Développé par Ice Code Games et édité par Good Shepherd Entertainment, Hard West 2 offre une suite, si ce n’est scénaristique, au moins logique à son prédécesseur sorti en 2015. Situé dans un univers à la frontière du western spaghetti et d’un roman de H.P. Lovecraft, Hard West second du nom vous propose d’incarner Gin Carter, un hors la loi charismatique dont l’objectif principal de vie semble de s’en mettre plein les fouilles.
Et pour ce faire, Carter n’a rien trouvé de mieux que de braquer un train lancé à pleine vitesse sur lequel les rumeurs vont bon train (vous l’avez ?). Manque de chance pour notre fine équipe, ledit train s’avère être la propriété de Mammon, un démon ayant customisé sa machine avec quelques âmes récupérées à droite à gauche et visiblement fort intéressé par celle de l’audacieux (mais peu finaud) Carter.
C’est sur une partie de carte, vraisemblablement truquée, que se joue donc le sort de notre héros et de son âme. Ainsi s’engage le périple de Gin Carter et de son posse de cowboys aux pouvoirs étranges et fantastiques, à la poursuite de Mammon et de sa machine infernale pour le salut de leurs âmes.
Tu tires ou tu pointes ?
Hard West 2 vous propose donc d’alterner les phases de déplacements sur la carte de son monde surnaturel, à la tête d’une équipe de personnages jouables, le fameux posse, et les phases de combat tactique. Celles-ci se présentent un peu à la manière d’un X-COM : les membres de votre équipe sont parachutés en un point de la carte et il vous faudra profiter du décor, des capacités de vos personnages, chacune coutant un certain nombre de points d’action, et d’un peu de chance pour venir à bout de vos ennemis.
La Chance justement parlons en car il s’agit d’une statistique à part entière qui s’avère déterminante pour la résolution des combats. Chaque personnage dispose en effet d’une jauge de chance qui se remplit et se vide au fur et à mesure des attaques. Un tir raté ou un personnage blessé fera monter sa jauge de chance que vous pourrez ensuite réinjecter dans une attaque pour augmenter sa précision et donc la probabilité de toucher vos adversaires. Simple mais il fallait y penser ! Le coté RNG des affrontements en est ainsi significativement réduit. D’autant que de nombreux affrontements et situations vous demanderont de faire ricocher vos balles sur le morceau de tôle le plus proche pour atteindre vos cibles. Une tactique qui ne manque pas de classe mais dont la précision se retrouve significativement réduite, d’où l’importance de garder un œil sur sa jauge de Chance.
Autre nouveauté permettant de pimenter les combats, le système de Bravade. Tuer un ennemi activera instantanément un moment de Bravade pour le personnage à l’origine du kill. Ce dernier verra alors l’ensemble de ses points d’action restaurés, lui octroyant de fait un nouveau tour et donc l’opportunité de s’attaquer à une nouvelle cible, pour peut-être bénéficier d’un autre moment de Bravade et ainsi de suite. Si le principe peut paraître presque anodin, il ouvre en réalité une toute nouvelle dimension tactique aux affrontements et transforme certains des personnages jouables en véritables machines à tuer (mention toute particulière à l’indien Laughing Dear, le maitre du casse-tête).
On regrettera toutefois la simplicité des affrontements à cheval notamment, qui vivent mal la comparaison avec leur contrepartie piétonne. Privés de l’utilisation d’objets et de la complexité stratégique inhérente à un level design incluant des bâtiments à étages, on se retrouve finalement à échanger bêtement des tirs jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Un indien dans le train
Le casting de personnages de Hard West 2, s’égaie de quelques personnages assez mémorables. Outre l’inénarrable (mais relativement oubliable) Gin Carter, vous aurez ainsi la possibilité de jouer une ancienne bonne sœur reconvertie en sorcière, un vieux cowboy zombie ronchon ou encore une Cheyenne éduquée aux arts shamaniques passée maîtresse dans l’utilisation de fusils snipers.
Si ce groupe plutôt original offre ainsi tout loisir de penser aux quatre personnages à embarquer dans votre prochain combat, le système de relations que Carter entretien avec son posse reste quant à lui relativement sommaire. En effet, il vous sera offert la possibilité tout au long de l’aventure de privilégier certains choix de dialogues pour soutenir tel ou tel membre du posse et ainsi améliorer votre relation avec ce dernier, pour débloquer de nouvelles compétences par exemple.
Ces choix n’offrent en réalité presque aucun intérêt scénaristique. Privilégier un personnage au détriment d’un autre n’affectera pas spécifiquement votre relation avec le personnage bafoué, comme pourrait choisir de le faire un Dragon Age par exemple, et ce n’est donc réellement qu’une question de choisir les compétences qui vous séduisent le plus. On aurait apprécié un impact scénaristique plus important, permettant de faire passer certains personnages au premier plan de votre aventure.
En parlant de compétences justement, Hard West 2 ne propose pas ici de point d’expérience à attribuer ou de niveau à grinder pour rouler sur les maps. Chaque personnage peut être équipé de deux armes (à feu ou de poing) et de trois consommables, allant du simple bandage au redoutable bâton de dynamite. Quant aux compétences, vous pourrez trouver tout au long de l’aventure des cartes de poker disposant d’effets spécifiques comme une augmentation de points de vie, de points de mouvement ou une extension de la jauge de Chance. L’association de ces cartes en une des différentes combinaisons retrouvées dans une partie de poker – la paire, le brelan, le full etc – permet de débloquer les compétences de vos personnages et de les rendre ainsi significativement plus forts.
Altérable à l’envie pour privilégier tel ou tel personnage en fonction de la situation, ce choix original confère ainsi une vraie liberté dans la constitution de votre équipe de bataille.
S’il offre donc une expérience de lore et de jeu intéressante, Hard West 2 se heurte parfois aux inévitables difficultés rencontrées par son format tactique. Le contrôle de la caméra reste compliqué malgré les efforts réalisés pour rendre les bâtiments transparents et les personnages visibles en toute circonstance.
On appréciera également moyennement les apparitions d’ennemis au fur et à mesure et lors du franchissement de certains points d’étapes lors des combats. Un point qui sera peut être corrigé dans un patch ultérieur mais qui peut s’avérer particulièrement irritant lorsqu’on se retrouve à devoir « sacrifier » la santé d’un de nos personnages pour révéler les ennemis restant sur la carte.
Hard West 2 reste cependant un excellent tactical, au gameplay classique mais soutenu par un univers mystique évocateur et palpitant. Si les fans du précédent opus ne retrouveront pas nécessairement d’innovation pouvant les faire bondir de leur chaise, les néophytes prendront certainement plaisir à s’initier au genre avec cet opus.