Il existe quelques créations ovniesques qu’il est presqu’impossible de catégoriser. Baïam, une hybridation que l’on doit à l’association entre Blue Orange et les éditions Makaka en est un excellent exemple. Jeu ? BD ? Livre dont vous êtes le héros ? Baïam est un peu tout ça à la fois. Est-ce que cela lui ôte de l’intérêt ? Non, c’est même plutôt le contraire !
Blue Orange, on connaît. C’est évidemment le célèbre éditeur de jeux auquel nous devons quelques-uns des plus gros succès de ces dernières années (coucou Queen et Kingdomino). Makaka, on connaît un peu moins et c’est un tort qu’il est largement temps de réparer. Les éditions Makaka se sont lancées avec succès en 2007 sur le marché pourtant très concurrentiel de la bande dessinée. Elles y ont notamment gagné leur place grâce au concept de BD dont vous êtes le héros qui reprend (vous auriez pu le deviner) le principe des livres dont vous êtes le héros mais en version neuvième art.
Voilà pour les protagonistes. A priori, ils évoluent dans des domaines différents (sans être très éloignés pour autant). Alors, quand ils décident de s’associer pour proposer une expérience ludique, on a le sourcil de la perplexité qui se lève. Mais on est aussi extrêmement intrigué car Baïam, c’est un peu du quitte ou double. Soit ça marche très bien, soit ça retombe comme un soufflé raté. Spoiler alert, ça marche plutôt très bien !
Quatre bandes dessinées et une carte au trésor
Baïam est donc un jeu d’aventure coopératif où quatre apprentis pirates vont remplacer au pied levé leur père grippé dans une chasse au trésor pour le compte du terrible Raloo Pali. Chacun des joueurs choisit le pirate qu’il va incarner et se munit de la bande dessinée qui lui est spécifique. La carte au trésor est placée au centre de la table. L’aventure peut débuter.
Comme dans les classiques du genre, les joueurs vont être trimbalés d’une case à l’autre en fonction des choix qu’ils effectueront au cours de leur quête. Choisir un chemin, ouvrir ou non un coffre, fuir ou assommer un hôte peu accueillant, … voilà autant de choix qui impacteront la suite de votre aventure. Jusque-là, rien de très novateur et la mécanique est connue. Néanmoins, on devine la question qui vous brûle les lèvres : comment est-ce jouable à plusieurs ? C’est justement le tour de force que réussit Baïam. Chacun des quatre pirates dispose d’une capacité spéciale. Neta est aussi agile que Kyk est fort, Sara a le don de parler aux animaux et aucune énigme ne résiste aux capacités de déduction de Grobeille. L’histoire de Baïam est la même pour tout le monde mais certaines cases de votre BD varieront en fonction du personnage que vous avez choisi d’incarner. D’apparence, les cases de chaque livre pourraient sembler identiques mais un numéro ne se cacherait-il pas dans une chaine pendue au plafond pour un pirate agile qui saurait l’attraper. De même, celui qui est fort comme Hercule ne pourrait-il pas soulever telle pierre ou pousser telle caisse ? Autant de petites différences qui pourraient justement faire la différence !
Vous l’aurez compris, dans Baïam, la communication entre joueurs va s’avérer essentielle. Sans le savoir un des membres de l’équipe pourrait en effet disposer d’un indice qui demeure invisible aux yeux des autres. Cette mécanique crée une dynamique très agréable autour de la table et, à l’image d’un jeu de rôle, encourage l’équipe à discuter de l’opportunité des différents choix. En ce sens, Baïam dépasse de loin le simple jeu d’observation où l’unique but serait de détecter les chiffres camouflés dans la case proposée. Ici, ce n’est pas parce qu’une option est possible qu’elle est d’office la voie à suivre. Avis aux têtes brûlées !
Quatre pirates valent mieux que deux
Très clairement, Baïam gagne à être joué à son maximum de joueurs. De cette façon, aucune voie ne restera fermée à nos pirates et les discussions sur les choix à opérer n’en seront que plus larges et plus riches. Bien évidemment, l’expérience est possible à moins de quatre (et peut même se tenter en solo) mais elle perdra un peu en saveur. L’expérience, justement. Elle est, contre toute attente dans ce type de jeu, assez renouvelable. Deux facteurs ont permis à Blue Orange et Makaka de créer un jeu qui ne serait pas à usage unique. Premièrement, ils ont fait le choix d’une course au score plutôt que d’une énigme narrative. Il sera ainsi toujours possible de recommencer la chasse au trésor en espérant gonfler son score final (c’est-à-dire en ramenant un trésor plus conséquent que la fois précédente). On perd un peu en qualité narrative mais on gagne en rejouabilité. C’est un choix que l’on comprend (et que l’on valide). Ensuite, il existe une belle variété d’îles à explorer et de passages secrets à dénicher. De quoi pouvoir y revenir quelques fois avant de l’épuiser totalement.
En conclusion, Makaka et Blue Orange ont réussi le défi pourtant osé et ambitieux de créer un jeu coopératif sur le concept des BD dont vous êtes le héros. Baïam, c’est la garantie d’une expérience ludique assez unique.
Baïam, un jeu dont vous êtes les héros signé par Blue Orange et les Éditions Makaka
Âge : dès qu’on sait lire (on va dire 7 ans)
Nombre de joueurs : 1 à 4
Durée moyenne d’une partie : 45 minutes
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