En prélude à la campagne de financement participatif qui est désormais ouverte (et que nous vous vous encourageons vivement à ne pas manquer), nous avons eu la grande chance de pouvoir tester Animalcatraz via un prototype fourni par l’auteur du jeu. C’est donc avec un enthousiasme non dissimulé que nous avons laissé Alain Matte refermer sur nous les barreaux de sa prison ludico-anthropomorphique.
Alors que vous transitez par le couloir miteux de l’aile nord, une odeur fétide vient chatouiller vos naseaux. C’est celle de la peur, on dirait qu’elle suinte des murs dans cet endroit maudit. Mais elle est aussi mêlée à quelque chose d’autre, quelque chose de plus rance. En vous concentrant quelques secondes, vous percevez les relents d’un vieux jambon que l’on aurait oublié trop longtemps au soleil. C’est sûr, Cold Cuts le cochon cannibale est passé par ici. Et comme le maton qui est censé surveiller la cour laisse couler son regard libidineux sur un magazine douteux, le doute n’est plus permis : il y a de la corruption dans l’air. Si le porc a acheté le silence du gardien, c’est qu’il prépare un mauvais coup. Et aussi que sa cellule est vide. En vous frottant les sabots, vous décidez de changer vos plans. Les combines de Jerry l’ivrogne attendront bien quelques minutes. D’abord, vous irez fouiller la cellule de Cold Cuts. Cet idiot a peut-être laissé son plan d’évasion à portée de vue…
Orange-outang is the new black
Animalcatraz est un jeu qui se présente sous la forme d’un énorme bac à sable carcéral. Les joueurs vont se glisser sous la fourrure ou dans le cuir épais d’animaux tous plus badass les uns que les autres et vont tenter l’impossible dans une prison d’Alcatraz aux allures de ménagerie : s’évader. Le plateau représente donc la prison avec ses quatre ailes contenant des cellules, sa cour intérieure, son infirmerie, sa bibliothèque, son atelier et bien entendu son mitard et ses douches. De quoi constituer un terrain de jeu idéal pour tout qui se rêverait en Michael Scofield du règne animal …
Pour permettre aux joueurs d’arriver à leurs fins, c’est-à-dire s’évader ou, à défaut, devenir le caïd incontesté de la prison, le jeu va ironiquement leur laisser beaucoup de liberté. Il faut comprendre par là qu’à chaque tour, les joueurs auront la possibilité d’effectuer une myriade d’actions différentes et il faudra faire des choix parfois moralement condamnables pour espérer tirer son épingle du jeu (et sa carcasse hors de prison). Parmi celles-ci : jouer aux échecs pour augmenter sa ruse, faire de la muscu pour augmenter sa force, effectuer quelques petits boulots pour glaner des objets de contrebande, corrompre un gardien, tabasser un codétenu, … on en passe et des plus répréhensibles.
La grande évasion
Tout au long de la partie, le jeu va être rythmé par les rondes des gardiens qui tournent sur le plateau comme ils le feraient dans une vraie prison mais aussi par différents événements qui vont survenir et parfois mettre à mal vos plans si soigneusement établis. Vous ne l’aviez peut-être pas prévu mais vu que vous risquez la chaise, vous n’échapperez pas à la visite du curé. Pas plus qu’à la visite médicale ou qu’à la thérapie de groupe (l’importance du repentir, toussa toussa…).
Et donc la vie pèpère – ou plutôt pèrpèt’ – va se poursuivre comme ça au gré de vos actions et si au bout d’un moment personne n’a réussi à s’évader, c’est l’émeute générale, comprenez une grosse baston pour définir le nouveau roi de la savane zonzon.
Pourquoi il faut se jeter sur le kickstarter comme sur l’opportunité d’une remise de peine ?
Eh bien pour plein de raisons ! Tout d’abord, parlons du matériel. Bien sûr, nous n’avons eu entre les mains qu’une version prototypale du jeu mais le matos de celle-ci était aussi pléthorique que qualitatif. On sent d’emblée que l’auteur a à cœur de proposer un produit très soigné et cela est évidemment engageant pour les personnes qui auraient l’excellente idée de soutenir le projet. Il en va de même pour les illustrations qui sont parfaitement ancrées dans le thème du jeu et que nous avons personnellement beaucoup appréciées.
Ensuite, parlons de la richesse du jeu et de son caractère immersif. Animalcatraz fourmille de détails, de références et de petites mécaniques qui contribuent à en faire un jeu unique mais surtout très respectueux de sa thématique. Bien sûr, l’univers est ce qu’il est et il est tellement assumé qu’il sera à réserver à un public averti mais nous, il nous a conquis. Quelques exemples : le « jeton » premier joueur est une brosse à dents taillée en surin et le distributeur de cartes, eh bien, c’est une chaise électrique (oui, rien de moins)…
Et dans le jeu, tout est à l’avenant. Si on décide de corrompre un gardien, ce sera à grands renforts d’alcool de contrebande, de donuts, de magazines coquins et même de culottes usagées. Si on piège sa cellule pour protéger ses maigres possessions des doigts avides de ses codétenus, ce sera avec un dispositif destiné à crever les yeux du voleur voire à lui verser de l’acide sur la tête. Et tout ça sans même parler de la Primal, la drogue qui circule dans les couloirs et qui pourrait bien transformer votre détenu en une bête (encore plus) féroce ! On vous aura prévenus, le jeu est aussi jubilatoire qu’à ne pas mettre entre toutes les mains…
Malgré tout ça, vous en voulez encore plus ? Ça tombe bien car pour le plus grand bonheur des futurs taulards animaliers, l’auteur du jeu a aussi pensé à ajouter quelques modules destinés à apporter de la variété dans vos parties (coucou les bitch coins) mais l’a aussi doté d’un volet évolutif avec des enveloppes à ouvrir qui ajouteront des éléments toujours plus brutalement carcéraux à votre jeu de base !
Enfin, pour finir ce tour d’horizon(zon), notons que comme c’est le cas pour la majorité des projets Kickstarter, Animalcatraz est proposé en deux versions. La version classique (baptisée Breakout) contient des standees en carton pour vos détenus et ne comprend pas le volet legacy. En revanche, la version Kingpin (comprenez la version de luxe) propose quant à elle 16 figurines de détenus (chacun dans sa version classique et dans sa version Primal) ainsi que les 15 enveloppes débordant de contenus supplémentaires à découvrir. Inutile de vous dire vers laquelle des deux versions notre cœur d’erreur judiciaire balance…
Mais bon, trêve de plaisanteries coups de surin en pleine émeute, refermons ici les portes du pénitencier pour mieux vous laisser découvrir la page de la campagne Kickstarter…
Animalcatraz, un jeu conçu et illustré par Alain Matte et prochainement édité par Zeronimo Games.
Nombre de joueurs : 2 à 8
Âge : dès 14 ans
Durée moyenne d’une partie : 1 à 2 heures
Découvrir la campagne Kickstarter d’Animalcatraz