Second né du jeune studio Octeto Studios et édité par les vétérans de PQube, Sky Oceans : Wings for Hire est disponible depuis quelques semaines sur toutes les plateformes. Héritier spirituel du JRPG Skies of Arcadia, Sky Oceans apporte à la table son lot d’idées novatrices et vous propose d’incarner un équipage de pirates des airs au sein d’une aventure narrative épique, prenant place dans un univers rappelant de très près les iles volantes d’Arcadia.
Un atterrissage pour le moins chaotique, essentiellement dû à l’aspect technique inachevé du titre mais qui ne lui enlève pas les quelques bonnes idées qui décorent son fuselage. Vous incarnez Glenn Marchevent, héritier d’une longue lignée d’explorateurs dont l’histoire familiale est parsemée d’accidents et de disparitions tragiques dans les nuages au service d’une noble cause : l’exploration des terres (ou plutôt des airs) les plus lointains.
Dernière tragédie en date, la disparition dans son enfance de son père au cours d’un mystérieux accident ayant vu se volatiliser la quasi intégralité de l’équipe du paternel, excepté la mère du jeune Glenn, recueillie dans un mutisme étrange. Il n’en fallait évidemment pas plus au jeune homme pour décider de marcher dans les traces de ses ancêtres et se lancer dans une carrière de pilote. Mais ses rêves de grandeur pourraient se retrouver rapidement brisés par l’intervention pour le moins explosive de l’Alliance, un empire militaire à la pointe de la technologie aérienne visiblement bien décidé à capturer la mère du jeune homme et à s’emparer du mystérieux secret qu’elle protège.
La proposition de base de Sky Oceans a de quoi séduire tout amateur de JRPG : l’histoire se déroule au sein d’un immense open world, constitué d’ilots flottants inconnus à explorer et qui s’étend sur plusieurs strates aériennes : un niveau « local », un niveau supérieur et un « sous-sol », mais toujours dans les airs… bref vous avez compris
Bien que très classiques, les phases d’explorations vous proposeront de prendre le contrôle d’un vaisseau pour la partie aérienne et de Glenn pour les phases au sol. Dans les airs, vous aurez le choix d’incarner un des quatre pilotes de votre escouade, chacun disposant d’un pouvoir de zone spécifique permettant de repérer les groupes d’ennemis, de détruire des obstacles, de vous déplacer plus vite ou de repérer les coffres au trésor par exemple. Point noir : la maniabilité détestable des vaisseaux qui vous obligera même une fois le coup de main pris, à faire des cabrioles infernales pour récupérer les objets ou les coffres que vous auriez repérés.
Les phases au sol présentent un aspect beaucoup plus traditionnel avec l’accent mis sur la nécessité d’explorer les moindres recoins de la zone. Contrairement à un RPG plus classique, Sky Oceans n’affiche pas ses donneurs de quêtes annexes, poussant le joueur à parler à tout le monde pour les récupérer.
De ce point de vue, Sky Oceans reste un bon jeu narratif. Les personnages sont soignés dans leur écriture, même s’ils restent relativement classiques dans leurs archétypes, et le jeu tente réellement de nous inclure dans son univers et sa tentative de mise en place d’une intrigue politique.
On passera rapidement sur l’aspect graphique. Les prunelles les plus sensibles hurleront au massacre en voyant le polygone inexpressif servant de tête aux personnages tandis que les amateurs de titres indépendants un peu stylés constateront que l’effort global a évidemment été investi dans les vaisseaux. Si les environnements auraient effectivement mérité plus de travail pour briser la monotonie de certaines explorations, on appréciera vraiment les designs de vos véhicules de combats, les véritables personnages principaux de ce Sky Oceans. Les pilotes et certaines scènes du jeu ont par ailleurs droit à une illustration dans un style rappelant certaines productions Ghibli.
Les combats se déroulent au tour par tour et mettent le paquet sur la thématique de l’affrontement aérien afin de dynamiser le côté quelque peu traditionnel de ce type d’échauffourée. En conséquence, vos personnages ne se défendent pas mais exécutent une esquive aérienne, zigzagant entre les balles de leurs adversaires tandis que le reste de l’escouade mitraille un chasseur isolé. Chaque personnage /vaisseau dispose d’un arbre de compétences, sobrement nommés les Arts, utilisant deux éléments spécifiques (Glace et Foudre pour Glenn par exemple) permettant de jouer sur les faiblesses élémentaires des adversaires et de leur infliger des statuts.
Vos personnages se regénérant intégralement à la fin de chaque combat, le jeu vous invite à ne pas faire preuve de sobriété dans l’utilisation de vos compétences, pouvant mener à une certaine redondance dans les affrontements, tant les Arts infligent plus de dégats que les simples attaques, et ce en dépit des changements fréquents au sein de votre équipe et des différences de niveau parfois hallucinantes entre certaines nouvelles recrues ou personnages temporaires de l’équipe.
Une recette qui aurait pu donc prendre facilement si elle avait eu le temps de mijoter un peu plus… Le potentiel de Sky Oceans est malheureusement gâché par les performances techniques du jeu. Si le gameplay et les idées mises en place par Octeto sont intéressantes et poussent vraiment à s’intéresser au jeu, il devient rapidement clair, et ce dès le prologue, que Sky Oceans aurait mérité de passer plus de temps en développement.
Un certain nombre de bugs sont à déplorer, poussant parfois le jeu à crash en pleine action. Certains menus ne s’affichent tout simplement pas au début d’un tour (adieu la barre d’initiative), le popping incessant en mode exploration pourra en irriter plus d’un et certaines quêtes annexes ne se considèrent tout simplement pas comme complétées et restent donc impossibles à rendre.
Au vu des retours de la communauté ayant déjà testé le jeu, il est évident que le titre aurait clairement mérité que de nombreuses options d’amélioration de la qualité de vie ou d’équilibrages soient implantées : qu’il s’agisse d’une revue du système de combats, où les pouvoirs élémentaires détruisent complètement toute notion de stratégie tant il suffit de les matraquer pour passer ; de la notion de difficulté (un petit saut en mode difficile et voilà que votre escouade se fait one shot par le premier ennemi du jeu post-prologue même en se défendant) ; de la maniabilité parfois dramatique des vaisseaux ou encore de l’utilisation de certains pouvoirs comme le radar à trésors qui continue d’afficher les coffres que vous avez déjà ouvert.
Sky Oceans n’est pas un mauvais jeu, loin de là. Un produit fini aurait réellement le potentiel de séduire une communauté de nostalgiques d’Arcadia, petite mais solide, autour de son univers, de ses personnages, ou de son système. Toutefois, considérer le jeu comme terminé et prêt à la commercialisation sans passer par une case alpha ou bêta relève presque de l’abus de confiance de la part des développeurs.
Si Octeto Studios semble bien décidé à corriger le tir, avec la publication le 18 octobre d’un très gros patch de correctifs, il nous est impossible de recommander le titre à l’achat en l’état : le joueur avertit préfèrera suivre les mises à jour et opter pour une version ultérieure plus stable.