclusion, Carnival of Monsters se révèle un jeu de draft très agréable tant par son thème accrocheur que par la diversité de ses cartes, les subtilités connexes à la mécanique principale et les choix difficiles face auxquels il place les joueurs. Une belle (bien que monstrueuse) découverte…Carnival of Monsters, un jeu de Richard Garfield, illustré par D. Lohausen, L. Billiau, M. Hoffmann, M. Menzel, O. Schlemmer, C. Stephan et F. Vohwinkel et édité par Gigamic.
Nombre de joueurs : 2 à 5
Âge : dès 12 ans
Durée moyenne d’une partie : 60 minutes